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Lifestyle - Un peu plus

Et nos enfants dans tout ça ?

Et nos enfants dans tout ça ?

Photo Bigstock

Ils auraient dû passer leur bac, leur brevet. Ils auraient dû célébrer la fin de l’école avec une prom night où aurait trôné une grande banderole estampillée 2020. Les filles auraient couru les magasins pour s’acheter une belle robe et les garçons auraient porté un joli costume. Ils se seraient tapé une cuite, riant pour certains, vomissant pour d’autres. Ils auraient passé l’été en faisant la java avant de s’installer sur les bancs de l’université, ici ou ailleurs. Ils auraient dû fêter leurs 18 ans avec leurs potes en glissant sur un dancefloor de lumières. Mais ils n’ont rien eu de tout ça. Nos enfants, dans la fleur de l’âge, ont été privés d’une étape importante de leur vie. Ils ont été amputés d’un passage ritualisé dans l’âge adulte. Et ils ne savent pas aujourd’hui où le vent les emportera ; si leurs parents pourront leur assurer un avenir. S’ils devront bosser ou s’endetter pour payer leurs études.

Au lieu de ça, ils ont été confinés avec leurs parents, se faisant dicter leurs faits et gestes, au lieu de continuer à se révolter contre eux. De longues semaines se sont imposées à eux, les privant de tout contact humain, et peut-être de leurs amours naissantes. Ces jeunes amoureux se sont vus de loin. À plus d’un mètre. Ne pouvant ni enlacer leurs doigts ni s’embrasser furtivement. Et probablement, plus que nous, ils ont souffert de ces absences.

Nous n’avons pas été les seuls à souffrir de cet arrêt du temps. Les plus petits ont également été affectés, les ados ayant trouvé des plans B, jouant tour à tour à des jeux online, découvrant les joies de Netflix, papotant en video calls sur House Party ou WhatsApp. Les plus petits ont été coupés de leurs ami(e)s, de leurs camarades de classe. Et Dieu seul sait combien ça a manqué à la plupart d’entre eux. On les a entendus dire qu’ils avaient envie de voir leur maîtresse, de courir dans la cour de récréation, de prendre des fous rires en classe. Qui aurait pensé qu’un enfant aurait envie de retourner à l’école pour reprendre une vie normale. Coincés dans leur appartement, ils ont dû affronter le silence et les cours sur Zoom sans vraiment pouvoir se concentrer. Ce fut dur pour leurs parents aussi. Devenir prof, garder leur patience et les supporter pendant 24 heures en écoutant leurs jérémiades, leurs incessantes demandes et questions, et entendre inlassablement des appels comme maman ou papa.

Se retrouver en famille n’a pas toujours été facile. Partager le même espace, les repas, les conversations. Mais se retrouver en famille n’a pas seulement été pénible. Il a permis à beaucoup de (re)nouer des liens. De discuter entre générations, de se découvrir, d’apprendre les uns des autres. Cela a permis aux adultes de canaliser les angoisses de leur progéniture. De mieux les connaître. De les voir plus souvent qu’entre deux soirées ou trois activités. Et finalement, comme pour beaucoup de choses, le confinement aura aussi été bénéfique. Même si les engueulades furent nombreuses. Même si certains ont explosé, burn-outé, craqué d’avoir en permanence jonglé entre le boulot, la cuisine et les études. Le confinement nous aura permis de nous découvrir mais aussi de rencontrer ceux qui vivent avec nous. De nous rapprocher les uns des autres. Il nous aura appris la patience, la compréhension. Il nous aura rappelé que nous avons également été des enfants, des adolescents bourrés de complexes et de questionnements, des adolescents en proie à la valse des hormones. Il nous aura rappelé la chance que nous avons d’être parents. La chance d’avoir construit une famille. Quand d’autres étaient seuls.

Il aura aussi permis aux enfants de regarder leurs parents d’un autre œil. De les désacraliser en voyant apparaître leurs failles et leurs angoisses. De leur pardonner leur sévérité et de comprendre que chaque être humain a besoin de limites et que le rôle des parents n’est pas de se faire aimer de leurs enfants mais de les diriger, parce que justement, eux, les aiment. C’est une partie de leur histoire qui vient de s’écrire et plus tard, quand ils auront grandi, mûri ou vieilli, ils regarderont ce qui sera devenu leur passé, avec tendresse, parce que le confinement leur aura fabriqué, quand même, de beaux souvenirs.

Ils auraient dû passer leur bac, leur brevet. Ils auraient dû célébrer la fin de l’école avec une prom night où aurait trôné une grande banderole estampillée 2020. Les filles auraient couru les magasins pour s’acheter une belle robe et les garçons auraient porté un joli costume. Ils se seraient tapé une cuite, riant pour certains, vomissant pour d’autres. Ils auraient passé...

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