Le bilan des décès de patients ayant contracté le coronavirus au Liban a encore augmenté vendredi, avec la mort d'un patient à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, portant ainsi le nombre total de décès à huit, selon un dernier bilan publié sur un site des ministères de l'Information et de la Santé dédié au coronavirus. Le bilan total s'établit donc vendredi soir à 391 cas avérés depuis que la pandémie a atteint le pays du Cèdre, le 21 février, dont 8 décès, trois cas critiques, et 27 guérisons.
En début d'après-midi, le ministère de la Santé avait annoncé un septième décès. La victime, qui avait plus de 80 ans, était hospitalisée à l'hôpital universitaire Saint Georges de Beyrouth, dépendant de l'Université libano-américaine (LAU), et souffrait de maladies chroniques. En soirée, l'hôpital universitaire Rafic Hariri a pour sa part annoncé dans son bilan quotidien qu'un patient atteint du coronavirus et admis aux soins intensifs est décédé vendredi, sans plus de détails.
En outre, Sethrida Geagea, députée des Forces libanaises, a confirmé, dans la journée, la contamination d'un médecin de l'hôpital gouvernemental de Bécharré (Liban-Nord). Elle a appelé les habitants de cette localité, sa circonscription électorale, à ne pas paniquer et à respecter toutes les mesures prises pour enrayer la propagation du virus. La députée a encore enjoint le personnel médical de l'hôpital à se mettre en quarantaine à domicile afin d'éviter toute contagion supplémentaire.
Jeudi, deux personnes étaient décédées du Covid-19, l'un soigné à l’hôpital Notre-Dame des Secours, situé à Jbeil, et l'autre à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth.
Aoun signe le décret de la mobilisation générale
Jeudi, les autorités libanaises avaient décidé de prolonger la période de mobilisation générale, décrétée le 15 mars pour 15 jours, de deux semaines supplémentaires, soit jusqu'au 12 avril, et de renforcer les mesures de confinement dans le cadre de la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus dans le pays, sans pour autant décréter l'état d'urgence. Elles ont notamment appelé à une "fermeture totale pour les entreprises et les commerces de 19 heures jusqu'à cinq heures", un couvre-feu partiel dont sont toutefois exemptées les boulangeries, les pharmacies et les usines qui produisent des équipements médicaux. Ces décisions ont été prises par le Conseil des ministres, sur base de recommandations du Conseil supérieur de la défense.
Le décret entérinant cette prorogation de la mobilisation générale a été publié vendredi, après signature par le chef de l'Etat, Michel Aoun.
Cette mobilisation générale prévoit la fermeture de l’aéroport, prolongée vendredi jusqu'au 12 avril, des frontières et de tous les commerces et institutions non-essentiels. Par ailleurs, le Premier ministre, Hassane Diab, avait demandé aux institutions militaires et sécuritaires de mettre en place un plan pour contraindre les gens à rester chez eux, afin de limiter la propagation du virus.
De leur côté, les Forces de sécurité intérieure ont annoncé qu'il serait désormais interdit de sortir dans les rues entre 19h et 5h du matin à partir de vendredi et que tout contrevenant serait poursuivi en justice. Elles ont souligné que tout commerce autorisé à ouvrir ses portes hors du couvre-feu serait automatiquement mis sous scellés et verbalisé s'il ne respectait pas les créneaux d'ouverture qui lui sont imposés. Les FSI ont encore souligné qu'elles allaient renforcer leur surveillance du trafic routier, en s'assurant que les conducteurs de véhicules privés et publics respectent les consignes émises, concernant notamment les restrictions concernant le nombre de passagers.
Dans ce cadre, les forces de sécurité ont délogé des contestataires place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth.
Diab en tournée à l'hôpital Hariri
Par ailleurs, une commission ministérielle pour le suivi de la situation des Libanais expatriés a été mise en place. Dans ce cadre, le ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, a affirmé que des vols de rapatriement seraient organisés pour évacuer les Libanais se trouvant à l'étranger, à condition que ceux-ci ne soient pas contaminés par le nouveau coronavirus. Le Premier ministre a toutefois annoncé vendredi que les expatriés libanais ne pourront pas rentrer avant le 12 avril.
Sur le plan économique et social, le gouvernement avait annoncé le déblocage de 75 milliards de livres libanaises (environ 37,5 millions de dollars, au taux de 2.000LL/dollar) dans les réserves budgétaires pour le Haut-comité de secours "pour assurer la fourniture d' aides sociales et alimentaires". Mercredi, le ministre des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé, avait annoncé le lancement d'un plan "d’aide sociale durable" de 12 milliards de LL.
En outre, Hassane Diab a promis vendredi au personnel de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, en première ligne de la lutte contre le coronavirus, le paiement, à la fin du mois, de tous les arriérés de salaires qu'il réclame depuis plusieurs semaines. Les employés et le personnel médical de cet hôpital public manifestent régulièrement pour réclamer l'application de la grille des salaires, adoptée en 2017, dont ils n'ont toujours pas pu bénéficier contrairement aux autres employés du secteur public.
Dans ce contexte, le Premier ministre s'est entretenu au Grand Sérail avec le directeur régional de la Banque mondiale (BM) pour le Moyen-Orient Saroj Kumar Jha, et a évoqué avec lui un soutien de l'institution pour lutter contre la pandémie. Hassane Diab s'est également entretenu avec le coordinateur spécial des Nations unies au Liban Jan Kubis, au sujet des derniers développements et des moyens de consolider la coopération bilatérale pour combattre le coronavirus.
Isolement des patients dans un centre ou à la maison : comment éviter le rejet de l’entourage
« De manière générale, il y a une bonne coopération entre l’OMS et les pays du Moyen-Orient »
Je ne comprends pas très bien la raison du couvre-feu. Le virus serait- il un animal nocturne se promenant de préférence entre 19h et 5h?
18 h 57, le 27 mars 2020