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Économie - Crise

Le Liban adopte un plan de relance pour tenter de sauver l'économie

"Aujourd'hui est un jour historique" pour le pays, se félicite le président Aoun.

Le gouvernement de Hassane Diab, réuni le 30 avril 2020 au palais de Baabda sous la présidence de Michel Aoun. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement libanais a adopté à l'unanimité jeudi en ce "jour historique", selon le président Michel Aoun, son plan de réformes très attendu visant à redresser le pays qui traverse la pire crise économique et financière depuis 30 ans, dans un contexte de regain de la contestation populaire émaillé de violence ces derniers jours.

Les ministres, réunis au palais présidentiel de Baabda, ont introduit des amendements au plan, dont les grandes lignes avaient été présentés par le directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani. Ainsi, selon des informations de la chaîne locale LBCI, le "bail-in", à savoir la conversion par les banques d'une partie des dépôts en actions, a été rendu facultatif. Et selon des informations de notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, le cabinet n'a finalement pas libéralisé le taux de change de la livre libanaise, un taux qui a augmenté de 200% par rapport au dollar.

"La décision concernant le taux de change de la livre revient à la Banque du Liban", a déclaré le Premier ministre Hassane Diab lors d'une discussion à bâtons rompus avec des journalistes à l'issue du Conseil des ministres. "S'il était fixe dans le passé, alors pourquoi n'arrive-t-il pas à le stabiliser aujourd'hui ?", s'est-il interrogé. La semaine dernière, le Premier ministre avait, sur ce sujet, pris à partie le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, qui se trouve sous le feu des critiques de certaines formations politiques et des contestataires, et qui a lui répondu lors d'une longue intervention mercredi.

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"Il doit y avoir une coordination entre la politique financière du ministère des Finances et la politique monétaire de la BDL afin de ne pas faire porter la responsabilité à une seule partie", a souligné la porte-parole du gouvernement, la ministre de l'Information, Manale Abdel Samad, à l'issue du Conseil des ministres.

Dans ce contexte, une réunion a regroupé M. Salamé, le procureur financier Ali Ibrahim et le président du syndicat des changeurs Mahmoud Mrad. Les parties se sont accordées sur l'obligation pour les changeurs de s'aligner sur le tarif de 3.200 L.L. pour un dollar fixé par la BDL, sous peine d'être arrêtés.


Dette : tractations entre six et neuf mois
Ce plan est très attendu par la communauté internationale qui réclame des autorités libanaises des réformes structurelles pour aider et soutenir financièrement le pays. Sur ce plan, le chef du gouvernement a affirmé que ce plan va servir à lancer les négociations sur la restructuration de la dette souveraine, par l'intermédiaire du cabinet Lazard. Des tractations qui vont prendre entre six et neuf mois. Il a également indiqué qu'aucun ministre n'a exprimé de refus de discuter avec le Fonds monétaire international (FMI) que le gouvernement a sollicité pour une assistance technique et "qui va nous aider à passer cette période difficile sur le plan économique". Interrogé sur une éventuelle aide du FMI à hauteur de 15 milliards de dollars, le PM a déclaré que cela faisait partie des négociations avec l'instance.

En réponse à ceux qui considèrent que ce plan constitue un "faire-part de décès", M. Diab a déclaré que la situation n'était pas à la fête. "Ne savent-ils pas que nous avons une dette qui s'élève à 80 milliards de dollars ?", a-t-il ajouté.

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En outre, M. Diab a indiqué que le plan n'avait pas besoin d'être voté par le Parlement, précisant cependant qu'il sera présenté aux commissions parlementaires pour être examiné. "Nous discuterons avec plusieurs des parties concernées afin de le mettre en œuvre", a-t-il ajouté.

Des informations sur le plan de relance, attendu de longue date, ont fuité dans les médias locaux et font état d'un besoin de 80 milliards de dollars pour sortir de la crise, dont entre 10 et 15 milliards de dollars de financements extérieurs sur les cinq prochaines années. Les réformes prévues, selon ces informations, comprennent des coupes dans les dépenses publiques et une restructuration de la dette de l'Etat, qui s'élève à environ 170% du PIB, l'un des taux les plus élevés au monde. En mars, le pays a annoncé être pour la première fois de son histoire en défaut de paiement.

Environ 45% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, selon des estimations officielles. Les banques ont imposé des restrictions draconiennes sur les retraits en dollars et les virements à l'étranger.


"Jour historique"
"Aujourd'hui est un jour historique pour le Liban car le gouvernement adopte pour la première fois un plan économico-financier après que l'absence de planification et de perspectives d'avenir ont entraîné le pays vers la ruine", avait déclaré le chef de l'Etat en ouverture du Conseil des ministres, qui a également rendu hommage aux travailleurs à la veille de la célébration du 1er mai. 

De son côté, M. Diab a déclaré que l'adoption de ce plan "va permettre de remettre le Liban sur les bons rails" et "déterminer la ligne de réformes de l'Etat". "Il s'agit d'un plan opérationnel, donnant une vision économique de l'avenir du Liban", a-t-il estimé, ajoutant que les chiffres annoncés par le passé "avaient permis de mettre les cendres sous le tapis".

