Treize cas d’infection au nouveau coronavirus ont été enregistrés hier parmi les expatriés libanais rapatriés mardi. Il s’agit des premiers cas de contamination depuis que le processus de rapatriement a débuté dimanche. Sept personnes sur le vol en provenance de Madrid, quatre sur celui de Paris, une autre sur celui d’Istanbul et une dernière sur un avion privé en provenance de Londres ont été dépistées avec le coronavirus. Par contre, les passagers sur le vol en provenance de Kinshasa ont été tous testés négatifs.
Parallèlement, seize nouvelles infections locales ont été détectées, dont douze à Bécharré. Le bilan des contaminations avérées depuis l’annonce du premier cas le 21 février dernier s’élève ainsi à 576 selon les bilans officiels (577 si l’on ajoute la personne venant de Londres dont L’Orient-Le Jour a appris la contamination), dont 19 décès. Parmi les patients, 62 ont guéri, et 29 restent dans un état critique, alors qu’aucun nouveau décès n’a été déploré depuis deux jours.Les expatriés libanais testés positifs ont été transportés hier des hôtels dans lesquels ils étaient confinés depuis leur arrivée à l’hôpital universitaire Rafic Hariri, « où leur état de santé général sera évalué », d’autant qu’ils sont tous asymptomatiques. « Les personnes qui n’ont aucun facteur de risque (diabète, hypertension, immunodéficience, pneumonie, problèmes respiratoires, âge avancé…) observeront un auto-isolement à domicile » selon des conditions bien précises, telles qu’établies par la commission de suivi de l’épidémie de coronavirus, explique à L’Orient-Le Jour le directeur général du ministère de la Santé publique, Walid Ammar. « Les personnes âgées et présentant un facteur de risque seront admises à l’hôpital, poursuit-il. Quant aux expatriés dont le PCR est négatif, ils doivent obligatoirement observer un auto-isolement chez eux pour une période de quatorze jours. » L’état de santé de l’ensemble des passagers sera suivi de près au quotidien par les équipes du ministère de la Santé publique.
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Deux mille tests par jour à terme
La hausse du nombre des nouvelles contaminations hier a engendré une certaine peur parmi la population qui espérait enfin voir la courbe s’aplanir. « Il ne faut pas avoir peur, insiste le Dr Ammar. Au contraire, parce qu’en définitive, c’est le but des tests que nous effectuons au quotidien. Je serais tranquillisé lorsque nous atteindrons les 2 000 tests par jour et que les nouveaux cas resteront stables pendant une semaine. C’est à ce moment-là que nous aurons atteint le plateau. Mais cela n’est pas possible actuellement, en raison du rapatriement des Libanais bloqués à l’étranger. » Il note dans ce cadre qu’à partir de la semaine prochaine, mille tests seront effectués par jour. Il faudrait attendre une semaine supplémentaire pour commencer à réaliser 2 000 tests au quotidien.
À la question de savoir si le Liban peut suivre, avec les moyens dont il dispose, l’exemple de l’Allemagne et de la Corée du Sud qui ont massivement testé la population, le Dr Ammar précise que le ministère de la Santé est toujours « dans la phase d’endiguement de l’épidémie ». « Nous continuons à retracer chaque cas pour connaître l’origine de la contamination, poursuit-il. Nous avons réussi à le faire jusqu’à présent. À ce jour, la majorité des contaminations sont soit survenues à l’étranger, soit lors d’un contact avec des personnes rentrées de pays endémiques. Il existe seulement de petits groupes dont nous ignorons encore la source de la contagion. Ces groupes sont bien identifiés et séparés. » Et le Dr Ammar de se féliciter : « Le Liban est toujours dans la phase de transmission locale. Nous n’avons pas atteint celle de la propagation communautaire. »
Stress et panique
L’annonce de tests positifs parmi les expatriés libanais a suscité la peur de certains rapatriés installés à l’hôtel. Tamara Bou Chahine, étudiante rentrée d’Espagne, évoque ainsi de l’angoisse des expatriés auxquels on n’a pas communiqué d’informations. « Vers 11 heures, le ministre de la Santé, Hamad Hassan, est arrivé à l’hôtel The Parisian, raconte-t-elle. Les voyageurs ont été priés de rester dans la chambre et de ne pas sortir. Nous avons su à travers les médias que sept d’entre nous étaient atteints du coronavirus, mais nous ne savions pas qui. Personne ne nous en a informés. L’atmosphère était stressante. Nous paniquions. » Finalement, en fin d’après-midi, la jeune fille a pu rentrer chez elle, son test s’étant avéré négatif.
Lara est aussi rentrée de Paris mardi. Elle y effectuait un voyage d’agrément à la recherche d’un appartement « puisque je devais déménager à Paris en été, après mon mariage ». « J’avais pris des rendez-vous, raconte-t-elle. Je n’ai pas pu rentrer plus tôt, parce que j’étais coincée en Normandie. Il n’y avait plus de trains. »
Tout comme Tamara, Lara était stressée parce que l’un des passagers diagnostiqué au Covid-19 était avec elle dans le bus qui l’avait transportée à l’hôtel et se trouvait aussi dans une chambre située au même étage. « Mon test était négatif, parce que j’avais pris toutes les précautions nécessaires, confie-t-elle. Je me suis confinée pendant trois semaines, en Normandie. Je ne suis même pas sortie pour faire des courses. » Saluant le professionnalisme et les mesures prises par les autorités pour le rapatriement des Libanais, Lara assure qu’elle « observera un auto-isolement pendant deux semaines, conformément aux instructions ». « Je me sens responsable envers ma famille, insiste-t-elle. Malgré toutes les précautions prises, le risque de contracter le virus sur l’avion, alors qu’il y a des personnes testées positives, n’est pas à écarter. »
Le rapatriement des expatriés devrait se poursuivre les prochains jours avec notamment douze vols programmés aujourd’hui, samedi et lundi, mais le gouvernement avait averti que les premiers vols de rapatriement de ce début de semaine feraient office de test pour décider si le processus se poursuivrait ou si ce retour massif d’expatriés menaçait d’augmenter drastiquement le nombre de personnes atteintes du coronavirus au Liban.
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