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Culture - VIRUS

L’ignorance et le droit de savoir

« Le vent », une photo de Sarah Moon.

Dans Destin des maladies infectieuses, publié en 1933, Charles Nicolle – prix Nobel de physiologie – écrivait ceci : « Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire. Elles apparaîtront comme Athéna parut, toute armée du cerveau de Zeus. Comment les reconnaîtrons-nous ces maladies nouvelles, comment soupçonnerions-nous leur existence avant qu’elles n’aient revêtu leurs costumes de symptômes ? Il faut bien se résigner à l’ignorance des premiers cas évidents. »

Cet ouvrage, récemment cité par le professeur Philippe Sansonetti, titulaire de la chaire Microbiologie et maladies infectieuses au Collège de France, nous dit également ceci : « La connaissance des maladies infectieuses enseigne aux hommes qu’ils sont frères et solidaires. Nous sommes frères, parce que le même danger nous menace, solidaires parce que la contagion nous vient le plus souvent de nos semblables. »

Méfions-nous. Ne nous trompons pas de cible et de combat. Préférons la solidarité à la colère, si compréhensible puisse-t-elle être dans plus d’un cas. Je pense au réflexe du « règlement de comptes » qui emporte les esprits, à l’heure qu’il est, en France notamment. Nul n’est tout puissant face à la maladie. À trop en demander, dans ce domaine, on risque de perdre le peu de démocratie qui reste dans ce monde livré à des autocrates fous d’eux-mêmes. On risque fort de renforcer le pouvoir de ces derniers. Concentrons-nous sur l’essentiel qui occupe bien peu de place dans l’information : comment adoucir la fin de vie des personnes âgées, condamnées, par le virus, à l’asphyxie ? Que chacun, chacune ait le droit – la liberté – de disposer de ses dernières heures. Quand et si ces personnes ont fait savoir leur volonté, quels médicaments donne-t-on, quelles dispositions prend-on pour leur épargner la torture ?


Les précédents textes de cette capsule qui contient, jour après jour, durant le confinement, des fragments de pensée, des citations, des instants pris au vol.

Humilité

Lahza

La voile


Dans Destin des maladies infectieuses, publié en 1933, Charles Nicolle – prix Nobel de physiologie – écrivait ceci : « Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire....

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