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Campus - ORIENTATION

Au Liban, les universités passent à l’heure des campagnes d’inscriptions numériques

Alors que nous ne sommes pas encore sortis du confinement, et que le pays continue de s’enfoncer dans une crise économique inédite, les universités libanaises s’activent sur le web pour recruter de nouveaux étudiants.

Capture d’écran de la page Facebook de l’USJ, campus du Nord. Depuis le début du confinement, les universités organisent des séances d’orientation académique à travers le web utilisant différentes plateformes de visioconférences.

C’est la grande question que se posent les universités privées aujourd’hui : comment attirer de nouveaux étudiants par les temps qui courent ? Car depuis le début du confinement, il est devenu impossible de se rendre dans les classes de terminale ou d’organiser des journées portes ouvertes. Pour compenser et s’adapter à cette nouvelle situation, c’est internet et les plateformes numériques qui, une nouvelle fois, sont mises à contribution. « Depuis l’épidémie de coronavirus, notre équipe de conseillers organise des orientations académiques à travers le web, tels que des séminaires d’orientation en ligne, utilisant des plateformes de visioconférences comme Webex, sur des sujets précis tels que les choix académiques ou les différentes formes d’assistances financières. Notre équipe communique aussi directement avec les étudiants par e-mail, téléphone ou visioconférence », explique Joseph Jabbra, président de l’Université libano-américaine (LAU).

Du côté de l’Université Saint-Joseph (USJ), un large éventail de moyens a été déployé pour rester au contact des futurs étudiants : séances de « questions/réponses » en direct sur Instagram et Facebook, sessions d’orientations sur Zoom et Teams avec les élèves du cycle secondaire de certains établissements scolaires, entretiens téléphoniques, séance en visioconférence avec le recteur, mise en place d’un nouveau numéro portable avec « WhatsApp business », diffusion d’affiches via ce réseau, ainsi que par mails, aux établissements scolaires… « De plus, nous avons opté pour une flexibilité dans les procédures et modalités d’admission pour la période régulière pour cette année ainsi que dans le paiement des souches d’inscription pour la période anticipée. L’USJ a prolongé les délais de paiement pour les souches d’inscription, a supprimé les concours d’entrée pour la majorité des formations durant la période régulière (sauf pour médecine et médecine dentaire) et a centralisé les bureaux d’admission de Beyrouth, tout en encourageant l’admission et le paiement des inscriptions en ligne. Nous avons aussi exceptionnellement suspendu les restrictions au Test d’aptitude en langue française (TALF) en acceptant les bacheliers du bac français qui ont réussi leur examen de français ainsi que les diplômes de langue délivrés par l’Institut Français », affirme Jana Aouad, directrice adjointe du service étudiant d’information et d’orientation de l’USJ.

Des aides financières vitales

Mais ces procédures visant à faciliter le recrutement ne sauraient à elles seules suffire à faire venir durablement les futurs étudiants dans les universités privées les plus prestigieuses du pays. Encore faut-il qu’un soutien financier existe et se déploie tout au long du parcours universitaire. Ainsi, les universités multiplient tant bien que mal des réductions de tarifs, tout en proposant bourses de scolarité, paiement en livres libanaises (au taux officiel) plutôt qu’en dollars, paiements échelonnés, prêts sans intérêt, le tout sans augmenter les frais de scolarité pour l’année 2020/2021. « En moyenne, 65 % des étudiants à la LAU bénéficient de diverses formes d’aides financières, telles que des plans de paiement échelonné des droits de scolarité, des prêts étudiants directs (que nous avons introduits lorsque les prêts bancaires n’étaient plus disponibles), ainsi que des plans de paiements s’étendant souvent au-delà des dates d’obtention du diplôme », affirme Joseph Jabbra.

Abondant dans le même sens, Jana Aouad annonce que « l’USJ a augmenté le budget des bourses et des aides financières diverses accordées jusqu’à plus de 22 millions de dollars américains cette année, et ce budget augmentera d’au moins 20 % jusqu’à la fin de l’année académique, ce qui constitue plus de 25% du budget total de l’université. Ces aides ont augmenté de plus de 100 % en huit ans, et la moyenne des bourses accordées est de 50 % du montant de la scolarité ».

