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Économie - Rapport

Un quart des Libanaises seulement occupent un emploi, constate la Banque mondiale

Dans une récente étude, l’institution financière internationale rapporte que 26,3 % des femmes au Liban travaillent, dont la majorité ont entre 20 et 24 ans.

Un quart des Libanaises seulement occupent un emploi, constate la Banque mondiale

Le taux de participation des Libanaises à la vie active du pays oscille entre 22 et 23 points de pourcentage sous la moyenne internationale, selon la Banque mondiale. Photo Positiffy/Bigstock

Intitulée « Participation économique des femmes en Irak, en Jordanie et au Liban » (Women’s Economic Participation in Iraq, Jordan and Lebanon) et concoctée par le centre de recherche Mashreq Gender Facility (MGF), une étude initiée par la Banque mondiale établit que la participation des femmes à la vie active dans les pays du Levant demeure l’une des plus basses au monde, tout en présageant son exacerbation en raison de la crise sanitaire du Covid-19. Selon les chiffres du rapport publié il y a une dizaine de jours, le taux de participation des Libanaises à la vie active du pays oscille entre 22 et 23 points de pourcentage, bien en dessous de la moyenne internationale compte tenu de son PIB par habitant (située aux alentours des 45 points de pourcentage).

Initiative du groupe Société financière internationale de la Banque mondiale (BM), développée sur cinq ans (2019-2024), MGF fournit une assistance technique aux pays du Machrek. Il a comme objectifs l’augmentation des opportunités de travail pour les femmes et leur émancipation économique dans la région. Se focalisant sur l’Irak, la Jordanie et le Liban et constatant de nombreuses contraintes à la participation économique des femmes au sein de ces trois pays, les auteurs du rapport proposent des solutions pour surmonter les obstacles auxquels les femmes font face, s’agissant de leurs cycles de vie (mariage, grossesse, etc.), de leur milieu socio-économique (avec ou sans éducation universitaire) ou encore de la politique économique du pays.

Le Liban, au rang des mauvais élèves

« Il devrait y avoir une égalité des chances au niveau économique pour les femmes, qu’elles soient capables de faire entendre leur voix et de réaliser leurs aspirations. Cela peut favoriser la croissance, la prospérité, la paix et la stabilité dans les pays du Machrek », explique Saroi Kumar Jha, directeur régional pour le Machrek à la Banque mondiale.

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Si la présence des femmes sur le marché du travail est un facteur indéniable de développement économique, les trois pays évalués font figure de mauvais élèves en la matière. Au Liban, de 2000 à 2017, le taux de croissance économique annuelle s’est établi à 1,5 % auquel les femmes n’ont contribué qu’à 0,2 point.

En janvier 2019, lors de la première conférence consacrée à l’autonomisation économique des femmes dans ces trois pays, qui avait lancé l’initiative Mashreq Gender Facility, le gouvernement libanais (au même titre d’ailleurs que ses voisins jordanien et irakien) avait avancé sa stratégie nationale comportant plusieurs volets, notamment l’augmentation du nombre de femmes à la tête de PME ou de coopératives, et le lancement de campagnes de sensibilisation contre les discriminations. L’application de ce plan avait pour but d’augmenter la participation des femmes à la vie active de 5 points de pourcentage d’ici à 2025, prévoyant que la croissance économique actuelle se situerait alors à 1,1 point en 2035.

Pour MGF, ces estimations semblent peu réalistes au vu des barrières rencontrées par la gent féminine en termes d’accès au travail, sans compter la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Liban, qui traverse la pire crise économique de son histoire et dont le taux de chômage a atteint 30 % de la population, selon une étude récente publiée par InfoPro (société spécialisée dans l’édition de titres de presse économique). Le seuil de pauvreté a quant à lui franchi la barre des 50 %, selon la BM.

