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Politique - Justice

Dima Sadek entendue comme témoin dans l’affaire du rapport accablant le gouverneur de la BDL

C’est aux juges de s’assurer de l’exactitude du document, déclare la journaliste à « L’OLJ ».

Dima Sadek. Photo d’archives

L’ancienne journaliste de la LBC, Dima Sadek, aujourd’hui collaboratrice du média en ligne Daraj, a été entendue hier par la procureure générale du Mont-Liban, Ghada Aoun, au sujet d’un rapport d’investigations concernant de gros comptes bancaires que détiendrait à l’étranger le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé ; un rapport que la journaliste avait présenté il y a quinze jours dans  une vidéo diffusée sur le site. Selon les termes du document, M. Salamé détient quelque deux milliards de dollars dans différents comptes ouverts dans des paradis fiscaux, en Suisse et au Liechtenstein, au Panama et dans les îles Vierges britanniques, en son propre nom ou aux noms de son frère Raja Salamé et de Marianne Hoyek, sa conseillère principale.Cette fois-ci, la journaliste a comparu pour témoigner sur des actes illégaux qu’elle a rapportés, alors qu’auparavant elle était interrogée par la police criminelle sur base de plaintes déposées contre elle par ceux qu’elle accuse d’actes illégaux. Elle a été entendue avec les cofondateurs du site Daraj, Aliya Ibrahim et Hazem el-Amine, eux aussi convoqués en qualité de témoins. Mme Sadek affirme n’avoir présenté ce document qu’au lendemain de la publication par la BDL d’un communiqué confirmant son existence. Le 8 avril, la Banque centrale avait en effet évoqué cette enquête financière, l’attribuant à la société française Cristal Credit Group, dirigée par Kevin Rivaton, qu’elle a accusé d’être à l’origine des documents falsifiés. Sauf que trois jours plus tard, ce dernier a démenti, dans un entretien avec le Commerce du Levant, toute implication de sa société dans la rédaction du rapport, promettant de porter plainte en diffamation.


(Pour mémoire : Fortune de Riad Salamé : Dima Sadek appelée à témoigner devant la justice)

Interrogée par L’Orient-Le Jour à l’issue de son audience auprès de la juge Aoun, Dima Sadek indique qu’avec ses collègues de Daraj, elle menait depuis plus de deux mois des investigations journalistiques autour de ce rapport, sans avoir voulu révéler son existence, d’autant qu’il ne porte pas un nom d’auteur. « Lorsque nous avons obtenu le document, nous avons sollicité des personnalités très crédibles dans le monde des finances et de la diplomatie, à l’échelle nationale et internationale, pour nous enquérir du sérieux de son contenu. Ces personnes ont estimé qu’il comporte des données solides, mais nous ne l’avons pas publié parce que nous n’en connaissions pas l’auteur. Il n’a été diffusé que le lendemain du jour où le gouverneur de la BDL en a parlé, pointant du doigt la société Cristal Credit Group ». « La procureure générale du Mont-Liban nous a alors convoqués pour nous demander des détails sur l’enquête que nous avions menée et nous lui avons procuré les informations en notre possession, sans pour autant certifier le rapport ni le rejeter », indique Mme Sadek, estimant que c’est à la justice de s’assurer de « son exactitude », en menant des investigations.

Aliya Ibrahim affirme dans le même esprit que l’enquête journalistique ne peut aller plus loin, soulignant en outre que « des démarches comme la demande de levée du secret bancaire sont du ressort de la justice ». « S’il y a la volonté, l’origine des comptes et leur destination pourraient être facilement connues en remontant la chaîne auprès des banques étrangères, comme le permettent les conventions internationales auxquelles le Liban a adhéré. »


(Lire aussi : "Il n’est pas normal qu’à chaque fois qu’on exprime son avis, on soit jeté en prison")


Compétence du parquet

Contacté par L’OLJ, l’avocat pénaliste Akram Azouri affirme que la procureure générale du Mont-Liban devra d’abord mener une enquête préliminaire, à la lumière de laquelle elle décidera s’il y a lieu à poursuite, c’est-à-dire si les faits sont susceptibles de qualification pénale. Le cas échéant, elle devra saisir un juge d’instruction de Baabda. Quant à savoir d’abord si le parquet du Mont-Liban est compétent dans cette affaire, Me Azouri répond par l’affirmative. « La publication d’un fait dans un média donne une compétence territoriale à tout tribunal dans le ressort duquel le média est diffusé », indique-t-il. « La diffusion par internet permet de consulter les médias sur tout le territoire, ce qui rend tous les juges compétents en cas de dommage », insiste-t-il.

Notons que joint par L’OLJ, M. Salamé n’a pas souhaité faire de commentaire au sujet de la convocation de l’équipe de Daraj par la juge Aoun.



L’ancienne journaliste de la LBC, Dima Sadek, aujourd’hui collaboratrice du média en ligne Daraj, a été entendue hier par la procureure générale du Mont-Liban, Ghada Aoun, au sujet d’un rapport d’investigations concernant de gros comptes bancaires que détiendrait à l’étranger le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé ; un rapport que la journaliste avait présenté...

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