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Société - Covid-19

Le bouclage localisé adopté, plus de cent localités concernées

Cette décision est « illogique » d’autant que le nombre des personnes contaminées va augmenter, le SARS-CoV-2 étant devenu endémique, juge Salim Adib, épidémiologiste.

Le bouclage localisé adopté, plus de cent localités concernées

Un client se fait prendre la température dans un supermarché, au Liban. Photo Marc Fayad

À partir de demain matin, à 6 heures, et jusqu’au lundi 12 octobre à 6 heures, 111 localités du pays, classées zone rouge sur l’échelle nationale de la classification du Covid-19, seront entièrement bouclées, conformément à une circulaire émise par le ministère de l’Intérieur. Les habitants de ces régions sont appelés à rester chez eux, à ne pas circuler ou se mêler à d’autres personnes et à porter le masque lorsqu’ils sont obligés de sortir. Tout au long de cette période, toutes les institutions publiques et sociétés privées de ces villes et villages devront fermer leurs portes. De même, les événements sociaux, les fêtes et les rassemblements seront interdits.

Sont exemptés de ces mesures les hôpitaux, les dispensaires, les centres médicaux, les pharmacies, les boulangeries et les supermarchés de façon partielle, seule la livraison à domicile étant autorisée, ainsi que les médecins, les infirmières et les infirmiers, les journalistes et les personnes devant se rendre à l’aéroport de Beyrouth ou y arrivant, à condition qu’ils soient munis de leur billet d’avion. Quant à la question, compliquée, de la surveillance de l’application de ces mesures, il est seulement indiqué que les mohafez des régions concernées sont chargés de faire respecter ces mesures, quitte à faire appel aux Forces de sécurité intérieure.Les principales voies routières de ces localités, qui relient des villages et villes entre eux, resteront ouvertes à la circulation.

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La classification des régions en zones définissant le risque qu’elles présentent a été adoptée en début de semaine par le comité interministériel pour le suivi du coronavirus. Cette classification se fait sur base du taux d’infections par rapport au nombre d’habitants au cours des deux dernières semaines. Les localités ayant enregistré plus de huit cas positifs pour 100 000 habitants pendant quatorze jours sont considérées comme à grand risque de transmission communautaire. Sont considérés comme présentant un risque modéré de transmission (zone jaune) les villes et villages ayant enregistré entre 4 et 8 cas pour 100 000 habitants par jour. Ceux qui enregistrent moins de 4 atteintes par jour pour 100 000 habitants sont considérés comme ayant un faible risque de transmission (zone verte).

« Une logique incorrecte »

Comment ce chiffre est-il calculé ? Prenons l’exemple d’un village de 4 500 habitants ayant enregistré 7 contaminations au coronavirus au cours des quatorze derniers jours. Pour calculer son risque, il faut multiplier 7 (nombre de cas) par 100 000 (dénominateur standard) et diviser le résultat obtenu par 4 500 (nombre d’habitants du village). Le résultat obtenu (155,5) sera par la suite divisé par 14 (la durée durant laquelle les 7 cas ont été enregistrés), ce qui donne 11,1 cas par jour pour 100 000 habitants. Selon la nouvelle classification adoptée, ce village est alors considéré à haut risque de transmission.

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« C’est une logique incorrecte, parce que le numérateur, c’est-à-dire les cas détectés ne sont pas des cas chroniques, mais aigus qui guérissent en deux semaines », martèle Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth. « De ce fait, ils ne doivent pas être comptés, poursuit-il. Au contraire, le fait qu’il y ait de nombreux cas dans un village signifie que celui-ci se dirige vers l’immunité collective et, par conséquent, il est mieux protégé contre la pandémie. Ce qu’il faut regarder, c’est la sévérité des cas dans les villages. Cette simplification des critères de choix est une insulte pour la santé publique et les experts de santé publique au Liban. »

Pourquoi les 111 villages identifiés seront-ils fermés pendant une semaine, sachant que le cycle du virus est de quatorze jours ? « Durant cette période, des équipes du ministère de la Santé feront des tests de dépistage à une plus large échelle dans ces régions », répond Petra Khoury, conseillère du Premier ministre sortant Hassane Diab pour les affaires de santé et présidente de la Commission nationale chargée de la lutte contre le Covid-19. « Cela pourrait potentiellement changer les résultats et ramener le village en question à la zone jaune, ajoute-t-elle. Actuellement, ce sont les personnes qui présentent des symptômes du Covid-19 ou qui ont été en contact avec une personne contaminée au SARS-CoV-2 qui se font tester, alors que nous essayons d’étudier la transmission communautaire. »

En se basant sur ce calcul, on se demande pourquoi des villes comme Tripoli, Beyrouth et Saïda, qui enregistrent depuis plusieurs semaines déjà des dizaines de cas par jour, ne sont pas incluses dans cette décision. Mme Khoury souligne que toutes les grandes villes seront divisées en quartiers, « parce qu’on ne peut pas les boucler ». Et d’insister : « C’est le seul moyen dont nous disposons pour lutter contre la propagation du virus, d’autant qu’un bouclage total du pays est inenvisageable à l’heure actuelle. »