Parmi les embûches mises en travers du parcours professionnel des femmes, MGF note les normes sociales, les contraintes légales et les échecs du marché. Mais il souligne également la présence de discrimination et de violence sur les lieux de travail et le manque d’accès à leur patrimoine et à leurs actifs. Selon les données du rapport, l’absence de sécurité au niveau de la mobilité est également un frein majeur à l’accès au travail des femmes. En effet, une Libanaise sur trois a déjà été agressée verbalement dans les transports en commun et une sur cinq l’a été physiquement, selon l’étude.

S’ajoutent à cela quatre étapes dans la vie des femmes dont les attentes sociétales peuvent affecter de manière significative leur souhait de travailler, leur décision de se retirer du marché ou même de ne jamais y entrer : l’éducation, l’abandon d’un emploi, le mariage et l’enfantement. Le taux de participation économique des femmes chute drastiquement dans ces deux derniers éléments, le rôle de la femme dans la région du Machrek restant encore défini par son foyer, surtout parmi la population au profil socio-économique plus bas et n’ayant pas eu la chance de s’engager dans des études supérieures. En outre, les règles confessionnelles et communautaires, notamment en matière conjugale ou de succession, pèsent sur l’autonomisation et la participation des Libanaises à la vie active, selon un précédent rapport de la Banque mondiale publié en janvier dernier et intitulé « Les femmes, l’entreprise et le droit ».

Une solution à double tranchant

En guise de solutions, MGF liste les modifications de législation nécessaires pour la protection des droits de la femme au travail (contre la discrimination, le harcèlement, ou pour l’égalité des chances et des salaires). Il propose l’amélioration du transport public (en termes de sécurité, d’horaires, etc.), ainsi qu’une augmentation des infrastructures d’aide à la petite enfance pour soulager les mères qui travaillent. De plus, l’ensemble de ces suggestions doit impérativement être accompagné « d’une sensibilisation publique, sans quoi leur conformité à l’exécution ne suivrait pas », souligne l’organisation.

Les auteurs du rapport, préparé avant la crise sanitaire mondiale du Covid-19, craignent aujourd’hui une exacerbation des inégalités qu’ils avaient énumérées comme autant d’entraves à la participation économique des femmes dans la région du Machrek. « Les femmes risquent de porter encore un plus lourd fardeau avec, par exemple, la fermeture des écoles en raison des mesures de confinement, entraînant une réduction de leur temps de travail effectif, voire une sortie complète du marché pour celles qui y participaient », écrivent-ils. Il va sans dire que la crise économique et financière à laquelle fait face le Liban ne va qu’exaspérer ces constatations de la BM et retarder l’évaluation (et l’application) des solutions que l’institution propose pour pousser les Libanaises à s’engager ou à demeurer dans la vie active.

Une dernière suggestion de MGF pourrait toutefois changer la donne et briser les barrières de genre, d’éducation et de background socio-économique en matière d’emploi : le travail numérique. En effet, force est de constater à travers le monde que les mesures de confinement imposées pour enrayer la pandémie du Covid-19 auront permis à beaucoup d’adopter de nouvelles habitudes de travail, les mêlant au rythme de leur vie de famille et annulant ainsi plusieurs contraintes, telles que le manque de sécurité à la mobilité, le harcèlement physique ou la nécessité de trouver une solution pour la garde des enfants.


Intitulée « Participation économique des femmes en Irak, en Jordanie et au Liban » (Women’s Economic Participation in Iraq, Jordan and Lebanon) et concoctée par le centre de recherche Mashreq Gender Facility (MGF), une étude initiée par la Banque mondiale établit que la participation des femmes à la vie active dans les pays du Levant demeure l’une des plus basses au monde,...

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Bien oui Mais Mrs Diab leur apprend à faire la cuisine et le ménage.

Christine KHALIL

17 h 11, le 10 juillet 2020

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Commentaires (1)

  • Bien oui Mais Mrs Diab leur apprend à faire la cuisine et le ménage.

    Christine KHALIL

    17 h 11, le 10 juillet 2020

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