L'armée libanaise ne va plus servir de la viande dans les repas fournis aux soldats, a rapporté mardi l'Agence nationale d'information (ANI), dans un pays en plein naufrage économique et en proie à une explosion de l'inflation. "En raison des difficiles conditions de vie dont souffre le Liban, l'institution militaire qui traverse les mêmes difficultés économiques, a supprimé la viande des repas servis aux soldats durant leur service", d'après l'Ani.
"Maudits soient ces jours et maudits soient ces pouvoirs successifs qui nous ont menés jusque-là... Celui qui défend la patrie avec sa chair est privé des moyens les plus élémentaires de subsistance alors que celui qui a pillé le pays se délecte de ses butins et ses richesses !", a réagi l'ancien officier de l'armée Chamel Roukoz sur son compte Twitter.
Dans un pays où quasiment tout est importé, le prix des produits alimentaires ont bondi de 72% entre octobre 2019 et fin mai 2020, selon l'Association de protection des consommateurs.
En près de deux mois, le prix du kilo de bœuf chez certains bouchers de Beyrouth est passé de 18.000 livres libanaises à 50.000 livres, tandis que la viande de mouton atteint désormais les 80.000 livres contre 30.000 auparavant. Cette hyperinflation risque de se poursuivre, alors que la livre poursuit sa dégringolade sur le marché noir. Mardi, la monnaie nationale s'échangeait à plus de 8.000 livres pour un dollar, contre 5.000 livres pour un dollar il y a dix jours. Officiellement, la livre est toujours indexée sur le dollar depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres.
Le syndicat des bouchers et des négociants en bétail a rapporté mardi dans un communiqué la fermeture de "plus de 60% des boutiques de viande" en raison de "la montée en flèche du dollar". "Débloquez notre argent des banques ou subventionnez le secteur", a averti le syndicat à l'adresse des autorités. "Sinon nous n'aurons pas d'autre choix que la fermeture".
La crise actuelle a sonné le glas d'une classe moyenne déjà érodée par des années de ralentissement économique. Selon les autorités, 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Malheureusement l'armée est aussi noyautée et risque de se scinder si un coup d'état militaire était tenté.
09 h 00, le 01 juillet 2020