Quelques jours après l’annonce par le président de la Chambre Nabih Berry de l’accord-cadre entre le Liban et Israël autour de la délimitation des frontières terrestres et maritimes, d’aucuns s’attendent à une accélération du processus de formation du gouvernement, afin qu’un cabinet en bonne et due forme puisse suivre de près les pourparlers, sachant que la première séance de négociations devrait avoir lieu en principe le 14 octobre. De leur côté, des observateurs, plus pragmatiques de toute évidence, pensent que le prochain gouvernement est encore loin de voir le jour, en attendant la présidentielle américaine prévue le 3 novembre prochain.
Face à cette impasse, le patriarche maronite Béchara Raï s’en est pris une nouvelle fois à la classe dirigeante. Dans son homélie dominicale hier à Dimane, il est revenu à la charge en appelant à « trouver une brèche » dans le blocage généralisé politique, économique et financier du Liban, « sans attendre les échéances de l’étranger », dans une claire allusion à la présidentielle US.
Entre les vœux pieux et l’urgence pour le Liban de mettre sur pied une nouvelle équipe ministérielle, on attend donc les actes. D’autant qu’une semaine du « nouveau délai » de six semaines accordé par le président français Emmanuel Macron aux dirigeants libanais pour former un cabinet s’est écoulée sans que le dossier n’enregistre une percée significative.
Aoun-Berry
Mais une source proche de Baabda confie à L’Orient-Le Jour que le président de la République, Michel Aoun, entend intervenir prochainement. Selon cette source, le chef de l’État pourrait bien décider de tenir les consultations parlementaires contraignantes en vue de nommer le futur Premier ministre cette semaine.
On serait tenté d’interpréter cette information comme concrétisant une entente élargie autour du nouveau chef du gouvernement, comme le voulait le chef de l’État. Mais à en croire la source proche de Baabda, cela n’est toujours pas le cas. Après avoir évalué l’expérience Moustapha Adib, M. Aoun désire accorder aux protagonistes un délai d’incitation pour s’entendre sur ce plan avant de passer à l’acte, précise la source. Elle souligne aussi que le président de la République discutera longuement du dossier gouvernemental avec le chef du législatif Nabih Berry, lors de leur déplacement avec le Premier ministre démissionnaire Hassane Diab au Koweït, pour présenter leurs condoléances à la suite de la disparition de l’émir Sabah al-Ahmad al-Sabah, décédé la semaine dernière. Tout dépendra donc de l’entretien Aoun-Berry.
En attendant, un observateur politique contacté par notre journal estime que l’accord autour du prochain gouvernement pourrait porter sur la personne du Premier ministre, ainsi que sur la mission de son équipe et sa déclaration ministérielle. Sauf qu’une telle démarche ne sera pas sans susciter la colère de la communauté sunnite qui pourrait y voir une atteinte aux prérogatives du Premier ministre désigné, comme ce fut le cas avant la nomination de Hassane Diab en décembre 2019, et de Moustapha Adib en septembre dernier.
Cette colère se fait déjà sentir dans les milieux du courant du Futur. Moustapha Allouche, membre du bureau politique du parti de Saad Hariri, assure à L’OLJ que le leader du Futur tient à ce que le prochain gouvernement soit une équipe restreinte formée de spécialistes choisis par le Premier ministre. L’ancien député de Tripoli lançait ainsi une pique au tandem Amal-Hezbollah, dans la mesure où ces deux partis ont poussé Moustapha Adib à jeter l’éponge après avoir tenté de lui imposer le ministre des Finances, alors qu’il prônait la rotation des postes ministériels dans le cadre d’un cabinet restreint de quatorze ministres. Le binôme chiite voulait également désigner tous les ministres chiites, contrairement à la volonté de M. Adib. « Tout ce qui est rapporté dans les médias concernant une proche tenue des consultations parlementaires ne s’inscrit que dans le cadre de vœux pieux », explique Moustapha Allouche, réitérant l’attachement de Saad Hariri à l’initiative française. « Tout ce qui est dit hors de ce contexte ne nous concerne pas », affirme l’ex-député de Tripoli, à l’heure où le Hezbollah semble avoir rectifié le tir avec la France lors de la dernière rencontre entre l’ambassadeur de France Bruno Foucher et Ammar Moussaoui, responsable des relations internationales au parti chiite. Une information que confirment implicitement des sources proches du Hezbollah, sans donner de détails concernant cette rencontre.
Il reste que les noms de certains candidats possibles à la présidence du Conseil circulent déjà dans les milieux politiques. Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, il s’agirait de Mohammad Baassiri, ex-vice-gouverneur de la Banque du Liban (qui, dans une interview accordée à la chaîne al-Jadeed, a assuré qu’il ne briguait pas ce poste), et de Abdel-Rahman Bizri, ancien président de la municipalité de Saïda, pour ne citer que ces deux personnes.
Un président de la république française a récemment déclaré : j’ai honte pour vos dirigeants, j’ai honte... (en parlant des dirigeants libanais). Personnellement je vomis ces dirigeants libanais. Qu’ils soient maudits jusqu’à la quarantième génération pour tout le mal, toutes les souffrances et toutes les humiliations qu’ils nous ont fait subir. Il n’y a pas de justice des hommes au Liban pour leur faire payer tous leurs crimes mais il y a une Justice Divine qui va les condamner chacun à leur tour dans ce qu’ils ont de plus cher (a part leur argent volé des contribuables libanais). Je sais que je ne vais pas être publié mais ça me défoule de l’écrire faute de pouvoir le clamer publiquement haut et fort.
13 h 06, le 05 octobre 2020