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Le péché par omission

Tout le monde en est aujourd’hui conscient, à tel point que cela est devenu une lapalissade… Les réseaux sociaux s’imposent de plus en plus comme un formidable instrument d’information et de mobilisation, mais aussi de désinformation et de manipulation. Séparer le bon grain de l’ivraie dans de telles conditions n’est pas chose aisée. Les Libanais sont les mieux placés pour le savoir du fait qu’au Liban, l’accès à l’information, pourtant consacré par la loi, n’a pas encore été véritablement intégré dans la structure mentale de nos responsables officiels. Si bien que seuls les faits, les faits objectifs et réels, peuvent constituer un critère de jugement.

À cela devrait s’ajouter une démarche complémentaire : ne pas personnaliser de manière passionnelle la perception d’un problème en faisant preuve aveuglément d’empathie ou d’agressivité envers une personnalité en cause, comme le font très souvent les Libanais. L’attachement à des principes et des valeurs devrait être de ce fait le seul repère pour un positionnement honnête.

Cela s’applique au cas du débat fiévreux qui se poursuit depuis plusieurs mois afin de cerner les responsabilités dans l’effondrement économico-financier qui ébranle le pays. La violente diatribe lancée vendredi dernier par le Premier ministre Hassane Diab contre le gouverneur de la Banque du Liban, sur le perron du palais présidentiel et au terme d’une séance du cabinet, a relancé la polémique sur ce plan. Sur un ton particulièrement agressif – quelque peu surprenant pour un président du Conseil –, le Premier ministre a fait état d’erreurs et de manquements dans la gestion du gouverneur de la BDL tout en annonçant que des sociétés d’audit seront chargées d’investiguer sur les comptes de la Banque centrale. Comment le PM a-t-il pu rendre son verdict de manière aussi tranchée avant même que l’audit n’ait été mis en chantier ? Il s’est plaint en outre du manque de « transparence » dans le bilan et les chiffres de la Banque centrale alors que son ministre de l’Économie affirmait exactement le contraire quelques jours auparavant, soulignant que le gouverneur de la BDL avait transmis au Premier ministre un gros dossier exposant précisément les chiffres et le bilan en question.

Sur le plan de la forme, l’attaque frontale lancée par le chef du gouvernement est soit un faux pas très maladroit dans le contexte présent, soit le fruit d’une « opération commandée » induite par l’une des forces (très peu) occultes qui parrainent en coulisses l’action de l’équipe ministérielle. Elle est en tout état de cause d’autant plus malencontreuse qu’elle a fait l’effet d’un catalyseur précipitant les actes de vandalisme qui ont visé plusieurs branches bancaires dans certaines régions du pays.

Mais bien au-delà de cette question de forme, la déclaration de guerre du chef du gouvernement pèche surtout par omission. Elle rejette toute la responsabilité de la crise du déficit public sur un seul homme, occultant de façon foncièrement malhonnête (il faut appeler les choses par leur nom…) le rôle des formations politiques et chefs de file qui, eux, ont conduit le pays à la ruine… Quelqu’un peut-il encore feindre d’ignorer qui a provoqué un énorme déficit budgétaire en faisant embaucher au fil des ans toute sa clientèle partisane et électorale dans les différentes administrations publiques ? Qui s’est obstiné à faire approuver une nouvelle échelle des salaires dans le secteur public, en faisant la sourde oreille à tous ceux qui mettaient en garde contre une telle mesure en proposant, mais en vain, que cette augmentation soit étalée sur trois ans afin, précisément, de ne pas aggraver le déficit public ? Peut-on en outre occulter la responsabilité de ceux qui n’ont pas su s’imposer lorsqu’ils étaient à la tête de l’exécutif pour stopper net l’effondrement qui pointait bel et bien à l’horizon ? Est-il possible de passer sous silence le comportement de ceux qui pendant plus de dix ans n’ont rien fait pour mettre un terme au déficit colossal dans le secteur de l’électricité ?

Peut-on encore faire l’impasse sur la ligne de conduite de ceux qui ont torpillé l’économie du pays en s’impliquant dans des aventures guerrières un peu partout dans la région, en faisant fuir les investissements et en sapant les relations arabes et internationales du Liban du fait de leur permanente posture belliqueuse à l’égard des pays amis ? Peut-on faire semblant d’ignorer, dans le partage des responsabilités, que cette même formation politico-milicienne a creusé d’année en année le déficit public en court-circuitant à son profit les recettes douanières au Port, à l’aéroport et aux frontières avec la Syrie ? Ces réalités ont, certes, été maintes fois dénoncées dans ces mêmes colonnes. Mais s’il est encore nécessaire de les rappeler, c’est parce que les tentatives répétées de les occulter et de faire diversion en rejetant toute la responsabilité de la crise sur une seule personne et sur un seul secteur d’activité bien précis cachent mal des desseins inavouables. Le patriarche maronite Béchara Raï a été jusqu’à mettre en garde contre une volonté de « changer le visage du Liban ». À l’ombre des coups de force miliciens successifs assenés ces dernières années au pays du Cèdre, ce cri d’alarme lancé de Bkerké n’est sûrement pas une simple vue de l’esprit.

Tout le monde en est aujourd’hui conscient, à tel point que cela est devenu une lapalissade… Les réseaux sociaux s’imposent de plus en plus comme un formidable instrument d’information et de mobilisation, mais aussi de désinformation et de manipulation. Séparer le bon grain de l’ivraie dans de telles conditions n’est pas chose aisée. Les Libanais sont les mieux placés pour le...

commentaires (3)

on aura pense que le PM etait plus capable de faire la part des choses mais il parait qu'ils s'est deja range du cote de Hezbollah et le 'mandat fort'.

EL KHALIL ABDALLAH

11 h 31, le 30 avril 2020

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Commentaires (3)

  • on aura pense que le PM etait plus capable de faire la part des choses mais il parait qu'ils s'est deja range du cote de Hezbollah et le 'mandat fort'.

    EL KHALIL ABDALLAH

    11 h 31, le 30 avril 2020

  • IL EST MANIPULE LE DIAB PAR CEUX QUI L,ONT ASSIS SUR SA CHAISE TROUEE DE TOUS COTES. MAIS CA NE VEUT PAS DIRE QUE SALAME EST INNOCENT CERTES PAS DES ACCUSATIONS DE DIAB MAIS DES PILLULES DE CALMANT QU,ILS NOUS ADMINISTRAIT SURTOUT LES TROIS DERNIERES ANNEES AVEC SES RESERVES DE 53 MILLIARDS ET SON ASSURANCE DE L,INTEGRETE DES PREDATEURS BANQUIERS QUI ONT DEVALISE LES ECONOMIES D,UNE VIE DES DEPOSANTS ET AFFAME LES GENS D,OU L,EXPLOSION DE LA REVOLUTION QUI GRONDE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 57, le 30 avril 2020

  • Ce passage : ‘’Les Libanais sont les mieux placés pour le savoir du fait qu’au Liban, l’accès à l’information, pourtant consacré par la loi, n’a pas encore été véritablement intégré dans la structure mentale de nos responsables officiels.’’ Je ferai de longues lignes sur cette constatation, mais restons bref. On est entre archaïsme et modernité, dans l’entre-deux. Tout dépend du public. Quelques-uns manipule le twitter, alors que d’autres le téléphone arabe… Pour ‘’les gens d’en haut’’, ce que pense un lecteur, un électeur, ne compte pas…

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    08 h 03, le 30 avril 2020

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