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À La Une - Turquie

En quête d'appui en Syrie, Erdogan menace l'Europe d'une vague migratoire

Lors d'un entretien téléphonique vendredi, "j'ai dit à M. Poutine: +Que faites-vous là-bas (en Syrie) ? Si vous voulez établir une base, allez-y, mais ôtez-vous de notre chemin", affirme le président turc. 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le 27 février 2020. Turkish Presidential Press Office/Handout via REUTERS

La Turquie a menacé samedi l'Europe d'une nouvelle vague migratoire, cherchant ainsi à obtenir un soutien occidental contre le régime syrien auquel le président Recep Tayyip Erdogan a promis de "faire payer le prix" de ses attaques contre les militaires turcs.

A la frontière entre la Turquie et la Grèce où plusieurs milliers de personnes voulant se rendre dans l'Union européenne ont afflué, la situation était tendue, avec des échauffourées entre policiers grecs tirant des grenades lacrymogènes et migrants jetant des pierres. Des milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, étaient bloquées près du poste-frontière de Pazarkule (Kastanies, côté grec), se regroupant autour de braseros de fortune en espérant qu'Athènes les laisserait passer, selon des correspondants de l'AFP.

En dépit des vents violents, d'autres migrants ont choisi de gagner la Grèce par les îles en mer Égée, où 180 personnes sont parvenues entre vendredi et samedi matin. Samedi, un canot pneumatique transportant des Gambiens et des Congolais s'est échoué sur le rivage rocheux de Lesbos. Secoués par la traversée et récitant des prières, les 27 rescapés, dont une femme enceinte, ont été recueillis par des bénévoles, selon l'AFP.

"Qu'avons-nous fait hier ? Nous avons ouvert les portes. Nous n'allons pas fermer les portes", a déclaré samedi M. Erdogan.
Le ministre turc de l'Intérieur a affirmé que plus de 36.000 migrants étaient entrés en Europe depuis la province turque d'Edirne (nord-ouest) depuis vendredi, un chiffre invérifiable qui semble largement surévalué par rapport à ce que les journalistes de l'AFP ont constaté.



(Lire aussi : Face à Moscou, Ankara paraît bien seul)



UE "préoccupée" 
Face à ces scènes qui réveillent le souvenir des centaines de milliers de personnes qui sont arrivées en Europe par la Turquie en 2015, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a exprimé samedi sa "préoccupation". Elle a indiqué que l'UE était prête à "fournir un appui supplémentaire" à la Grèce et la Bulgarie qui, voisines de la Turquie, se sont barricadées.

Athènes a déclaré samedi avoir empêché 4.000 personnes d'entrer "illégalement" sur le territoire grec, ajoutant que 136 migrants avaient été arrêtés dans la région d'Evros.

Jeudi, Ankara a essuyé de lourdes pertes en Syrie, avec 33 militaires tués dans des frappes aériennes attribuées au régime de Bachar el-Assad, soutenu par Moscou, dans la province d'Idleb (nord-ouest). Un autre soldat turc a été tué vendredi. La Turquie a riposté par des bombardements d'artillerie et de drones, tuant au moins 74 soldats syriens et 14 combattants de groupes alliés à Damas depuis vendredi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).



"Leçon historique" 
"Ils vont en payer le prix", a averti samedi M. Erdogan. "Nous donnerons une leçon historique à ceux qui croient nous avoir acculés", a-t-il tweeté. Le président turc a aussi durci le ton envers son homologue russe Vladimir Poutine, avec lequel il s'est pourtant efforcé de cultiver une étroite relation personnelle depuis 2016.
Dans un entretien téléphonique vendredi, "j'ai dit à M. Poutine : "Ôtez-vous de notre chemin. Laissez-nous seuls à seuls avec le régime+", a affirmé M. Erdogan. Selon le Kremlin, les deux chefs d'Etat pourraient se rencontrer à Moscou la semaine prochaine.

Dans ce contexte de tensions, quelque 200 manifestants ont scandé samedi "Poutine, assassin !" près du consulat russe à Istanbul, placé sous haute protection policière.

