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Politique - Gouvernement

La percée sur le dossier des frontières aura-t-elle un impact sur la formation du cabinet ?

La médiation américaine au sujet des frontières a réussi, alors que l’initiative française n’a pas atteint ses objectifs, du moins jusqu’à présent.

La percée sur le dossier des frontières aura-t-elle un impact sur la formation du cabinet ?

Nabih Berry, après l’annonce d’un accord-cadre pour le lancement de négociations avec Israël sur les frontières maritimes. Photo Nabil Ismaïl

Alors que le processus de formation du gouvernement fait du surplace depuis la récusation du Premier ministre désigné Moustapha Adib, le chef du législatif Nabih Berry a opéré une importante percée en annonçant hier un accord-cadre portant sur la délimitation des frontières entre le Liban et Israël. Ce, grâce à une médiation de Washington. Cette annonce du président de la Chambre, que Washington qualifie d’« historique », intervient à l’heure où le Liban peine à former son équipe ministérielle, une échéance que d’aucuns lient à la présidentielle américaine prévue en novembre prochain. L’initiative Berry survient aussi à l’heure où plusieurs pays arabes ont normalisé leurs rapports avec Israël, pendant que la guerre pour le gaz et d’autres sources énergétiques bat son plein en Méditerranée orientale.

Dans une optique strictement locale, Nabih Berry, principal négociateur avec les émissaires américains chargés de la question des frontières, a annoncé l’accord-cadre quelques semaines après les sanctions américaines infligées à son bras droit, Ali Hassan Khalil, mais aussi à Youssef Fenianos, ancien ministre des Travaux publics (Marada), pour leur « appui » au Hezbollah.

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Dans ce contexte, l’annonce de l’accord, par Nabih Berry, pourrait avoir une incidence sur la formation du gouvernement, notamment après les propos durs tenus par le président français Emmanuel Macron après la récusation de M. Adib. Pour rappel, lors d’une conférence de presse tenue dimanche soir à l’Élysée, le président français avait accusé l’ensemble des protagonistes, mais surtout le tandem chiite, d’entraver la mise sur pied d’un cabinet restreint de spécialistes indépendants, comme le préconise la communauté internationale. Et pour cause : le binôme insistait pour conserver le ministère des Finances et nommer tous les ministres relevant de la communauté chiite.

La conférence de presse d’hier de Nabih Berry pousse certains observateurs à poser les questions suivantes : à quel gouvernement faudra-t-il s’attendre dans la prochaine phase qui intervient dans un contexte régional et international volatil ? Le binôme chiite pourra-t-il exercer plus de pression dans le sens d’un cabinet politique capable de se saisir du dossier des frontières ?

« Ce sont les médiateurs qui comptent »

Sami Nader, analyste politique contacté par L’Orient-Le Jour, met l’accent sur la concomitance entre ce qu’il perçoit comme « l’échec » de l’initiative Macron et le succès de la médiation américaine articulée autour des frontières. « L’initiative française est tombée à l’eau au moment où les efforts américains portaient leurs fruits », souligne-t-il, avant d’expliquer : « Le pouvoir en place a ainsi prouvé que ce ne sont pas les dossiers mis sur le tapis qui comptent, mais les médiateurs qui en ont la charge. Il a montré aussi que le bâton est plus efficace que la carotte. » M. Nader faisait ainsi allusion à l’opposition flagrante entre les approches française et américaine de la question du Hezbollah, la première privilégiant le dialogue et la seconde principalement axée sur les sanctions financières sévères pour resserrer l’étau autour du parti pro-iranien. L’analyste rappelle dans se cadre que le mouvement Amal, dans un communiqué publié au lendemain des sanctions imposées à Ali Hassan Khalil, avait insisté sur l’attachement du Liban à sa position traditionnelle concernant les frontières, « en dépit de toutes les sanctions et les pressions ». « C’est donc sous la pression imposée par la politique des sanctions que Nabih Berry a appuyé l’accord dont les États-Unis sont les médiateurs », dit-il.

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Concernant la forme et la composition du futur gouvernement, Sami Nader estime que « pour le moment, il n’y a pas d’initiative politique qui contribuerait à la solution, surtout que le plan Macron prévoyant un gouvernement d’indépendants est tombé à l’eau ». « Il n’y aura pas de cabinet à moins que les Américains n’interviennent et proposent une initiative », ajoute M. Nader. Une alternative qui reste, aux yeux de plusieurs observateurs, exclue avant la très attendue présidentielle du 3 novembre prochain.

De même, des milieux politiques estiment que l’accord-cadre annoncé hier serait le résultat de pressions iraniennes sur le tandem chiite. Une façon pour la République islamique de faire un geste en direction de Washington dans la perspective d’une éventuelle révision de la politique de sanctions américaines.

Prudence chiite

De son côté, le tandem Amal-Hezbollah se montre très prudent et évite de lier l’accord annoncé hier au processus de formation du gouvernement. D’ailleurs, le président de la Chambre a refusé, lors de son point de presse, de répondre à une question portant sur les tractations gouvernementales, limitant ses propos au seul dossier des frontières. Joint par L’OLJ, un proche du chef du législatif rappelle que « cela fait dix ans que M. Berry s’active dans le cadre des négociations concernant les frontières. Il n’y a donc aucun lien à établir avec les tractations gouvernementales ». Il estime néanmoins que l’accord pourrait accélérer le processus, notamment pour ce qui est de la tenue de consultations parlementaires contraignantes en vue de nommer le futur Premier ministre. Une démarche constitutionnelle sur laquelle le chef de l’État Michel Aoun temporise encore, accordant la priorité à une entente élargie autour de la composition de l’équipe ministérielle.

