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Politique - Éclairage

Le cabinet Diab face à la confiance internationale : pas d’aide arabe sans blanc-seing américain

Le gouvernement de Hassan Diab, qui devrait obtenir la confiance avec 71 voix, sera-t-il un gouvernement de fin de mandat, ou tombera-t-il dans la rue comme le cabinet de Saad Hariri, au terme des 100 jours de grâce ? Il faut dire que le cabinet n’a pas répondu aux attentes des contestataires, pas plus qu’il n’a obtenu la confiance internationale, alors qu’en revanche il a constitué une couverture pour le pouvoir et l’arsenal du Hezbollah. Plus concrètement, le nouveau gouvernement n’a pas répondu à la demande des manifestants de raccourcir le mandat du Parlement et d’organiser des élections législatives et présidentielle anticipées. Il n’a pas non plus réagi positivement à leur attente de changement en profondeur porté par le slogan « Tous sans exception » (Kellon ya3né kellon). Le gouvernement Diab tiendra-t-il jusqu’à la fin du mandat Aoun ou partira-t-il bien avant, dans une opération de changement radical du pouvoir ?

L’entourage des protestataires estime que la révolution embarrasse et inquiète à la fois le pouvoir. L’État cherche donc à faire taire sa voix, à interdire les manifestations et accorder au nouveau gouvernement une période de grâce comme le demande la France. Après le cabinet démissionnaire de Saad Hariri, place donc à un cabinet de spécialistes indépendants nommé par les forces du 8 Mars, depuis son Premier ministre jusqu’à ses ministres. Sauf que sous couvert d’indépendance, ce gouvernement est monochrome, mieux connu sous le nom de gouvernement du Hezbollah, vu que sa décision n’est pas libre, mais sous le pouvoir du parti chiite. Pour confirmer ces propos, on affirme dans les milieux de l’opposition que le gouvernement a emprunté à la précédente déclaration ministérielle le paragraphe lié à la résistance. Et ce malgré l’opposition des forces souverainistes qui réclamaient que le droit à la résistance se limite à l’État et non pas aux Libanais. Le Hezbollah s’est accroché au « droit des Libanais » à lui assurer une couverture légitime, ainsi qu’à son arsenal qui est doté d’une mission régionale conformément à l’agenda iranien, comme le dit Hassan Nasrallah. Cet arsenal est d’ailleurs présent sur la scène régionale en Syrie, en Irak et au Yémen.


(Lire aussi : Une déclaration ministérielle... d’intentions, en attendant les actes)

Selon des sources souverainistes, le comité chargé de la rédaction de la déclaration ministérielle n’a pas réussi à adopter une nouvelle formule consacrant le principe de distanciation, ou à s’engager à appliquer la déclaration de Baabda pour tenir le Liban à l’écart de la guerre des axes. Des sources diplomatiques arabes révèlent dans ce cadre que le mandat n’a pas tenu les promesses faites avant l’élection du président Aoun. Après avoir annoncé son engagement à ne pas s’aligner sur l’un des axes régionaux, il a choisi de s’aligner sur l’axe de la résistance et de l’Iran et s’est éloigné du consensus arabe, en autorisant notamment les campagnes contre l’Arabie saoudite. Ce qui n’a pas manqué de se répercuter négativement sur les relations du Liban avec les pays du Golfe, plus particulièrement l’Arabie. Comment le gouvernement Diab peut-il dans ce cadre assurer au pays l’assistance financière et les liquidités nécessaires au système bancaire pour éviter l’effondrement ? Dans les milieux de l’opposition, on craint qu’à l’ombre d’un gouvernement incapable d’empêcher le Hezbollah d’utiliser la scène locale au profit de l’axe iranien, le Liban n’obtienne pas ces assistances qui lui permettraient de se redresser.

En dépit de la crise et du manque de devises, certains responsables se comportent comme si de rien n’était. Ils ignorent les contestataires et la pression de la rue et tentent d’étouffer la révolution. Au même moment, les manifestants promettent l’escalade et préparent déjà la journée de la colère, avec pour objectif d’empêcher la séance consacrée au vote de confiance de se tenir.


