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Politique - Interview

Aoun : Le gouvernement n’est pas dirigé par le Hezbollah, qui est un « poids » pour lui

Dans un entretien à la revue française « Valeurs actuelles », le chef de l’État confirme pour la première fois avoir reçu Carlos Ghosn, « un ami personnel », à son arrivée au Liban.

Le président Michel Aoun a défendu, dans un entretien paru samedi dans la revue française Valeurs actuelles, le Hezbollah, assurant qu’il ne dirigeait pas le gouvernement de Hassane Diab, tout en estimant qu’il constituait « un poids » pour le cabinet. Il a par ailleurs jugé que le Liban n’avait « pas besoin d’une aide extraordinaire » pour sortir de la grave crise économique et financière dans laquelle il est plongé, mais qu’il devrait être remboursé en partie pour les 25 milliards de dollars, la somme que lui a coûté, selon lui, la crise syrienne.

« Notre situation est très mauvaise. Nous souffrons d’une crise économique très aiguë, très violente même. L’économie libanaise s’est transformée en économie de rente depuis que la Syrie est entrée au Liban, dans les années 1990. Nos budgets étaient nourris par l’endettement », a déclaré le chef de l’État. Selon lui, trois éléments ont aggravé la situation: tout d’abord la conjoncture mondiale, puis les guerres dans plusieurs pays arabes voisins et, enfin, la crise des réfugiés syriens.

Le président Aoun a souligné que les réfugiés syriens « représentent aujourd’hui près de la moitié de notre population. C’est bien évidemment une situation intenable ». « Cette crise nous a coûté quelque 25 milliards de dollars, selon les estimations du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale », a-t-il souligné. Interrogé sur le moyen de rassurer les Libanais inquiets pour leurs comptes en banque, le président Aoun a répondu : « Nous allons prendre des mesures fiscales et financières très strictes pour le redressement. Pour cela, nous n’avons pas besoin d’une aide extraordinaire, nous avons plutôt besoin du remboursement des pays qui ont entamé cette guerre en Syrie. Nous avons le droit de récupérer une partie des 25 milliards de dollars que cela nous a coûté. »

Comment récupérer cette somme ? « Il existe un groupe de pays qui veut aider le Liban, dont la France qui a manifesté son intérêt. Lors de notre dernière conversation téléphonique, le président Macron m’a félicité de la formation de notre nouveau gouvernement. Nous avons aussi évoqué la crise actuelle, mais il y aura certainement un autre entretien plus spécifique sur la question dans les jours qui viennent », a-t-il ajouté.

Responsabilité collective

Le chef de l’État a assuré que le gouvernement de Hassane Diab « n’est pas dirigé par le Hezbollah. Celui-ci est un poids pour ce gouvernement, car beaucoup de pays boycottent le Liban à cause du Hezbollah (…) », selon le président Aoun. Défendant le parti pro-iranien, il a assuré qu’il « n’intervient pas dans les affaires internes du Liban ». « On entend souvent dire que la souveraineté de notre pays est perdue, violée à cause du Hezbollah et par lui, mais cela est faux. » À la demande de savoir s’il appuyait une levée des sanctions occidentales imposées à la Syrie, le président Aoun a répondu : « Certainement ! Beaucoup de problèmes sont liés à la situation syrienne et au blocus qui est imposé. Les pays occidentaux n’autorisent même pas de négociations directes avec la Syrie afin de permettre le retour des déplacés syriens vers leur pays. Ce ne sont pas des déplacés sécuritaires. La guerre a pris fin dans leur pays et ils ne peuvent toujours pas revenir chez eux. Nous ne comprenons pas la position occidentale à cet égard, qui est lourde de conséquences pour nous. »

Il a indiqué avoir soulevé cette question « à trois reprises aux Nations unies. Je ne peux pas faire mieux, il s’agit d’une responsabilité collective des Occidentaux ».

Le chef de l’État a par ailleurs confirmé, pour la première fois, avoir reçu Carlos Ghosn le jour de son arrivée au Liban, le 30 décembre, soulignant que Beyrouth s’était mobilisé en sa faveur lorsqu’il était en détention au Japon. « Un jour, Carlos Ghosn a appelé, au petit matin, je dormais encore. Il voulait me parler. J’ai été très surpris de constater qu’il avait laissé un numéro à Beyrouth. Quand je suis descendu dans mon bureau, je l’ai rappelé pour lui donner une audience dans l’après-midi.» Interrogé sur un éventuel rôle que l’ancien PDG de Renault-Nissan pourrait jouer dans le redressement du Liban, il a répondu : «C’est tout à fait possible. J’espère qu’il aura un rôle économique. Je le souhaite, d’autant que c’est un ami personnel. C’est quelqu’un de bien. »

Le président Michel Aoun a défendu, dans un entretien paru samedi dans la revue française Valeurs actuelles, le Hezbollah, assurant qu’il ne dirigeait pas le gouvernement de Hassane Diab, tout en estimant qu’il constituait « un poids » pour le cabinet. Il a par ailleurs jugé que le Liban n’avait « pas besoin d’une aide extraordinaire » pour sortir de la grave...

commentaires (4)

Qui se rassemble s'assemble. Le poids du hezbollah n'est pas le seul malheureusement.

LE FRANCOPHONE

22 h 20, le 11 février 2020

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Commentaires (4)

  • Qui se rassemble s'assemble. Le poids du hezbollah n'est pas le seul malheureusement.

    LE FRANCOPHONE

    22 h 20, le 11 février 2020

  • IL N,EST PAS DIRIGE PAR LE HEZBOLLAH. IL EST DIRIGE PAR LE CPL POUR COMPTE DE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 39, le 11 février 2020

  • Mais la crise Syrienne qui l’a provoqué et prolongée en défendant Seigneur Bachar n’es ce pas le Hezbollah qui aurait pu en échange la restitution officielle de Chebaa ! Quelle mascarade !

    PROFIL BAS

    09 h 16, le 11 février 2020

  • S'il estime que le Hezbollah est un poids pour le gouvernement, pourquoi a-t-il accepté que celui-ci ne soit constitué que d'agents de la milice iranienne et de ses clients, CPL et Amal?

    Yves Prevost

    07 h 11, le 11 février 2020

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