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Politique - Décryptage

Après l’Irak, le Koweït prêt à aider le Liban : prémices d’un changement ?

Dans le sombre paysage libanais, quelques lueurs commencent à apparaître. La plus évidente est actuellement la visite entreprise par le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, au Koweït. Le général Ibrahim est en effet arrivé hier à Kuweit City en tant qu’émissaire du chef de l’État Michel Aoun, porteur d’un message à l’émir de cet État du Golfe.

En réalité, selon des sources gouvernementales, cette visite est intervenue à la suite d’un entretien téléphonique entre le président de la République et l’émir du Koweït au cours duquel ce dernier a exprimé sa volonté d’aider le Liban dans la crise sans précédent qu’il traverse, à travers soit une aide financière directe soit le renforcement des échanges commerciaux entre les deux pays. La visite du général Ibrahim au Koweït devrait donc permettre de définir le cadre et les modalités de l’aide que ce pays pourrait apporter au Liban. Les mêmes sources gouvernementales tiennent à mettre en exergue que de nombreuses interventions de Abbas Ibrahim se sont traduites, par le passé, par des succès. Ce fut le cas lors de sa visite en Irak pour y rencontrer le Premier ministre Moustafa al-Kadhimi et le sonder au sujet de l’opportunité d’un échange de produits pétroliers contre des produits agricoles libanais. Ce projet est actuellement en cours. Ce fut aussi le cas dans le cadre d’une visite discrète effectuée à Doha (Qatar) où les autorités auraient accueilli favorablement la demande d’aide formulée par le Liban, selon les mêmes sources. De plus, d’autres visites ont peut-être été effectuées ou le seront dans un proche avenir, toujours dans le même but, ajoutent-elles.

D’autres indices tendraient à alimenter un optimisme certes relatif, dans le sombre tableau libanais : notamment le début d’une hausse du taux de la livre par rapport au dollar (même si, pour certains, il s’agit d’une manœuvre pour pousser les gens à vendre leurs dollars tandis que pour d’autres, il s’agit d’une initiative sérieuse destinée à calmer autant que possible le marché des changes), ou encore la reprise des négociations avec le Fonds monétaire international après une suspension, ainsi que la visite de l’ambassadrice des États-Unis au Grand Sérail où elle a déjeuné à la table du président du Conseil Hassane Diab. Indépendamment de la teneur des discussions entre Dorothy Shea et le Premier ministre, cette visite et le déjeuner qui a suivi sont à eux seuls un message clair si ce n’est d’appui, en tout cas d’acceptation, de ce gouvernement de la part de l’administration américaine. Cette visite est d’autant plus étonnante qu’il y a une dizaine de jours encore et après l’incident diplomatique et judiciaire provoqué par la décision du juge Mohammad Mazeh (qui a présenté depuis sa démission), des propos avaient été attribués à l’ambassadrice US selon lesquels elle n’aurait aucun problème à voir le gouvernement Diab quitter la scène. Auparavant, des responsables américains avaient qualifié ce même gouvernement de cabinet à la solde du Hezbollah. Que s’est-il donc passé pour que ce climat de fin de vie du gouvernement change aussi rapidement ?

Jusqu’à présent, il n’y a pas d’explication claire, même si désormais tout le monde est d’accord sur le fait que le cabinet présidé par Hassane Diab est là pour rester et qu’il devrait profiter d’une nouvelle chance et d’une certaine aide arabe et internationale pour lui permettre d’agir et d’éviter l’effondrement total du pays. Il ne s’agit certes pas, disent les connaisseurs, de régler tous les problèmes et de mettre un terme à la crise, mais simplement de donner « un peu d’oxygène » (pour reprendre le terme utilisé par le secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours le 7 juillet) au gouvernement et au Liban en général pour leur permettre de survivre, tout en maintenant la pression sur le Hezbollah. Selon des sources diplomatiques au Liban, ce changement serait probablement dû à une nouvelle approche américaine à l’égard du gouvernement. Mais il ne constitue pas le signe d’un début de négociations entre l’Iran et les États-Unis en vue d’un accord qui précéderait les élections américaines prévues le 3 novembre. Pour les sources précitées, il s’agirait plutôt d’une prise de conscience de la part de l’administration américaine du fait que la politique de sanctions et de pressions maximales sur le Liban pour pousser les Libanais, notamment la communauté chiite, à se rebeller contre le Hezbollah est en train de donner des résultats contraires à ce qui était souhaité. D’abord, le parti chiite a pris des mesures pour protéger autant que possible son assise populaire des effets des sanctions, en assurant des denrées alimentaires et autres dans les régions où il est populaire. Ensuite, la hausse vertigineuse du cours du dollar par rapport à la livre libanaise est en train de nuire principalement à l’armée et aux forces de l’ordre, dont les salaires sont devenus misérables, même si les militaires continuent de bénéficier de certains avantages, comme les aides scolaires, les soins médicaux, etc. Pour les États-Unis qui depuis des années ont misé sur l’armée et les forces de l’ordre dans le but d’encourager les jeunes à rejoindre leurs effectifs et à s’éloigner ainsi du Hezbollah et de tout ce qui évolue dans son orbite, ce serait une erreur stratégique d’aboutir à l’affaiblissement des militaires, dans le cadre de sanctions extrêmes. Dans le même sillage, il est clair que cette politique est en train de toucher en premier lieu les alliés libanais du Hezbollah, voire les Libanais hostiles au parti chiite, alors que les partisans de ce dernier restent soudés autour du parti. Preuve en est la dernière manifestation à proximité de l’ambassade américaine à Aoukar. Il est vrai que les manifestants n’étaient pas nombreux, mais tel n’était pas l’objectif des organisateurs qui n’avaient pas décrété une mobilisation maximale. Il s’agissait juste pour eux d’envoyer un message à l’ambassade et à ceux qui s’y trouvent.

