Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a appelé mardi, lors de la quatrième édition de la conférence de Bruxelles (par visioconférence cette année en raison de la pandémie du Covid-19) sur l’aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région, la communauté internationale à protéger le Liban des répercussions négatives des sanctions contre la Syrie, notamment américaines prévues par la loi César.
"Je voudrais vous assurer de la détermination du Liban à poursuivre la coopération avec vous tous afin de soulager la détresse des déplacés et réfugiés syriens et de renforcer les capacités de leurs pays d'accueil", a d'emblée affirmé Hassane Diab, lors de son allocution retransmise en direct par vidéo lors de cette conférence des donateurs organisée en avec l'UE depuis Bruxelles. La conférence a permis de lever 6,9 milliards d'euros (7,7 milliards de dollars), dont 4,9 milliards pour l'année 2020, a annoncé la Commission européenne.
"Un héritage lourd"
"La conférence de Bruxelles se tient en ces temps de bouleversements et de tensions dans les relations internationales, notamment l'absence de solution politique au conflit syrien et le déclenchement de la pandémie de Covid-19", a-t-il rappelé. "Comme vous le savez, le Liban accueille le plus grand nombre de personnes réfugiées et déplacées par habitant au monde. Le coût du déplacement syrien au Liban a dépassé les 20 milliards de dollars selon le ministère libanais des Finances en 2015. On estime que ce montant dépasse actuellement 40 milliards de dollars. Je m'interroge sur la capacité des pays à résister à de telles pressions s'ils avaient été confrontés simultanément à de nombreux défis comme l'est le Liban", a encore souligné le Premier ministre. "Il s’agit en effet d’un héritage lourd et d’une tâche monumentale pour un gouvernement relativement nouveau qui a pris ses distances avec les considérations sectaires et politiques étroites pour sauver un pays en proie à des crises socioéconomiques et financières", a fait remarquer M. Diab, avant de revenir sur la crise économique que traverse le Liban et l'aide financière qu'il a réclamée au Fonds monétaire international (FMI) après avoir fait défaut sur le remboursement de sa dette en dollar. "Il est à craindre que la tension entre les réfugiés syriens et les communautés d'accueil libanaises, mais aussi au sein de ces mêmes communautés, ne s'intensifie en raison du ralentissement économique", a prévenu Hassane Diab.
Loi César
"Alors que nous sommes confrontés à une crise multiforme, aiguë et sans précédent, nous sommes pleinement conscients que la responsabilité première du redressement repose sur les Libanais eux-mêmes. Néanmoins, la préservation de la paix et de la sécurité internationales, dans le contexte des turbulences actuelles dans la région, et la création d'un environnement propice à la croissance est une responsabilité mondiale partagée", a ensuite rappelé le Premier ministre. "J'appelle ainsi les Nations unies, l'Union européenne et les pays amis à protéger le Liban des répercussions négatives de toute sanction qui pourrait être imposée aux Syriens, en particulier dans le cadre de la loi César, et à veiller à ce que ces répercussions ne perturbent pas nos activités commerciales et économiques à l'étranger, compromettant ainsi nos efforts actuels pour sortir de la crise que traverse le pays", a par la suite affirmé Hassane Diab.
La loi César, est entrée en vigueur le 17 juin et impose des sanctions sévères contre quiconque soutient le régime de Bachar el-Assad, dans certains secteurs économiques, notamment la reconstruction, mais aussi le pétrole et le gaz. Promulguée par le président américain en décembre, le Caesar Syria Civilian Protection Act suscite des craintes libanaises sur son impact sur le pays où des responsables ou leaders politiques, avec à leur tête le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, appellent les autorités à coopérer avec le régime syrien. Le chef du parti chiite avait même affirmé dernièrement que la loi César vise à "affamer" la Syrie et le Liban.
"Alors que le gouvernement libanais réaffirme son engagement et sa solidarité avec les personnes déplacées à cause de la guerre en Syrie, il souhaite également rappeler que la solution durable pour les déplacés syriens réside dans leur retour en Syrie en toute sécurité, dans la dignité et sans coercition, conformément au droit international et au principe de non-refoulement. Ce retour ne devrait pas attendre le règlement politique du conflit syrien", a conclu Hassane Diab.
Le Covid-19 et la crise économique sans précédent que traverse le Liban n’ont pas seulement augmenté le taux de pauvreté parmi les réfugiés syriens, mais aussi au sein de la communauté hôte. Cette plongée brutale dans l’indigence rend égaux face à l’adversité les Libanais comme les réfugiés syriens vivant sur le territoire. Au Liban, le pourcentage des réfugiés vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté s’est accru, passant à 75 % cette année selon le HCR, contre 55 % en 2019. En parallèle, selon les projections de la Banque mondiale, plus de 70 % de la population libanaise devrait se retrouver en deçà du seuil de pauvreté d’ici à la rentrée prochaine.
L'engagement de l'UE
En soirée, la délégation de l'Union européenne au Liban a précisé dans un communiqué que la communauté internationale a salué, lors de la réunion ministérielle de Bruxelles, "les efforts extraordinaires du Liban pour accueillir le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde". "Pour répondre aux besoins croissants du peuple libanais et des réfugiés syriens, l'Union européenne a souligné qu'elle était prête à s'engager de manière constructive avec un gouvernement déterminé à mettre en œuvre des réformes structurelles et à améliorer son système de gouvernance", précise le texte qui rappelle l'aide apportée au cours des dernières années par l'UE au Liban. "L'Union européenne reste solidaire du Liban et du peuple libanais en ces temps difficiles et elle est attachée à son unité, sa souveraineté, sa stabilité, son indépendance politique et son intégrité territoriale", conclut le communiqué.
commentaires (10)
On peut changer de premier ministre , mais rien ne changera, le pouvoir ne se trouve pas aux mains du gouvernement , mais entre les mains des anciens seigneurs de la guerre, aucun d'entre eux ne veut de changements, le changement c'est la perte de leur pouvoir, ils préfèrent détruire le pays et régner sur la merde qui va rester quand tous les gens simples auront émigrés.
HADDAD Fouad
18 h 13, le 30 juin 2020