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Nos Lecteurs ont la Parole

Allez donc voir ailleurs si j’y suis...

J’ai trouvé ce matin sur mon téléphone portable, en guise d’anecdote, le bon mot suivant :

« À présent qu’il va être permis de mettre le nez dehors pour respirer plus largement, il va falloir, comble du ridicule, porter un masque. »

Il est encore heureux que, dans cette atmosphère devenue irrespirable, il nous soit resté un brin d’humour. Sauf que le comble du ridicule, à mon sens, se situe plus loin et se révèle autrement plus marquant.

Il s’agit de cette « mare au diable » dans laquelle barbotent aujourd’hui tous les hommes tels de vilains crapauds. C’est à se demander de quelle façon devraient agir nos valeureux techniciens et hommes de science face au dilemme récurrent des pandémies. Je fais allusion ici à tous ceux que le monde entier est censé admirer. À ceux qui ont réussi à nous faire voyager jusqu’à la Lune. À ceux qui ont mis au point la bombe atomique. À ceux qui fabriquent des robots sophistiqués et vont jusqu’à traficoter nos gènes naturels. À ceux enfin qui nous promettent déjà de faire naître des êtres humains conçus sur mesure… Tous ceux-là qu’un méchant virus vient de mettre à genoux en se gaussant de leurs contradictions sur fond d’horizon glauque où se noient leur savoir et leurs compétences.

Pour la première fois depuis longtemps, les voilà au pied du mur, décontenancés et penauds, établissant des pronostics de boutiquiers et distribuant des conseils dont ils déclarent eux-mêmes ne pas en être certains.

Va-t-on encore une fois avoir recours à la religion triomphante à notre époque, faite de science, de technologie et de savantes recherches ? Va-t-on puiser l’inspiration nécessaire du côté de l’économie financière, de la société de consommation ou des effets de la conquête de l’espace ? Asservis comme ils le sont à la prééminence de la matière qui a fait leur renommée, nos savants oublient qu’ils ont occulté entre-temps cet autre volet qui fait la fierté de la race humaine : l’esprit et sa transcendance. Imbus de leurs propres succès, ils ne font confiance qu’à leur propre labeur et à leur seule intelligence. Pour eux, le phénomène qui illustre ce parfum universel à la base de toute création n’est sans doute pas le flux qui n’a cessé de guider les progrès matériels du monde vivant.

Or voici que la matière, se développant jusqu’au bout d’elle-même, fait éclore l’éventualité de pernicieux microbes jouant au trouble-fête… Et il semble bien que personne, à ce jour, n’ait encore tiré les conclusions qui s’imposent. Celles qui nous obligeraient à mettre une sourdine aux interrogations du « comment », afin de rappeler celles plus subtiles du « pourquoi »…

Faut-il que la curiosité légendaire de l’homme se soit à ce point bloquée sur la seule énergie de la matière ! Reste néanmoins pour certains d’entre nous la faculté de dénoncer haut et fort la persistance des tabous qui étouffent la sphère de l’esprit.

À ce stade, il nous incombe d’urgence de redécouvrir les grandes valeurs spirituelles inscrites à la base de nos racines telles que la saine vision de tout progrès, l’éthique, l’amour, la foi ! Autrement dit, notre capital personnel, invisible il est vrai, mais terriblement présent partout.

Il est bon de rappeler qu’en l’espace de trente ans seulement, deux évènements majeurs auront infléchi la marche du monde : la chute brutale du système bolchévique en 1989 et l’explosion du Covid-19 en 2020. À ce rythme-là, rien n’interdit d’espérer un troisième bouleversement qui viendrait chambouler nos certitudes actuelles, nos doctrines sectaires, nos coutumes décadentes et ce déni de beauté que la frénésie de la mondialisation a poussé jusqu’au paroxysme.

Aux yeux des braves gens naïfs que nous sommes, des désespérés que nous devenons, des croyants que nous avons toujours été, une seule issue se présente aujourd’hui en vue d’une éventuelle résilience : avoir un clin d’œil divin qui ne tient qu’à un fil. Un fil ténu comme l’est la foi. Je le résumerai en une phrase à l’adresse de tous les « pragmatiques » de la planète. C’est une supplique aussi folle que nos mœurs, aussi ambiguë qu’un vœu pieux, aussi risquée que l’aventure de notre existence et qui est ceci :

« Allez donc voir ailleurs si j’y suis ! »

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

J’ai trouvé ce matin sur mon téléphone portable, en guise d’anecdote, le bon mot suivant :« À présent qu’il va être permis de mettre le nez dehors pour respirer plus largement, il va falloir, comble du ridicule, porter un masque. »Il est encore heureux que, dans cette atmosphère devenue irrespirable, il nous soit resté un brin d’humour. Sauf que le comble du...

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