Aucun survivant ou de corps n'a été retrouvé samedi soir à l'issue des recherches effectuées sur "plus de 95%" des ruines d'un immeuble de Gemmayzé, un des quartiers de Beyrouth dévasté par la double explosion meurtrière du 4 août dernier.
Une équipe de secouristes chiliens intervenant dans la capitale libanaise avait détecté mercredi soir des pulsations cardiaques sous les décombres du bâtiment grâce à un chien renifleur et à des scanners thermiques, faisant naître l'espoir de retrouver un survivant à la puissante explosion au port survenue le 4 août. Cette dernière a détruit des quartiers entiers, faisant au moins 191 morts et blessant plus de 6.500 personnes. Sept personnes sont toujours portées disparues.
"Nous avons fait tout ce qui était techniquement possible. Malheureusement, après avoir passé au peigne fin plus de 95% du bâtiment, nous pouvons affirmer aujourd'hui que nous n'avons aucun signe de vie", a déclaré le chef de l'équipe de secouristes chiliens, Francisco Lermanda, lors d'une conférence de presse, ajoutant néanmoins que "le travail doit continuer pour sécuriser les lieux". "Aujourd'hui, nous avons mené notre dernière opération sur les lieux, en creusant un tunnel vers le bas vers une dernière zone. Deux secouristes se sont introduits samedi dans un passage menant à la dernière poche d'air où aurait pu se trouver une victime, mais n'y ont trouvé personne", a poursuivi le secouriste chilien qui a remercié la Défense civile et l'association Live Love Beirut pour leur contribution à ces opérations. Il a précisé que les signes de vie détectés provenaient des souffles d'autres sauveteurs déjà à l'intérieur du bâtiment. "Nous ne nous arrêtons jamais même avec un seul pour cent d'espoir (de trouver un corps, ndlr)", a ajouté Francisco Lermanda.
"Après avoir balayé les 1er étage, 2ème étage, 3ème étage et l'escalier, nous n'avons trouvé aucun corps", a déclaré de son côté l'ingénieur supervisant les opérations Riad al-Assaad, expliquant que les opérations devraient s'achever à l'aube. "La question est désormais de savoir ce que l’État compte faire de ce bâtiment qui menace de s'écrouler totalement, car il constitue un véritable danger", a-t-il ajouté.
"Il n'y a rien"
Qassem Khater, un secouriste de la Défense civile, avait expliqué dans la matinée à l'AFP que les opérations se déroulaient dans les ruines de la cage d'escalier de l'immeuble. "Nous n'allons pas quitter le site avant d'avoir fini les recherches sous les décombres, même si l'immeuble menace de s'effondrer", avait-il assuré.
Mais quelques heures plus tard, Riad al-Assaad expliquait que plusieurs couches de débris avaient été évacuées. En vain. "Nous avons atteint la cage d'escalier et il n'y a rien", a-t-il déploré. "Le chien nous a donné de l'espoir mais cela a aussi mis en évidence les défaillances de tout le système. Cet immeuble aurait dû être déblayé il y a plusieurs semaines".
Le Liban ne dispose pas du matériel ni de l'expertise pour mener de telles opérations de recherches et de secours. Des équipes sont venues du Chili, de France et des Etats-Unis pour pallier ce manque.
Le directeur des opérations de la Défense civile libanaise George Abou Moussa avait estimé samedi matin que "les chances (étaient) très faibles" de retrouver des victimes. De son côté, un des secouristes chiliens, Walter Munoz, avait confié à des journalistes que l'espoir de retrouver un survivant était de "2%".
Le gouverneur de Beyrouth Marwan Abboud avait déclaré à la presse jeudi qu'il pourrait y avoir un ou deux corps, et peut-être même un survivant. Cette annonce, un mois après l'explosion apocalyptique causée par plusieurs centaines de tonnes de nitrate d'ammonium stockées depuis des années au port sans mesures de précaution, avait suscité un regain d'espoir et ému une grande partie de l'opinion publique, encore traumatisée et sous le choc.
commentaires (4)
Merci à tout les secouristes du monde entier et du Liban pour leur ardeur, courage et dédication.
Wlek Sanferlou
14 h 59, le 06 septembre 2020