Le président libanais, Michel Aoun, a dénoncé l'apparition au sein du mouvement de contestation populaire d'une "faction radicale", appelant les manifestants à faire la distinction entre les responsables honnêtes et les "voleurs". Depuis près de quatre mois, les dirigeants libanais réclament la chute de "tous les responsables sans exception", les accusant de corruption et réclamant le "retour des fonds pillés".
"Une nouvelle phase commence, maintenant que le gouvernement a obtenu la confiance du Parlement", a affirmé le chef de l'Etat lors d'une réunion avec des diplomates libanais, au lendemain d'un vote de confiance controversé. La séance parlementaire a été conspuée par la rue, fortement mobilisée, qui a tenté d'empêcher les députés de se rendre à l'hémicycle. Plus de 370 personnes ont été blessées lors de cette journée de mobilisation hier. Le président Aoun a souligné que des "mesures relativement douloureuses" devaient être prises pour résoudre les crises économique et financière que traverse le pays. "Les Libanais doivent consentir à de petits sacrifices afin de ne pas perdre gros", a-t-il ajouté.
Le président Aoun a par ailleurs critiqué la "généralisation que font les manifestants en accusant tous les responsables de corruption". Il a dans ce cadre dénoncé qu'une "grande partie des protestataires constituent désormais une faction radicale qui rejette toutes les mesures que va prendre le cabinet".
(Lire aussi : Entre le peuple et ses représentants, le divorce est consommé)
"Les responsables honnêtes et les voleurs"
Le chef de l'Etat a par ailleurs assuré que "toute personne qui se sert dans le Trésor sera jugée par un tribunal spécial pour les crimes financiers". Il a dès lors appelé les protestataires à "faire la distinction entre les gens honnêtes et les voleurs", estimant que le slogan "Tous sans exception" de la contestation devrait plutôt être "tous les voleurs et pilleurs de fonds publics" au lieu d'englober tous les responsables.
L'établissement d'un tel tribunal devait faire l'objet d'une séance parlementaire mi-novembre, mais cette dernière avait été annulée sous la pression des contestataires, qui refusaient l'adoption d'une loi polémique sur l'amnistie générale.
Concernant la crise des liquidités, le président a estimé que cette crise a été accentuée par "la peur des citoyens qui ont retiré leurs dépôts des banques".
Le pays connaît une importante crise de liquidités depuis plusieurs mois. En raison de cette crise, le taux de change de la livre libanaise face au dollar a grimpé en flèche auprès des changeurs. De ce fait, les banques du pays ont imposé une série de restrictions à leurs clients et le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, cherche à réglementer ces restrictions.
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commentaires (10)
ON DIRAIT QUE AOUN EST INTOUCHABLE...... NON ?
Gebran Eid
20 h 27, le 12 février 2020