Audi : Est-ce ainsi que les droits des chrétiens sont préservés ?

À l’instar du patriarche maronite, le métropolite Élias Audi s’est déchaîné contre la classe au pouvoir dans l’homélie qu’il a prononcée hier durant la messe dominicale en la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes au centre-ville.

« Où est la miséricorde au Liban? Les responsables politiques font-ils preuve de miséricorde, surtout les chrétiens, face aux plaintes des Libanais plongés dans un désespoir sans nom à cause de l’inflation galopante ? » s’est-il interrogé, mettant en garde contre la croissance des cas de suicide, notamment parmi les jeunes, et le manque de matériel dans les hôpitaux. « Où est la miséricorde alors que les habitants des quartiers dévastés par l’explosion du 4 août n’ont toujours pas regagné leurs demeures alors que l’hiver est aux portes ? Où est la miséricorde dans un État pourri jusqu’à la moëlle dans lequel seules quelques chaises persistent parce que ceux qui s’y sont installés s’y accrochent et contrôlent ceux qui restent encore dans ce pays ? » a fulminé le métropolite avant de s’interroger sur le point de savoir « si c’est de cette manière que les droits des chrétiens sont préservés, comme le prétendent certains ». Il faisait ainsi allusion au Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil, qui avait fait de ce slogan son credo.

L’archevêque a ensuite fait part de son « inquiétude » face à la situation des quartiers dévastés par l’explosion, affirmant « craindre pour le sort de leurs habitants et redouter une aliénation de leur identité sociale, culturelle et architecturale ». « Ces quartiers perpétuent la mémoire de Beyrouth. Ils avaient résisté à la guerre et aux tentatives de les détruire, de les acheter et d’en modifier le tissu social. » Mgr Audi a ensuite fustigé « la négligence et l’irresponsabilité » qui ont mené aux explosions du 4 août et le fait que « jusqu’à aujourd’hui, les Beyrouthins ne savent pas quels sont les résultats de l’enquête ». « Certains se demandent d’ailleurs s’il y a vraiment une enquête. Le but serait-il d’anéantir la mémoire de Beyrouth et d’éparpiller sa population ? » a-t-il lancé.