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Politique - Gouvernement

La candidature de Hariri a-t-elle bénéficié d’un feu vert international ?

L’impasse politique au Liban pousserait des acteurs-clés à revoir leurs calculs au sujet d’un retour au Sérail du chef du Futur.

La candidature de Hariri a-t-elle bénéficié d’un feu vert international ?

Le Premier ministre libanais, Saad Hariri (à g.), reçu par le président français, Emmanuel Macron, le 18 novembre 2017, au palais de l’Élysée. Benoît Tessier/Photo d’archives Reuters

C’est dans le cadre de l’initiative française que Saad Hariri s’est présenté hier comme un « candidat naturel » pour former le prochain gouvernement. Il a assuré par la même occasion que l’initiative française n’était pas caduque et pourrait être ressuscitée sous certaines conditions. Après avoir fait planer l’incertitude ces dernières semaines sur sa disposition à briguer ce poste, le chef du courant du Futur a enfin levé le mystère, se déclarant prêt à assumer cette mission. Dans un contexte d’internationalisation de la crise libanaise, ce revirement de M. Hariri n’a vraisemblablement pas pu se faire sans des concertations en amont, et une sorte de feu vert consenti de l’extérieur pour lui permettre de tenter une ultime percée dans un pays qui agonise, affirment certains analystes.

De deux choses l’une : soit que M. Hariri, qui a fait preuve d’une certaine assurance tout au long de son intervention, bénéficie effectivement d’un appui de la part de certains acteurs-clés régionaux et internationaux, à savoir notamment la France, l’Arabie saoudite et les États-Unis, soit il bluffe dans l’espoir de susciter précisément une réaction internationale dans un sens ou dans un autre sur sa candidature. Pour les partisans de la seconde hypothèse, conscient qu’il est devenu une sorte de perle rare – les postulants à ce poste étant quasiment introuvables dans un contexte aussi difficile – et bénéficiant de surcroît du soutien du tandem chiite, qui reste le partenaire le plus difficile à embarquer dans le processus, Saad Hariri jouerait ainsi quitte ou double.

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Une hypothèse que réfute l’ancien député Farès Souhaid, proche de Riyad qui, rappelons-le, reste le principal bailleur de fonds dont le Liban a grandement besoin pour sortir de l’ornière. M. Souhaid assure à L’OLJ que M. Hariri n’aurait pas fait cette apparition télévisée s’il n’avait pas eu l’aval tant de la France que des États-Unis et de l’Arabie saoudite. Selon ses informations, Riyad, qui se montre hostile depuis des mois à un retour au Sérail du chef du Futur dans les mêmes conditions qu’auparavant, aurait accepté de fermer l’œil, à condition toutefois qu’il s’engage à respecter les principes d’ailleurs énoncés durant son intervention, jeudi soir, à savoir que le Hezbollah ne figurera ni directement ni indirectement au sein de ce gouvernement que Saad Hariri s’est engagé à former avec des spécialistes non partisans. L’autre condition posée par le royaume serait de biffer de la déclaration ministérielle du nouveau gouvernement le célèbre triptyque armée-peuple-résistance cher au Hezbollah. En pleine campagne électorale, les États-Unis n’auraient pas non plus de problèmes à accorder à Saad Hariri – que Washington n’affectionne certainement plus depuis le compromis présidentiel et ses concessions au Hezbollah – un temps de répit, si cela devait stopper l’effondrement, croit encore savoir M. Souhaid.

On apprend d’autre part que la décision du chef du courant du Futur avait fait l’objet de contacts entre Paris, Washington et Riyad bien avant que M. Hariri n’en fasse l’annonce. Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, la France aurait même pris contact avec le Hezbollah, deux jours plus tôt, pour l’informer de ce nouveau scénario et des contacts que Paris aurait entrepris avec l’Arabie saoudite pour préparer le terrain. Une information qu’une source diplomatique française s’abstient de commenter, se contentant de rappeler la position officielle de l’Élysée et qui se résume comme suit : ce n’est pas tant la personne qui importe que sa capacité à répondre aux paramètres, critères et requis de l’initiative française ; mais aussi sa capacité à recueillir une entente suffisamment large parmi les blocs parlementaires pour garantir la réussite de la mission de ce gouvernement.