Après l'adoption du plan, le président de l'Association des banques du Liban (ABL), Salim Sfeir, a dit espérer que M. Diab annonce que la première étape consistera à relancer l'activité économique. Saluant la volonté du Premier ministre de "préserver le secteur bancaire, moteur de la croissance économique et garante de la stabilité sociale", M. Sfeir a assuré que les banques étaient prêtes à "coopérer et à tendre la main à tous dans l'intérêt du Liban et des Libanais".

Le coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Jan Kubis, a également salué l'adoption du plan de redressement. "Le gouvernement a fait un pas important vers les réformes et la résolution de la crise fatidique en adoptant son plan de réformes. Maintenant, il revient aux forces politiques et à la société civile de donner leur avis sur ce plan, afin de paver la voie aux négociations avec le FMI et les autres partenaires internationaux du Liban", a-t-il déclaré.

L'adoption de ce plan intervient alors que la contestation populaire connaît un second souffle ces derniers jours. Le naufrage économique du pays a été l'un des éléments déclencheurs, le 17 octobre dernier, d'un mouvement de contestation inédit contre la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence, qui avait poussé le gouvernement de Saad Hariri à la démission. Toutefois, le nouveau cabinet Diab n'a pas réussi à apaiser la colère de la rue, mise sous l'éteignoir en raison des mesures de confinement mises en place pour enrayer la propagation du coronavirus sur le territoire. Ces derniers jours, les manifestations ont viré aux affrontements violents avec l'armée et les forces de l'ordre, notamment à Tripoli et Saïda.

Corruption et fonds volés : les mesures Najm examinées mardi
Par ailleurs, la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, a indiqué que l'examen des mesures qu'elle propose sur la lutte contre la corruption et la restitution des fonds dilapidés qui n'ont pas encore été adoptées sera à l'ordre du jour du prochain Conseil des ministres, mardi.

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En outre, Mme Abdel Samad, a indiqué que le gouvernement avait approuvé un projet de loi d'amendement concernant la commission d'enquête chargée du blanchiment d'argent, en tenant compte des remarques du ministère des Finances sur ce plan. Elle a également annoncé que le gouvernement avait adopté une stratégie de préservation des réserves d'hydrocarbures relevant d'Electricité du Liban dans un contexte d'extrême volatilité des prix du pétrole.


Le gouvernement libanais a adopté à l'unanimité jeudi en ce "jour historique", selon le président Michel Aoun, son plan de réformes très attendu visant à redresser le pays qui traverse la pire crise économique et financière depuis 30 ans, dans un contexte de regain de la contestation populaire émaillé de violence ces derniers jours. Les ministres, réunis au palais présidentiel de...

commentaires (6)

On a eu deux ‘ jours historiques’ dernièrement. Celui du gaz est raté. Le deuxième sera historique à l’exécution et non pas à l’adoption.

EL KHALIL ABDALLAH

19 h 06, le 30 avril 2020

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Commentaires (6)

  • On a eu deux ‘ jours historiques’ dernièrement. Celui du gaz est raté. Le deuxième sera historique à l’exécution et non pas à l’adoption.

    EL KHALIL ABDALLAH

    19 h 06, le 30 avril 2020

  • Chers Journalistes, Une monnaie ne peut perdre 200% de sa valeur. Une monnaie peut perdre au maximum 100% de sa valeur. La valeur de la livre par rapport au USD pour un taux de change de 4000 LBP pour 1 USD est 1/4000 = 0.00025 contre 1/1500 = 0.00066, la livre ayant perdu 62% (000066-0.00025)/0.00066 = 62/100 de sa valeur On pourrait donc dire soit: - La livre pers 62% de sa valeur par rapport au dollars -Le taux de change de la livre par rapport au dollar a augmenter de 200% Merci!

    Georges Khalil

    18 h 45, le 30 avril 2020

    • Cher Monsieur Merci pour votre commentaire, l'erreur a été corrigée. Cordialement

      L'Orient-Le Jour

      19 h 35, le 30 avril 2020

  • Le ‘jour historique’ ne sera pas à l’adoption du plan Mais à son éxecution.

    EL KHALIL ABDALLAH

    18 h 41, le 30 avril 2020

  • "... "La décision concernant le taux de change de la livre revient à la Banque du Liban" ...". Ah oui? Donc En attendant le ‘haircut" continue de facto sous forme de conversion forcée des avoirS en dollars au taux de 1500, alors qu’en dehors du "circuit bancaire" toit est devenu à 3200. Parlez-en à votre supermarché que vous réglez en dollars (pour ceux dont le compte est en dollars donc)... >:-(

    Gros Gnon

    18 h 17, le 30 avril 2020

  • 45/oo de pauvres au Liban c'est une honte , il faut prendre tous ces Ali Baba et les mettre en prison

    Eleni Caridopoulou

    18 h 06, le 30 avril 2020

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