Ankara a sommé plusieurs fois les troupes syriennes de se retirer de certaines zones d'Idleb d'ici à la fin février, menaçant de les y contraindre par la force. En théorie, ce délai arrive à expiration samedi à minuit. Le régime de Damas, appuyé par la Russie, mène depuis décembre une offensive pour reprendre la province d'Idleb, l'ultime bastion rebelle et jihadiste.



(Lire aussi : Idleb : Erdogan face au piège de Poutine, l'analyse de Anthony SAMRANI)



"Pas le choix"
Les combats y ont provoqué une catastrophe humanitaire, obligeant près d'un million de personnes à se déplacer. Le conflit en Syrie a fait plus de 380.000 morts depuis 2011. La situation dans la province d'Idleb suscite la vive préoccupation de la communauté internationale, qui a multiplié vendredi les appels à la trêve.

Mais au-delà d'une solidarité verbale, Ankara réclame désormais une aide concrète. Samedi M. Erdogan a accusé l'UE de ne pas avoir fourni toute l'aide financière promise pour accueillir les migrants.

Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a vivement critiqué les mesures prises par la Grèce à la frontière. "Ils tirent des grenades lacrymogènes sur les milliers de personnes qui attendent à leur porte, une honte", a-t-il dit sur Twitter.

A la frontière grecque, où les nuages de gaz lacrymogène se mêlaient à la fumée âcre des feux de camp, les migrants attendaient l'occasion de passer. "Je ne partirai pas", a assuré à l'AFP Jino Ibrahimi, une Iranienne. "J'attendrai que la frontière s'ouvre, car je n'ai pas d'autre choix". Si la frontière reste fermée, "alors nous essaierons de passer clandestinement", a ajouté Ahmad Barhoum, un Syrien. "Hors de question de retourner à Istanbul".



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commentaires (6)

On critique Erdogan facilement en oubliant qu’il accueille 3.500.000 Syriens sur son sol à cause la Russie l’Iran et le Hezbollah Nous un million et on se plaint que doit il faire alors ?avaler la pilule ? Nous aussi nous devons demander demander au Hezbollah que compte t il faire avec nos Syriens?

PROFIL BAS

20 h 17, le 29 février 2020

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Commentaires (6)

  • On critique Erdogan facilement en oubliant qu’il accueille 3.500.000 Syriens sur son sol à cause la Russie l’Iran et le Hezbollah Nous un million et on se plaint que doit il faire alors ?avaler la pilule ? Nous aussi nous devons demander demander au Hezbollah que compte t il faire avec nos Syriens?

    PROFIL BAS

    20 h 17, le 29 février 2020

  • "Erdogan ouvre les portes d%)e l'Europe aux migrants".* Loin de toutes polémiques, Sayyed Recep Tayyep Erdogan, les migrants sont majoritairement musulmans (99%), Afghans, Irakiens, Syriens... ils devraient être heureux de vivre dans un pays islamique comme le vôtre et les Turcs devraient être heureux de les accueillir chez eux. Pourquoi menacez-vous de les jeter dans la gueule des pays de la mécréance en Europe ?

    Un Libanais

    17 h 44, le 29 février 2020

  • IL VA SE FAIRE CASSER LES DENTS ET LES PIEDS L,APPRENTI MINI SULTAN OTTOMAN ERDO.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 43, le 29 février 2020

  • Ôtez vous de NOTRE chemin ? Mais que cela ne plaise à DIEU, Poutine se fera un plaisir de lui ouvrir SON CHEMIN VERS SON ENFER .. HAHAHAHA...

    FRIK-A-FRAK

    14 h 55, le 29 février 2020

  • Pour la 1ere fois je serai tenté de mettre ma main dans celle de erdog-ane, pour lui refiler 1 petit million de réfugiés au Liban qu'il devra expédier aux Européens comme d'un retour à l'expéditeur.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 00, le 29 février 2020

  • S'il vous plaît débarrasser nous des réfugiés syriens ! Qu'ils aillent chez Merdogan !

    Chucri Abboud

    13 h 32, le 29 février 2020

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