Du côté de l’ESA, Maxence Duault annonce : « Nous proposons aujourd’hui des bourses d’excellence pour nos BBA (licences) et MBA (masters), permettant de financer jusqu’à 50 % des frais de scolarité. Nous avons aussi signé un partenariat avec l’association Lebanese International Finance Executive (LIFE) au mois de janvier, sur la base duquel nous proposons des aides financières allant de 6 000 à 12 000 dollars. Également en réponse à la crise, nous avons mis en place une Bourse sociale d’entreprise (ou Corporate Social Scholarship) à l’attention d’employés licenciés ou mis à temps partiel par l’entreprise, leur permettant de bénéficier d’une formation à l’ESA à moindre coût, grâce à un cofinancement entre l’ESA et l’entreprise partenaire. Enfin, nous prévoyons actuellement des réductions de frais pour certains secteurs d’activité, comme pour les personnels de santé, que nous souhaitons ainsi remercier pour leur combat contre la Covid-19, quitte à sacrifier nos marges sur certains de nos programmes ».

Le risque d’une baisse des inscriptions ?

Avec d’un côté la raréfaction des dollars disponibles, le contrôle des capitaux, les licenciements, les réductions de salaire, la dévaluation de facto de la livre libanaise, et d’un autre côté des universités privées dont les tarifs oscillent en moyenne entre 10 000 dollars et plus de 20 000 dollars par an selon les filières et les établissements, comment ne pas craindre une baisse des inscriptions pour l’année prochaine ? Le président de la LAU, Joseph Jabbra, fait part de son inquiétude à ce sujet : « Bien qu’aucun effort ne soit épargné pour maintenir et augmenter nos effectifs, la LAU, compte tenu de l’ampleur de la pandémie de Covid-19 et de la crise économique, ne sera pas surprise de voir une baisse de 10 % du nombre des inscrits. C’est une source de grande préoccupation pour nous car cela signifie que plusieurs centaines de jeunes hommes et femmes brillants ne pourront pas rejoindre l’université de leur choix. » Inquiétude que son homologue à l’ESA, Maxence Duault, partage. « La crise libanaise est majeure et aucune institution locale n’est malheureusement épargnée. Une baisse de nos inscriptions est inévitable », estime-t-il.

Pourtant, l’USJ et l’AUB, peut-être parce que plus anciennes au Liban, ne voient pas forcément la situation du même œil : Antoine Sabbagh, directeur des admissions et des aides financières à l’AUB, affirme que « rien n’a changé en ce qui concerne les demandes en première année », alors que Jana Aouad, directrice adjointe du service étudiant d’information et d’orientation de l’USJ, déclare : « L’idée répandue que les moyens financiers risquent d’empêcher les candidats de postuler à une université privée de grande renommée comme l’USJ est fausse. L’USJ garde une scolarité modérée et rassemble des étudiants de toutes les classes sociales. Cette année, nous avons eu un grand nombre de candidats qui ont confirmé leurs inscriptions durant la période d’admission anticipée, et nous avons deux périodes d’admission encore (régulière et tardive). »

Quant à l’Université libanaise (UL), dont les frais de scolarité sont quasiment gratuits, c’est sans surprise qu’elle anticipe une forte augmentation des inscriptions pour l’année 2020/2021, comme l’atteste Hoda Moukannas, responsable de communication à l’UL. « Nous prévoyons effectivement une augmentation dans les demandes d’inscription de l’ordre de 20 à 25%, due au retour des étudiants de l’étranger et à un défaut de paiement des frais d’inscription dans les universités privées pour cause de crise économique », dit-elle. « L’Université libanaise pourrait jouer un rôle central, mais elle doit elle-même faire face à de nombreux défis, y compris la question de son financement futur, dans un contexte où beaucoup d’incertitudes existent sur l’avenir des finances publiques libanaises », note toutefois Maxence Duault.

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