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Selon une source informée, il n’y aurait pas de veto à proprement parler sur la candidature de Saad Hariri de la part de Riyad, mais plus un désintérêt qui pourrait être interprété comme un laisser-faire. Autrement dit, le royaume ne bloquerait pas le processus, d’autant que les issues à la crise ne sont pas nombreuses.

Pour l’heure, le Hezbollah observe un mutisme absolu comme il en a l’habitude pour prendre le temps de réflexion nécessaire avant de se prononcer et laisser mûrir les contacts politiques que M. Hariri s’est engagé à entamer. Le parti chiite, qui reste principalement concerné par un apaisement de la rue et un éloignement du spectre d’une confrontation sunnito-chiite comme l’a rappelé jeudi M. Hariri, ne manquera pas d’accueillir favorablement cette initiative, à en croire une source proche du parti. La source reste toutefois circonspecte concernant les conditions posées par le chef du courant du Futur qui a maintenu sa position de principe en faveur d’une équipe sélectionnée loin de l’intervention des partis même s’il affirme accepter d’accorder exceptionnellement à la communauté chiite les Finances sans que cela ne se transforme en coutume.

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De l’avis de certains observateurs, un troisième facteur enfin pourrait affecter la décision du parti chiite d’avaliser ou non la formation d’un gouvernement avant la présidentielle américaine, et ce indépendamment de la personnalité qui sera désignée pour le faire. Il s’agit de la nouvelle salve de sanctions américaines qui s’est abattue jeudi sur 18 parmi les principales banques iraniennes, et qui risque d’avoir un effet boomerang sur le Liban, si Téhéran devait décider d’accroître la confrontation. « Notre campagne de pression économique maximale va se poursuivre tant que l’Iran n’acceptera pas de conclure une négociation globale qui s’attaque au comportement néfaste du régime », a prévenu jeudi le secrétaire d’État Mike Pompeo. Une menace qui risque de compliquer encore plus le paysage libanais même si, dans les milieux proches du Hezbollah, on continue de faire la distinction entre affaires internes iraniennes et libanaises.

C’est dans le cadre de l’initiative française que Saad Hariri s’est présenté hier comme un « candidat naturel » pour former le prochain gouvernement. Il a assuré par la même occasion que l’initiative française n’était pas caduque et pourrait être ressuscitée sous certaines conditions. Après avoir fait planer l’incertitude ces dernières semaines sur sa...

commentaires (3)

Hariri est là pour squatter le poste ni plus ni moins. Il sait pertinemment qu'il ne pourra pas former un gouvernement, et ne restera président désigné que pour bloquer l'arrivée de nouveaux venus dont le club des Ex n'en veulent pas, particulièrement Sinioura et Mikati, Le Hezbollah s'en moque., il est satisfait du maintien de Diab avec 0 risque de trahison. Hariri est un handicap pour toute solution pérenne! la France veut aider le Liban et non M. Hariri... Arrêtez de nous vendre une marchandise périmée. il y a plus 'une million de sunnite prêts à remplacer Saad; DONNEZ LEURE LEUR CHANCE

Guy de Saint-Cyr

18 h 45, le 10 octobre 2020

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Commentaires (3)

  • Hariri est là pour squatter le poste ni plus ni moins. Il sait pertinemment qu'il ne pourra pas former un gouvernement, et ne restera président désigné que pour bloquer l'arrivée de nouveaux venus dont le club des Ex n'en veulent pas, particulièrement Sinioura et Mikati, Le Hezbollah s'en moque., il est satisfait du maintien de Diab avec 0 risque de trahison. Hariri est un handicap pour toute solution pérenne! la France veut aider le Liban et non M. Hariri... Arrêtez de nous vendre une marchandise périmée. il y a plus 'une million de sunnite prêts à remplacer Saad; DONNEZ LEURE LEUR CHANCE

    Guy de Saint-Cyr

    18 h 45, le 10 octobre 2020

  • CA C,EST CERTAIN MAIS AVEC DES CONDITIONS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 02, le 10 octobre 2020

  • en tous cas, il a beneficie d'une vague de sympathie du publique, general & aouniste surtout,garantie, assuree ne serait ce que pour 2 raisons son mea culpa,ET ses critiques a l'encontre des FL & de joumblat .

    Gaby SIOUFI

    10 h 48, le 10 octobre 2020

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