Beyrouth a réclamé mercredi un renouvellement du mandat de la Force intérimaire de l'ONU au Liban-Sud (Finul), pour une année supplémentaire, sans y apporter de modification concernant le nombre de soldats déployés ou le statut et les missions des Casques bleus.
Conformément à ce qu'avait déjà approuvé le Conseil des ministres vendredi, le Liban demande au Conseil des sécurité de "renouveler le mandat de la Finul pour un an supplémentaire, sans aucune modification apportée à son statut", a déclaré le président libanais, Michel Aoun. Il a espéré qu'avec ce renouvellement du mandat, la force internationale pourra "continuer à jouer son rôle vital, nécessaire au niveau régional et international". Le chef de l'Etat a fait cette déclaration lors d'une réunion au palais présidentiel avec les ambassadeurs des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, en présence du Premier ministre, Hassane Diab, du ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, et du coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban, Jan Kubis.
Rappelant que la déclaration ministérielle du cabinet Diab "confirme l'engagement du gouvernement au respect de la résolution onusienne 1701 et au soutien de la Finul", le chef de l'Etat a réitéré "l'importance de poursuivre et renforcer la coopération entre l'armée libanaise et la force onusienne" et souligné "le rôle que joue cette dernière dans la surveillance des infractions terrestres, maritimes et aériennes quotidiennes du territoire libanais par Israël". Il a rappelé avoir envoyé à plusieurs reprises des rapports détaillés de ces violations au Conseil de sécurité. Et de souligner que cette coopération a permis au Liban-Sud de rester "calme depuis 14 ans".
Commentant par ailleurs les incidents qui ont éclaté ces dernières semaines entre les troupes onusiennes et des groupes de jeunes des villages du Sud, le chef de l'Etat a souligné que ces tensions "n'établissent pas spécialement une atmosphère négative", étant donné qu'elles sont très rares et que leurs causes sont connues. "Il est possible d'éviter de nouveaux incidents similaires en renforçant la coopération avec l'armée libanaise", a-t-il estimé. Il a encore souligné que "la Constitution libanaise prévoyant le respect des propriétés privées et la nécessité de demander une autorisation préalable pour y entrer", en référence à la demande de Washington d'élargir le mandat des Casques bleus pour qu'ils puissent effectuer des inspections de zones tenues par le Hezbollah, en y menant notamment des perquisitions. "La stabilité dans le Sud reste donc la responsabilité du gouvernement libanais et de l'armée, qui doivent fournir à la Finul les facilités nécessaires pour accomplir sa mission", a ajouté M. Aoun. Le président Aoun a encore invité la Finul à soutenir toujours plus l'armée, "qui œuvre dans des conditions très délicates" en raison des multiples crises que connaît le pays.
"Imposer la mise en application de la 1701 à Israël"
De son côté, Hassane Diab s'est également prononcé en faveur d'un renouvellement sans amendement du statut de la force onusienne. "Nous espérons que la communauté internationale comprendra nos mises en garde contre tout amendement, qu'il concerne le nombre de militaires déployés ou les missions" de la Finul. "La résolution 1701 a permis d'assurer le calme le long de la frontière sud, grâce aux efforts des forces de l'ONU, conformément à leur statut actuel", a ajouté le Premier ministre qui a relevé que "la Finul a enregistré des dizaines de milliers de violations israéliennes ces 14 dernières années".
Il a souligné que ce statut "rassure les habitants du Sud sur le fait que personne n'a de mauvaises intentions à leur encontre". Et M. Diab de souhaiter que le Conseil de sécurité parvienne à "imposer la mise en application de la résolution 1701" à l'Etat hébreu. "La présence de la Finul au Liban-Sud est une nécessité internationale plus qu'une revendication libanaise", a-t-il poursuivi.
Les Etats-Unis et Israël réclament depuis longtemps des modifications dans le statut de la Finul, de manière à lui permettre de faire face plus efficacement aux activités du Hezbollah contrevenant à la résolution 1701 du Conseil de sécurité dans la zone de déploiement de la force onusienne. Les États-Unis veulent notamment imposer un calendrier afin de garantir que la Finul aura accès aux zones qui doivent être inspectées. En outre, Washington souhaite inclure un libellé qui améliore la capacité de la Finul à vérifier la mise en œuvre des résolutions onusiennes. Faute de quoi, les effectifs des Casques bleus devraient être revus à la baisse. Le Liban, de son côté, souhaite au contraire un renouvellement sans changement du mandat des Casques bleus et une condamnation plus effective des violations israéliennes de cette même résolution. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait invité, dans son dernier rapport sur l’application de la résolution 1701, les différentes parties à parvenir à un accord sur les points de contentieux en suspens en coordination avec la Finul, dans l’objectif d’éviter toute tension le long de la Ligne bleue.
Jusqu'au 18 février dernier, la Finul était composée essentiellement de 10 368 militaires, dont 571 femmes, provenant de 45 pays qui fournissent des contingents.
commentaires (6)
"Rappelant que la déclaration ministérielle du cabinet Diab "confirme l'engagement du gouvernement au respect de la résolution onusienne 1701 et au soutien de la Finul", le chef de l'Etat.... Comme dit le poète Arabe: "si tu ne sais pas, c'est une catastrophe, et si tu sais c'est une catastrophe encore plus grande"! Car de deux choses l'une: ou bien le cabinet Diab n'a pas lu la résolution 1701, et il ne sait pas de quoi elle parle, ou bien il l'a lue, et il sait qu'il ne peut pas la respecter: car elle stipule l'application de la résolution "taboue" 1559...Et dans les deuc cas, le gouvernement libanais ment!
Georges MELKI
12 h 02, le 09 juin 2020