Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Gaza

Le Hamas accepte une proposition de trêve dans la bande de Gaza

Le chef du bureau politique du Hamas à l'étranger, Ismail Haniye, à Beyrouth le 5 avril 2023. Photo Mountasser Abdallah

Le mouvement islamiste palestinien Hamas dit avoir accepté lundi une proposition de trêve, quelques heures après le début d'une opération israélienne d'évacuation de dizaines de milliers de personnes de Rafah, à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée. L'évacuation doit être le prélude à une vaste opération militaire terrestre israélienne dans la ville surpeuplée de Rafah, à laquelle s'opposent de nombreux pays, dont les Etats-Unis, principal allié d'Israël, et organisations internationales.

Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre qatari cheikh Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani et le chef du Renseignement égyptien, Abbas Kamel, les informant que « le Hamas avait approuvé leur proposition d'accord de cessez-le-feu », selon un communiqué publié sur le site du mouvement palestinien, sans plus de détails.

« La balle est désormais dans le camp » d'Israël, a déclaré un responsable du mouvement sous le couvert de l'anonymat, alors que la ville de Rafah, devenue un refuge pour plus d'un million de personnes dont une majorité de déplacés, était le théâtre de scènes de joie et de tirs en l'air après l'annonce lundi soir de la réponse du Hamas.

Largage de tracts

Israël, en guerre avec le Hamas depuis le 7 octobre, n'a pas réagi officiellement dans l'immédiat à cette annonce du Hamas.

Des négociations indirectes menées par le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte, visant à arracher une trêve associée à la libération d'otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens, avaient débuté samedi au Caire mais s'étaient achevées dimanche sans avancée. Le Hamas réclamait un cessez-le-feu définitif tandis qu'Israël se dit décidé à détruire le mouvement palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007, considéré comme une organisation terroriste par ce pays, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le directeur de la CIA, William Burns, devait avoir lundi au Qatar, selon une source proche des négociations, une « réunion d'urgence avec le Premier ministre » Mohammed ben Abdelrahmane Al Thani, « afin de discuter des moyens de remettre les pourparlers sur les rails ».

Malgré les objections internationales, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait promis de lancer l'offensive sur Rafah, quelle que soit l'issue des négociations. Dans cette perspective, l'armée israélienne a affirmé avoir commencé lundi « une opération d'ampleur limitée pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l'est de Rafah », estimant à « environ 100.000 » le nombre de personnes concernées.

Des tracts largués sur les quartiers est de Rafah ont averti que « l'armée israélienne s'apprête à agir avec force contre les organisations terroristes » et demandé aux habitants « d'évacuer immédiatement vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi », à une dizaine de kilomètres de Rafah.

« Les habitants évacuent dans la terreur et la panique », a déclaré à l'AFP Ossama al-Kahlout, un responsable du Croissant-Rouge palestinien dans l'est de Rafah, précisant que les zones désignées abritaient environ 250.000 personnes. Des « milliers » de personnes quittent l'est de Rafah après des frappes aériennes israéliennes sur la zone que l'armée israélienne a ordonné d'évacuer quelques heures auparavant, a-t-il ajouté plus tard.

Des habitants ont raconté à l'AFP avoir appris la nouvelle à leur réveil, après une nuit rythmée par des frappes israéliennes. Certains préparaient leurs affaires, dans leurs tentes inondées par une pluie abondante, ou les entassaient dans des remorques.

« Inhumain »

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a jugé « inhumain » cet ordre d'évacuation, alors que plusieurs capitales, dont Washington, ont répété leur opposition à l'offensive sur Rafah.

Dans un entretien téléphonique, le président américain Joe Biden a réitéré lundi sa « position claire » à M. Netanyahu contre toute offensive à Rafah, selon la Maison Blanche.

Après des bombardements nocturnes qui ont fait 16 morts au sein de deux familles, selon les secouristes, la Défense civile a annoncé lundi que l'armée intensifiait ses frappes sur deux des quartiers concernés par les évacuations.

Cet ordre d'évacuation à Rafah, transformée en un gigantesque camp de réfugiés, « laisse présager le pire: davantage de guerre et de famine. C'est inacceptable », a lancé lundi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a récemment prévenu que le nord de la bande de Gaza était frappé par une « véritable famine », qui progresse vers le sud du territoire.

L'Autorité palestinienne, qui siège en Cisjordanie occupée, a appelé Washington à empêcher un « massacre ».

Selon l'armée israélienne, « des hôpitaux de campagne, des tentes et un volume croissant de nourriture, d'eau, de médicaments et autres » sont installés à Al-Mawasi.

Mais des habitants et des organisations humanitaires décrivent des secteurs déjà surpeuplés ou détruits après sept mois de guerre.

« Où aller ? »

« Ma famille et moi, 13 personnes, ne savons pas où aller », confie Abdelrahmane Abou Jazar, un homme de 36 ans. Cette zone manque « de place pour planter des tentes ou d'écoles où nous abriter ». « La zone est déjà saturée et dépourvue de services de base », selon Jan Engeland, directeur de l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC).

Cette opération intervient après la mort dimanche de quatre soldats tués par des roquettes tirées depuis l'est de Rafah autour de Kerem Shalom, le principal point d'entrée de l'aide humanitaire depuis Israël vers Gaza. La branche armée du Hamas a revendiqué ces tirs, qui ont conduit Israël à fermer le passage, alors que l'aide internationale entre au compte-gouttes dans le territoire assiégé.

M. Netanyahu a indiqué lundi à M. Biden qu'il s'assurerait que « Kerem Shalom soit ouvert pour une aide humanitaire à ceux dans le besoin », selon la Maison Blanche.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 35 sont mortes, selon l'armée.

Les représailles israéliennes ont fait jusqu'à présent 34.735 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, dont au moins 52 en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas. 

Le mouvement islamiste palestinien Hamas dit avoir accepté lundi une proposition de trêve, quelques heures après le début d'une opération israélienne d'évacuation de dizaines de milliers de personnes de Rafah, à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée. L'évacuation doit être le prélude à une vaste opération militaire terrestre israélienne dans la ville surpeuplée de Rafah,...