Selon les sources diplomatiques précitées, l’administration américaine pourrait ainsi changer de tactique même si l’objectif principal reste le même : affaiblir le Hezbollah et l’isoler sur la scène libanaise. Elle pourrait ainsi décider d’alléger les pressions qui touchent désormais tous les Libanais, sans pour autant renoncer à son objectif déclaré. Le gouvernement et ceux qui l’appuient ont ainsi gagné un répit, mais la partie n’est pas terminée.

Dans le sombre paysage libanais, quelques lueurs commencent à apparaître. La plus évidente est actuellement la visite entreprise par le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, au Koweït. Le général Ibrahim est en effet arrivé hier à Kuweit City en tant qu’émissaire du chef de l’État Michel Aoun, porteur d’un message à l’émir de cet État du Golfe. En réalité,...

commentaires (4)

quelques millions de dollars sont les bienvenues ( du kuweit meme du pauvre Irak) pour faire reculer la famine au liban s ils ne sont pas volés avant , au liban on a l habitude de mendier au lieu de faire de reformes qui peuvent durer

youssef barada

18 h 07, le 14 juillet 2020

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Commentaires (4)

  • quelques millions de dollars sont les bienvenues ( du kuweit meme du pauvre Irak) pour faire reculer la famine au liban s ils ne sont pas volés avant , au liban on a l habitude de mendier au lieu de faire de reformes qui peuvent durer

    youssef barada

    18 h 07, le 14 juillet 2020

  • Une politique stratégique des USA n'est pas sujet à des changements quotidiens, même s'ils donnent une goutte d'eau de temps en temps après "une séance de torture du peuple libanais". (l'assèchement des USD sur le marché libanais est dû aux américains). Au fait, le Hezb n'a pas de choix à multiples options; soit il crée des ouvertures vers l'Iran et la Chine, après acceptation de la majorité des libanais, pour apporter de l'oxygène au pays, soit il doit admettre sa défaite et laisser la place à d'autres pour gouverner. La politique qui consiste à dire qu'ils peuvent rester plus longtemps en apnée que les autres communautés n'est pas viable. Les USA ont l'avantage de pouvoir faire durer le temps des sanctions. Pour Cuba 70 ans presque.

    Shou fi

    16 h 00, le 13 juillet 2020

  • Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur.

    Lecteur excédé par la censure

    13 h 28, le 13 juillet 2020

  • Geniale Madame Haddad Si elle n'existait pas on devrait l'inventer pour rigoler un peu avec ses ecrits car en fait elle est consequente avec ses opinions: Hezbalalh et Nasrallah : ELLE CROIT FORT EN EUX : LA PREUVE QUAND TRES PEU DE GENS VONT DANS LES DEMONSTRATIONS ELLE DIT CETTE REVOLUTION EST FINIE QUAND TRES PEU DE GENS VONT DEVANT L'AMBASSADE AMERICAINE ELLE DIT Il est vrai que les manifestants n’étaient pas nombreux, mais tel n’était pas l’objectif des organisateurs qui n’avaient pas décrété une mobilisation maximale. Il s’agissait juste pour eux d’envoyer un message à l’ambassade et à ceux qui s’y trouvent. QUAND VOUS ALLEZ OUVRIR LES YEUX ET VOIR QUE LA QUANTITE DE LIBANAIS QUI SUIVENT ENCORE NASRALALH DIMINUE DE JOUR EN JOUR? LA VERITE UN JOURNALISTE PEUT DONNER SON OPINION MAIS PAS AU POINT DE DENIGRER UN PEUPLE ET ENCENSSER UN PARTI QUI CONTROLE PAR LES ARMES LE LIBAN ET TOUT CE QU'IL REPRESENTE DE CULTURE ET DE LIBERTE D'EXPRESSION

    LA VERITE

    02 h 15, le 13 juillet 2020

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