« Une décision illogique »

Pour le Dr Adib, cette décision du ministère de l’Intérieur est « illogique, d’autant que le nombre des personnes contaminées va augmenter sans aucun doute, le SARS-CoV-2 étant devenu endémique, c’est-à-dire qu’il se dissémine à l’échelle nationale et va faire partie de la faune normale du pays ». « Les cas ne peuvent qu’augmenter, poursuit-il. Il s’agit donc de se concentrer sur les cas sévères qui ont besoin d’hospitalisation et s’assurer qu’ils ont de la place dans les hôpitaux. Et puis, ils doivent laisser faire la nature. »

Hier, 1 291 nouveaux cas de Covid-19, dont sept en provenance de l’étranger, ont été enregistrés, ainsi que douze décès, ce qui fait grimper à 42 159 le nombre cumulé des contaminations au nombre desquels 386 décès, selon le rapport quotidien du ministère de la Santé. Au total, 18 737 patients se sont rétablis, alors que 528 personnes sont encore hospitalisées, dont 160 en soins intensifs.

La liste des localités concernées par caza

Békaa

– Baalbeck : Hoch el-Rafiqa.

– Békaa-Ouest : Ammiq, Ghazé, Kherbet Kanafar, Mansoura et Machghara.

– Zahlé : Bar Élias, Chtaura, Ferzol, Kfarzabad, Niha, Qaa el-Rim, Raït, Rayak-Hoch Hala, Saadnayel et Terbol.

Liban-Nord

– Akkar : Cheikh Taba, Kobeyyate, Majdala et Mhamara.

– Batroun : Chekka et Hamate.

– Koura : Barsa, Batour Atige, Bsarma et Enfé.

– Minie-Denniyé : Bqarsouneh, Kfar Bebnine et Minié.

– Tripoli : Qalamoun.

– Zghorta : Ehden, Mariata, Meziara, Rachiine et Zghorta.

Liban-Sud

– Bint Jbeil : Bint Jbeil, Chaqra, Debel et Rmeich.

– Jezzine : Kfar Jarra.

– Marejyoun : Ebel es-Saqi.

– Nabatiyé : Roumine.

– Saïda : Abra, Aïn Deleb, Babiliyé, Bramieh, Ghassanié, Hilaliyé, Majdelyoun, Miyé w Miyé et Qariyé.

Mont-Liban

– Aley : Aïn Dara, Azounié, Bhamdoun el-Dayia, Houmal, Kahalé et Souk el-Gharb.

– Baabda : Araya, Bsaba, Chiyah, Falougha, Hadeth, Haret Hreik, Hilaliyé, Kfarchima, Salima et Wadi Chahrour el-Oulia.

– Chouf : Anout, Barja, Batloun, Batmé, Chhim, Deir el-Qamar, Jahiliyé, Kfarhim, Khraybé, Niha, Rmeilé et Zaarouriyé.

– Jbeil : Amchit, Blat, Eddé, Fatri, Hasroun, Hosrayel, Nahr Ibrahim et Tartej.

– Kesrouan : Ballouné, Bouar, Fatqa, Jeïta et Rachiine.

– Metn : Aïntoura, Antélias-Naccache, Baabdate, Beit Chaar, Biakout, Bickfaya, Bsalim, Dick el-Mehdi, Douwar el-Metn, Fanar, Hemlaya, Khenchara, Mazraat Yachouh, Mrouj, Mtayleb, Nabay, Qornet el-Hamra, Zalka et Zikrit.

À partir de demain matin, à 6 heures, et jusqu’au lundi 12 octobre à 6 heures, 111 localités du pays, classées zone rouge sur l’échelle nationale de la classification du Covid-19, seront entièrement bouclées, conformément à une circulaire émise par le ministère de l’Intérieur. Les habitants de ces régions sont appelés à rester chez eux, à ne pas circuler ou se mêler à...

commentaires (2)

Il n’aurait pas été plus raisonnable de confiner tout le pays pour au moins 10 jours afin de tenter de stopper l’épidémie. Qu’on ne me parle pas de blocage de l’économie car à part l’alimentaire et le médical, aucun commerce ne fonctionne

Lecteur excédé par la censure

10 h 48, le 03 octobre 2020

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Commentaires (2)

  • Il n’aurait pas été plus raisonnable de confiner tout le pays pour au moins 10 jours afin de tenter de stopper l’épidémie. Qu’on ne me parle pas de blocage de l’économie car à part l’alimentaire et le médical, aucun commerce ne fonctionne

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 48, le 03 octobre 2020

  • Ce qui est vrai en théorie, ne s'applique pas en pratique. Pas d'autres moyens pour essayer de ralentir la progression, car il n'y a plus de lits disponibles aux soins intensifs pour les nouveaux cas.

    Esber

    02 h 12, le 03 octobre 2020

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