Le Liban se situe à la 102ème place sur 180 pays dans le classement annuel de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières, perdant une place supplémentaire par rapport à 2019 dans une trajectoire d'une baisse entamée en 2015.
Le rapport de RSF sur le Liban pointe du doigt "une liberté d'expression attaquée". L'organisation "observe une inquiétante instrumentalisation de la justice pour poursuivre des médias et des journalistes qui s’intéressent de près ou de loin à des personnalités politiques ou religieuses réputées toutes puissantes", notant que la justice "a inquiété des présentateurs pour avoir laissé leurs invités critiquer les autorités libanaises dans leur émission, mais aussi des journaux pour avoir enquêté sur des faits de corruption" au cours de ces dernières années.
Rappelant que "le code pénal libanais considère la diffamation, la calomnie ainsi que la diffusion de fausses informations comme des infractions et en a une définition très large", RSF souligne que "les journalistes sont le plus souvent condamnés à payer des amendes ou à de la prison par contumace - bien qu’ils soient toujours susceptibles d’être envoyés derrière les barreaux -, et sont poursuivis devant les tribunaux des imprimés mais aussi par la justice militaire".
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Dans ce contexte, le mouvement de contestation contre la classe dirigeante, déclenché le 17 octobre dernier, constitue un tournant selon RSF. "Si la 'révolution' levé le tabou de la critique des figures intouchables, les attaques contre les médias se sont intensifiées au cours des manifestations", note l'organisation, estimant que les forces de l’ordre ont eu recours à un usage disproportionné de la force et attaqué des journalistes.
Saluant "une réelle liberté de ton" dans les médias libanais, néanmoins "extrêmement politisés et polarisés", RSF relève également que "les reporters qui travaillent pour les médias proches du pouvoir ont été malmenés par les manifestants" tandis que d'autres "sont accusés d’être des traîtres lorsqu’ils relaient des informations à contre-courant".
L'organisation souligne en outre que "blogueurs et journalistes en ligne continuent d’être convoqués par le 'bureau de lutte contre la cybercriminalité', pour des publications sur les réseaux sociaux à la suite d’une plainte déposée par une partie privée, souvent des notables liés au gouvernement".
Ces derniers mois, plusieurs voix se sont inquiétées face à la multiplication des poursuites judiciaires contre les voix dissidentes mais aussi contre des journalistes.
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19 h 18, le 23 avril 2020