Le ton monte entre Diab et le courant du Futur

Le ton est monté hier entre le Premier ministre Hassane Diab et le courant du Futur, chacun accusant implicitement l’autre d’essayer de dénigrer son travail. Brisant le silence qu’il observe depuis que son gouvernement a obtenu la confiance au Parlement, M. Diab s’est insurgé à l’ouverture du Conseil des ministres contre ce qu’il a appelé une « campagne de dénigrement » visant son équipe. « Ce n’est pas le gouvernement qui a provoqué le coronavirus. Malheureusement, au Liban, le travail de certains est exclusivement dédié à tenter de ternir l’image du gouvernement. Il leur importe qu’il échoue », a-t-il martelé. Les propos du chef du gouvernement ont été rapportés à la presse par la ministre de l’Information, Manal Abdel Samad Najd, au terme de la réunion extraordinaire du Conseil des ministres qui s’est tenue à Baabda hier et qui était consacrée au coronavirus.

Il a accusé certaines parties qu’il n’a pas nommées d’essayer de « déformer la vérité » et de le viser personnellement à travers des « histoires montées de toutes pièces », leur reprochant vivement de causer du tort au pays et de porter un coup à toute tentative de lever le préjudice causé par les pratiques des 30 dernières années. « Ces parties, a poursuivi M. Diab, toujours cité par Mme Abdel Samad Najd, ne veulent pas que le Liban soit sauvé de l’effondrement. Ce qu’ils veulent, c’est que le gouvernement ne parvienne pas à régler la crise. » Il a fustigé « un orchestre qui œuvre contre le pays (…) et qui, lorsqu’il n’a pas réussi à trouver de défauts au gouvernement, s’est employé à monter la communauté internationale contre le Liban pour empêcher les pays frères et amis de l’aider financièrement et de freiner l’effondrement ».

« Nous l’avons affirmé dès le début, nous ne sommes pas là pour faire de la politique et de la concurrence au leadership de qui que ce soit. Nous avons une mission déterminée : sauver le pays d’un cumul qui nous a conduits à cette situation difficile », a conclu Hassane Diab.

La réponse ne s’est pas fait attendre. Dans le communiqué publié au terme de sa réunion hebdomadaire hier sous la présidence de la députée Bahia Hariri, le groupe parlementaire du courant du Futur a « rejeté » les propos tenus par M. Diab sur le cumul des 30 dernières années, « sans citer les parties principalement responsables de la dette publique et du déficit découlant de la dilapidation des fonds publics dans le secteur de l’électricité ». Le groupe a situé ce discours « dans le prolongement des campagnes visant (l’ancien Premier ministre) Rafic Hariri et les politiques haririennes qui ont tiré le Liban de l’état de destruction dans lequel le pays se trouvait à cause de la guerre ainsi que des blocages successifs », avant d’estimer que la présidence du Conseil « aurait dû ne pas s’associer à ces campagnes ».