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Culture - VIRUS

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« Arbre de nuit », de Sarah Moon.

« Sachez donc que ce rêve, comme vous l’appelez, se réalisera sans nul doute, croyez-le, mais pas maintenant, car toute chose a sa loi. C’est une affaire intérieure, psychologique.

Pour refaire le monde, il faut que les hommes s’orientent psychologiquement vers une autre voie. Tant qu’on ne sera pas devenu effectivement le frère de chacun, il n’y aura pas de fraternité. Jamais aucune science ni l’intérêt ne permettront aux hommes de se partager sans injustice les biens et les droits. Il n’y aura jamais assez pour chacun et tous murmureront, tous s’envieront et s’extermineront. Vous demanderez quand cela se réalisera. Cela se réalisera, mais auparavant doit s’achever la période d’isolement de l’homme. »

« De quel isolement ? » lui demandais-je. « De celui qui, actuellement, est partout, et surtout de nos jours, mais il n’est pas encore accompli et son terme n’est pas encore venu. Car chacun cherche à présent à isoler le plus possible son moi, on veut éprouver en soi-même la plénitude de la vie, et pourtant, au lieu d’atteindre cette plénitude, tous ces efforts n’aboutissent qu’à un suicide total, car au lieu d’une pleine affirmation de l’individu, on tombe dans une solitude complète. Car tous, de nos jours, se sont fractionnés en unités, chacun se retire dans son trou, chacun s’écarte des autres, se cache et cache ce qu’il possède, et chacun finit par repousser ses semblables et par être repoussé par eux.

On amasse solitairement des biens et on pense : comme je suis fort maintenant et comme je suis à l’abri, mais il ignore, l’insensé, plus il amasse, plus il s’enfonce dans une impuissance qui équivaut au suicide. Car il est habitué à ne compter que sur lui-même et, en tant qu’unité, il s’est détaché de la collectivité. Il a accoutumé son âme à ne pas croire à l’entraide, aux hommes et à l’humanité, et il tremble seulement à l’idée de perdre sa fortune et les droits acquis. Partout le cerveau des hommes cesse aujourd’hui ironiquement de comprendre que la véritable garantie de la personne réside non dans un effort personnel isolé, mais dans la solidarité des hommes. Mais ce terrible isolement aura infailliblement une fin, et tous comprendront à la fois combien leur détachement les uns des autres était peu naturel. Telle sera la tendance de l’époque et l’on s’étonnera d’être resté si longtemps dans les ténèbres sans voir la lumière. »

Extrait. Les Frères Karamazov, de Fiodor Dostoïevski. Fragment de la vie du Staretz Zossima.


Voici les précédents textes de cette capsule qui contient, jour après jour, durant le confinement, des fragments de pensée, des citations, des instants pris au vol.

L’ignorance et le droit de savoir

Humilité

Lahza

La voile

« Sachez donc que ce rêve, comme vous l’appelez, se réalisera sans nul doute, croyez-le, mais pas maintenant, car toute chose a sa loi. C’est une affaire intérieure, psychologique.Pour refaire le monde, il faut que les hommes s’orientent psychologiquement vers une autre voie. Tant qu’on ne sera pas devenu effectivement le frère de chacun, il n’y aura pas de fraternité. Jamais...

commentaires (2)

La photographie, en y regardant de près, on est confronté à un loupiot. Les deux lumières et la forme des arbres… Le loup, le méchant corona… Dans la citation : ""Il a accoutumé son âme à ne pas croire à L’ENTRAIDE, aux hommes et à l’humanité, et il tremble seulement à l’idée de perdre sa fortune et les droits acquis. Partout le cerveau des hommes cesse aujourd’hui ironiquement de comprendre que la véritable garantie de la personne réside non dans un effort personnel isolé, mais dans la SOLIDARITE des hommes."" ENTRAIDE ET SOLIDARITE. Deux mots qui sonnent comme un carillon ! Comment de nos jour s’organise la solidarité ? Je n’ai aucune réponse. Quand on aidait les pays africains au compte-goutte. Où étaient enfouis tous ces milliards qu’on promet. Un exemple, comment financer la solidarité, et comment certains pays européens l’organisent : à lire ""La cigale et la fourmi frugale"" https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/01/en-europe-ne-pas-revenir-au-statu-quo-ante-la-cigale-et-la-fourmi-c-est-fini_6035145_3232.html

L'ARCHIPEL LIBANAIS

17 h 25, le 01 avril 2020

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Commentaires (2)

  • La photographie, en y regardant de près, on est confronté à un loupiot. Les deux lumières et la forme des arbres… Le loup, le méchant corona… Dans la citation : ""Il a accoutumé son âme à ne pas croire à L’ENTRAIDE, aux hommes et à l’humanité, et il tremble seulement à l’idée de perdre sa fortune et les droits acquis. Partout le cerveau des hommes cesse aujourd’hui ironiquement de comprendre que la véritable garantie de la personne réside non dans un effort personnel isolé, mais dans la SOLIDARITE des hommes."" ENTRAIDE ET SOLIDARITE. Deux mots qui sonnent comme un carillon ! Comment de nos jour s’organise la solidarité ? Je n’ai aucune réponse. Quand on aidait les pays africains au compte-goutte. Où étaient enfouis tous ces milliards qu’on promet. Un exemple, comment financer la solidarité, et comment certains pays européens l’organisent : à lire ""La cigale et la fourmi frugale"" https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/01/en-europe-ne-pas-revenir-au-statu-quo-ante-la-cigale-et-la-fourmi-c-est-fini_6035145_3232.html

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    17 h 25, le 01 avril 2020

  • Quelques mots sont un peu ce que Jesus a dit.

    Eddy

    14 h 26, le 01 avril 2020

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