(Lire aussi : Au plus bas d’en bas, le billet de Gaby NASR)


En haussant le plafond de ses revendications et en réclamant un changement radical qui toucherait d’abord la tête de la pyramide, le soulèvement populaire a poussé le pouvoir et les forces politiques à modifier leurs priorités. Selon l’opposition, la priorité du mandat présidentiel est aujourd’hui de se perpétuer jusqu’à son terme, partant du principe que c’est au gouvernement et non pas au chef de l’État d’assumer la responsabilité de la crise, car le cabinet est le pouvoir exécutif alors que le président est à la tête des pouvoirs. Dans les milieux aounistes, on estime que le départ de Saad Hariri était naturel, car c’était à lui d’assumer la crise et l’état actuel du pays. Et si les relations sont aujourd’hui rompues entre Baabda et la Maison du Centre, la chose est normale et nécessaire en ces circonstances. Ces mêmes milieux craignent toutefois qu’en cas d’échec du gouvernement Diab, le mandat Aoun ne soit emporté dans sa chute, vu que la majorité parlementaire, à savoir le CPL et le tandem chiite, est celle qui a formé ce gouvernement. C’est la raison pour laquelle le chef de l’État insiste sur la nécessité de réactiver les aides internationales au Liban. D’où cette volonté de la part des responsables de faire taire la contestation populaire, afin de donner au gouvernement la chance de s’exprimer et de se faire entendre des pays donateurs. Pour l’heure, les signes n’ont rien d’encourageant, comme le montre la visite de l’ambassadeur saoudien Walid Boukhari à Dar el-Fatwa. Le message saoudien au Liban est clair : pas d’aide des pays du Golfe au gouvernement sans un blanc-seing américain. Parce que le gouvernement est considéré comme celui du Hezbollah, mais aussi parce que la déclaration ministérielle n’a pas changé le regard de Washington à l’égard du cabinet Diab.



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Le gouvernement de Hassan Diab, qui devrait obtenir la confiance avec 71 voix, sera-t-il un gouvernement de fin de mandat, ou tombera-t-il dans la rue comme le cabinet de Saad Hariri, au terme des 100 jours de grâce ? Il faut dire que le cabinet n’a pas répondu aux attentes des contestataires, pas plus qu’il n’a obtenu la confiance internationale, alors qu’en revanche il a constitué...

commentaires (3)

PAS D,AIDE ARABE S,IL N,Y A PAS DU VRAI CHANGEMENT DANS L,ATTITUDE ENVERS LES ARABES ET CELA DEMANDE EN PREMIERE INSTANCE LE DESARMEMENT DES MILICES IRANIENNES.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 42, le 07 février 2020

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Commentaires (3)

  • PAS D,AIDE ARABE S,IL N,Y A PAS DU VRAI CHANGEMENT DANS L,ATTITUDE ENVERS LES ARABES ET CELA DEMANDE EN PREMIERE INSTANCE LE DESARMEMENT DES MILICES IRANIENNES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 42, le 07 février 2020

  • Le cabinet Diab c'est du solide . Il est formé de personnes aux nerfs solides . Des personnes patientes et déterminées à ne pas plier sous le chantage du deal du siècle . En douce, mais c'est du solide .

    Chucri Abboud

    12 h 33, le 07 février 2020

  • licenciement de libanais, syriens yemenites & iraniens par l'arabie saoudite ! et voila que le couperet-le vrai-le plus dramatique commence a tomber sur nos tetes ! notre richesse la plus sure-a ce jour-, nos ressources les plus assurees- a ce jour- l'apport en $ transferes par les libanais de l'etranger le plus garanti , tout cela risque de s'assécher...... "YALLI BI IDO ALLA Y ZIDO" DISONS NOUS ? OUI MAIS C'EST BIEN CELA OU LE BAT BLESSE : LES VOLEURS POURSUIVENT LEURS RAPTS , LE PEUPLE POURSUIT SA DESCENTE EN ENFER !

    Gaby SIOUFI

    10 h 45, le 07 février 2020

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