Après une longue absence de la scène politique damascène, le chef de la diplomatie syrienne Walid Moallem est réapparu hier pour commenter l’entrée en vigueur de la loi américaine César sur un ton qui laisse transparaître la détermination de la Syrie à ne pas lâcher prise au Liban.
« La Syrie est prête à coopérer avec le Liban pour faire face à la loi César », a-t-il dit lors d’une conférence qu’il a tenue à Damas, sans toutefois dire par quels moyens, alors que le texte qui est entré en vigueur le 17 juin impose des sanctions sévères contre quiconque soutient le régime de Bachar el-Assad, dans certains secteurs économiques, notamment la reconstruction, mais aussi le pétrole et le gaz. Parallèlement, Walid Moallem a opposé une fin de non-recevoir aux appels libanais à un déploiement de forces internationales à la frontière commune, nord et est, plusieurs personnalités libanaises hostiles à l’axe syro-iranien ayant récemment réclamé un déploiement de la Finul tout le long de la frontière avec la Syrie, pour mettre fin aux opérations de contrebande et à la circulation d’armes et de combattants entre les deux pays.
Lors de sa conférence de presse, Walid Moallem a assuré que la loi César adoptée par les États-Unis ne ferait pas plier son pays. « Nous sommes prêts à coopérer avec le Liban dans la bataille contre la loi César », a-t-il souligné. Il a cependant ajouté que « jusqu’à présent, il n’y a pas de contact entre le gouvernement libanais et nous. Lorsqu’ils souhaiteront prendre contact, la Syrie sera prête ».
Promulguée par le président américain en décembre, la loi César – ou Caesar Syria Civilian Protection Act – est entrée en vigueur au milieu de craintes libanaises sur son impact sur le pays où des responsables ou leaders politiques, avec à leur tête le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, appellent les autorités à coopérer avec le régime syrien. Le chef du parti chiite avait même affirmé dernièrement que la loi César vise à « affamer » la Syrie et le Liban.
« S’ils (les États-Unis) rêvent que la Syrie et son peuple se soumettront à leurs conditions, alors je dirais “qu’ils continuent de rêver car cela n’arrivera jamais” », a affirmé Walid Moallem. L’objectif réel de ces sanctions est « d’influencer l’élection présidentielle qui approche » (prévue en 2021, NDLR), a-t-il assuré, suggérant que Washington tentait d’affaiblir les soutiens de M. Assad. « Le président Assad restera aussi longtemps que le peuple syrien voudra », a-t-il ajouté. Selon lui, les Syriens devraient se battre pour utiliser ces sanctions comme « une opportunité pour développer l’économie nationale, atteindre l’autosuffisance et approfondir la coopération avec les amis et alliés ». Pour M. Moallem, ces sanctions visent à forcer Damas à « abandonner ses alliances (...) pour prendre la voie de la normalisation avec Israël ».
Non à la Finul aux frontières
En réponse à une question sur un éventuel déploiement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) le long de la frontière entre les deux pays, Walid Moallem a répondu : « Nous sommes contre la présence de forces internationales le long de notre frontière avec le Liban. Nous ne sommes pas un pays ennemi du Liban, mais un pays frère. L’ennemi, c’est Israël. » Il a indiqué que l’éventualité d’un déploiement de forces de l’ONU à la frontière commune ne semblait pas sérieuse.
Sit-in de soutien au Liban
La conférence de presse de M. Moallem à Damas est intervenue alors qu’à Beyrouth un sit-in de protestation contre la loi César était pour la première fois organisé devant l’ambassade de Syrie à Yarzé, par des représentants de partis et de courants politiques proches de Damas.
S’exprimant à cette occasion au nom des protestataires, le coordinateur général du Front d’action islamique, le cheikh Zouheir al-Jaeid, a dénoncé « un complot américano-sioniste contre le Liban et la Syrie » et promis que « l’axe de la résistance vaincra ».
commentaires (5)
Je ne savais pas qu'ils avaient embauchés un nouveau comique en Syrie !!!
Zeidan
14 h 15, le 24 juin 2020