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Politique - Sécurité

L’efficacité des masques à gaz : le tout est dans la nature du filtre

Les masques disponibles sur le marché libanais ne sont pas nécessairement conçus contre les gaz lacrymogènes.

De tous les apparats du manifestant, le masque à gaz reste un incontournable compagnon de lutte. En ces temps de révoltes et d’insurrections populaires, nombreux sont les protestataires qui se dotent d’équipements de défense, voire de combat, dans le but de faire face aux répressions policières toujours plus violentes. Le masque à gaz a ainsi fait son entrée il y a quelques semaines sur la scène libanaise. Depuis le soulèvement du 17 octobre dernier, il est employé par les journalistes et les manifestants les plus hardis pour parer aux gaz lacrymogènes parfois utilisés par les forces de l’ordre. L’utilisation de cet équipement est devenue un passage obligé afin de pouvoir faire entendre sa voix, dans le cas des manifestants, ou tout simplement pour être en mesure d’exercer sa mission d’information, lorsque les journalistes sont présents sur le terrain.

« Ah, ça ? Oui, oui, je l’ai trouvé pour une somme de 10 000 livres libanaises dans un magasin à Beyrouth », souligne Michel, cadre supérieur âgé d’une quarantaine d’années, en réponse à notre question sur la provenance de son masque. « Je ne sais pas si cela me protège vraiment du gaz, mais ça suffit pour s’enfuir ! » nous confie-t-il en riant. En effet, les masques à gaz disponibles sur le marché à Beyrouth ne sont pas conçus pour se protéger de tous les gaz chimiques et aérosols, en raison de l’épaisseur des particules qui sont dégagées.



(Pour mémoire : Amnesty appelle le Liban à mettre fin à l'usage excessif de la force contre les manifestants)



L’un des établissements qui vend ce type d’équipement offre une petite gamme de masques, lunettes de protection, gants renforcés ainsi que des casques de chantier, à des prix relativement bas. Le propriétaire de ce magasin de bricolage, Ghassan, souligne dans ce cadre que « le secret réside dans le filtre ». Malgré les différents modèles de masques à gaz, ce sont les filtres à air qui permettent leur utilisation suivant la situation dans laquelle ils sont employés.

Alors que la durée de vie d’un masque est estimée à de nombreuses années, dépendamment de son entretien assuré par celui qui l’utilise, un filtre ne peut tenir que 24 heures sous respiration continue. Aujourd’hui, aucun filtre ne protège spécifiquement des gaz lacrymogènes. Les plus utilisés sont généralement ceux fabriqués pour les gaz chimiques, tels que les aérosols contenus dans les bombes de peinture et pour les carrosseries pour voiture, si bien que certains artistes et les garagistes sont souvent amenés à utiliser ce genre de matériel pour préserver leur santé.


(Lire aussi : Le gaz lacrymogène, une arme sans blessés, mais pas sans effets)


Les prix pratiqués
Le masque à gaz étant avant tout un outil, il est proposé dans la plupart des magasins de bricolage du pays. Selon la gamme, la spécificité ou bien la marque du masque, les prix varient en moyenne entre 10 000 LL et 50 000LL. Il faut compter en outre 3 000 livres pour le prix d’un filtre de protection contre les gaz de « basse toxicité » et 15 000 livres pour le filtre contre des produits chimiques plus nocifs.

Force est de relever que les civils ne peuvent se procurer que du matériel bon marché et souvent mal adapté au gaz lacrymogène, tandis que la police et l’armée, par contre, ont à leur disposition un véritable arsenal de protection chimique perfectionné et conçu pour un usage militaire. Le visage entier des membres des forces régulières est ainsi protégé par une large visière en plastique qui permet une visibilité absolue sans craindre les irritations de la peau et l’aveuglement dû au gaz de dispersion. Les filtrages militaires, qui permettent de résister aux particules radioactives ou aux gaz mortels, ne sont généralement pas disponibles sur le marché ouvert au grand public et leur utilisation est considérée comme une arme de guerre dans certains pays comme la France.

Aujourd’hui, la simple détention d’un masque à gaz lors de rassemblements et de manifestations est formellement interdite par les autorités françaises, en application de la loi n°2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Cette loi a été réaffirmée depuis par les nouvelles dispositions de la loi de 2018 sur le droit de manifester.

Au Liban, la classe politique tout comme les autorités libanaises n’ont pas l’air d’avoir déjà pris de quelconque disposition législative quant au port du masque à gaz lors des manifestations. Il est encore permis de respirer l’air de la liberté, si toutefois vous disposez de l’équipement adéquat en cas de grabuge avec les forces de l’ordre.


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