Le billet de Gaby Nasr

Stupidoscopie

Mohammad Fneich, ancien ministre du Hezbollah, préfère à son tour ne pas se lancer dans des conclusions hâtives. Il attend la réaction des protagonistes à l’accord, ainsi que les effets de la médiation américaine. Il assure toutefois que sa formation s’oppose aux tentatives de perturber l’équilibre politique établi depuis des années et de porter atteinte aux coutumes en vigueur. « L’heure n’est pas à ce genre de manœuvres allant à l’encontre de la Constitution. Il faut respecter les règles en vigueur, notamment pour ce qui est du “droit” des protagonistes à nommer leurs représentants au sein du gouvernement, au lieu de voir certains choisir leurs ministrables à leur place », dit-il à L’OLJ, lançant une pique à Moustapha Adib. L’obstacle chiite reste donc entier…

Alors que le processus de formation du gouvernement fait du surplace depuis la récusation du Premier ministre désigné Moustapha Adib, le chef du législatif Nabih Berry a opéré une importante percée en annonçant hier un accord-cadre portant sur la délimitation des frontières entre le Liban et Israël. Ce, grâce à une médiation de Washington. Cette annonce du président de la Chambre,...

commentaires (9)

L'initiative française ressuscitée.

Esber

17 h 29, le 02 octobre 2020

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Commentaires (9)

  • L'initiative française ressuscitée.

    Esber

    17 h 29, le 02 octobre 2020

  • " Il faut respecter les règles en vigueur, notamment pour ce qui est du “droit” des protagonistes à nommer leurs représentants au sein du gouvernement,". Tout à fait d'accord ! Il faut respecter la Constitution concernant la question de cet éventuel "droit ". Elle est très claire : il n'existe pas !

    Yves Prevost

    16 h 53, le 02 octobre 2020

  • Il faut rappeler à ce Fneich que ce qu’il qualifie d’entrave à la constitution qui est, que le PM nomme ses ministres même s’ils sont d’une autre confession s’appelle  la démocratie. C’est écrit dans la constitution qu’il prétend vouloir respecter en demandant à ce que chaque parti nomme ses ministres ah pardon non à ce que seul le HB nomme ses ministres pour ne pas changer les coutumes du pays. Non mais il s’entend parler celui là? A croire que la nouvelle loi libanaise instaurée par ce parti à marcher sur la tête devrait devenir une réalité parce qu’ils l’ont décidé.

    Sissi zayyat

    13 h 47, le 02 octobre 2020

  • Mr Fneich on a vu ou le respect des regles nous a mene . Ecartez vous pour une fois et laissez les gens competents et honnetes travailler .

    EL KHALIL ABDALLAH

    12 h 13, le 02 octobre 2020

  • FAUT POSER CETTE QUESTION AUX MERCENAIRES IRANIENS, A L,AYATOLLAH DE BAABDA ET A LEURS SEIDES LES AYATOLLAHS A TEHERAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 07, le 02 octobre 2020

  • Que le Hezbollah devienne un parti libanais attaché à la souveraineté libanaise et non dévoué à l’Iran, qu’il abandonne le Wilayat Al Faqih, je suis persuadé que toutes les autres composantes libanaises l’accueilleront ont à bras ouverts comme l’a démontré brillamment Samy Gemayel à plus d’une reprise.

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 58, le 02 octobre 2020

  • Entre la carotte de Macron et la guerre de Bush, le baton de Trump fait figure de juste milieu. S'il y a bien une réussite du mandat Trump c'est celle d'avoir été le premier président américain depuis longtemps à ne pas s'être lancé dans une guerre stupide tout en gardant un bâton terriblement efficace avec les sanctions économiques. On sait tous que pour les mass médias de la pensée unique Trump est le grand méchant loup et Obama Biden et Macron les trois gentils petits cochons, mais là pour le coup le grand méchant a quelque chose à apprendre aux gentils couards. Trump malgré toute sa bêtise a fait plus de bien au Liban en ayant manié le bâton une seule fois, que Macron avec toutes ses gesticulations, malgré son intelligence sans conteste supérieure.

    Citoyen libanais

    09 h 01, le 02 octobre 2020

  • Si le pétrole devient une manne financière au Liban, ils n'auront plus besoin d'une aide extérieure ils pilleront cet argent et imposeront ceux qu'ils veulent imposer à tous les rouages de l'état ... contre la volonté de la majorité du peuple

    Zeidan

    08 h 02, le 02 octobre 2020

  • Il est impensable et impossible , par les temps volcaniques qui courent , de penser former un gouvernement sans l'accord total du Hezbollah ; On n'a pas pu le marginaliser par la guerre, on n'a pas pu le faire non plus par les révoltes , ni par les pressions des explosions , on ne pourra pas le faire par la diplomatie sans son accord . Il s'aggripera ferme à sa garantie gouvernementale . . Il faut toujours compter avec le Hezb , à moins d'une guerre civile dont personne ne veut . c'est simple comme bonjour .

    Chucri Abboud

    03 h 36, le 02 octobre 2020

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