Un député membre du Courant patriotique libre (CPL) dirigé par Gebran Bassil a proposé dimanche d'"envoyer quelque bateaux remplis de déplacés vers l'Europe" afin de "sauver" le Liban qui accueille plus d'un million de réfugiés syriens sur son sol, en prenant exemple sur la Turquie.
"Il semble que la Turquie va réussir à imposer ses conditions à l’Europe. C’est pour cela que nous devons nous hâter et envoyer quelques bateaux remplis de déplacés vers l’Europe. Comme ça, nous sauverions notre pays ou, du moins, forcerions la communauté internationale à assumer ses responsabilités envers le Liban", a écrit Georges Atallah sur son compte Twitter, et d’ajouter : "Le racisme est la plus belle chose quand il s’agit de protéger son pays".
La veille, Gebran Bassil avait estimé que le Liban devait prendre exemple sur la Turquie, qui a ouvert ses frontières vers l’Europe devant les réfugiés, et réclamer un surcroît d’aide pour l’aider à assumer le fardeau des réfugiés syriens. "En Turquie, il y a 0,3 déplacés par kilomètre carré, et Erdogan réclame à l’Europe plus d’argent; Voyez ce qui se passe à la frontière avec la Grèce", a écrit samedi l’ancien ministre des Affaires étrangères sur son compte Twitter. "Au Liban, il y a 200 déplacés par km² et aucun n’a été expulsé, mais il est de notre droit de demander aux autres pays de remplir leurs engagements à notre égard", a ajouté M. Bassil, affirmant qu’il ne répliquerait pas à ceux qui le taxent de "racisme".
Le 13 février dernier, un nouveau groupe composé d'un peu plus de milliers de réfugiés syriens a quitté le territoire libanais et sont rentrés en Syrie, dans le cadre des opérations supervisées par la Sûreté générale en coordination avec le régime de Damas. En décembre dernier, près de 736 autres sont rentrés chez eux. Le 10 octobre dernier, le président libanais Michel Aoun avait indiqué que 276.000 déplacés syriens, ayant fui le conflit qui ravage leur pays depuis 2011, ont quitté le Liban depuis le début des opérations de retour volontaire.
Avec une population de quatre millions d'habitants, le Liban affirme accueillir entre 1,5 million et deux millions de Syriens, dont un million inscrits comme réfugiés auprès de l'ONU. Régulièrement, des voix s'élèvent au sein de la classe politique et dans les médias pour réclamer leur départ, mettant en avant la fin des combats dans plusieurs régions syriennes et leur reprochant de contribuer aux difficultés économiques du pays.
Récemment le gouvernement libanais avait accentué la pression sur les réfugiés pour les renvoyer en Syrie, craignant leur installation permanente sur son sol. Des ONG ont notamment dénoncé l'ordre donné aux réfugiés de détruire leurs abris en dur, autorisant uniquement l'utilisation de bois et de bâches en plastique.
Le rapatriement des réfugiés syriens est un des thèmes de prédilection du CPL (fondé par le président de la République Michel Aoun) et de son chef, Gebran Bassil, qui estime que la plus grande partie du territoire syrien est désormais sûre, ce qui justifierait un retour massif des réfugiés.
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commentaires (17)
Les méthodes d'Erdogan sont des méthodes de voyou. Je doute fort qu'il obtienne quoi que ce soit de l'Europe avec son chantage.
Desperados
22 h 29, le 02 mars 2020