Un homme inspecte le lieu d'une frappe nocturne israélienne à Sefri, dans la Békaa, à quelques kilomètres de Baalbeck, le 6 mai 2024. Photo AFP
La tension est à nouveau montée d'un cran ces dernières heures entre l'armée israélienne et le Hezbollah, avec des frappes en profondeur des deux côtés de la Ligne bleue, notamment à Baalbeck côté libanais, et une attaque lancée par le parti chiite avec des drones piégés.
Une escalade qui survient au lendemain d'une frappe israélienne sur Meis el-Jabal (Marjeyoun) qui a fait quatre victimes civiles, et à laquelle le Hezbollah avait répliqué par une série de tirs de roquettes sur des villages du nord d'Israël.
Dans la nuit de dimanche à lundi, vers 4h du matin, un bombardement israélien a détruit une maison inhabitée à Sefri, dans la Békaa, à quelques kilomètres de Baalbeck. La frappe a fait trois blessés, selon une source locale citée par notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah. La région de Baalbeck a été frappée à plusieurs reprises par l'aviation israélienne depuis le début des affrontements entre le Hezbollah et l'Etat hébreu le 8 octobre 2023.
Frappe en profondeur dans le nord d'Israël
Le Hezbollah a annoncé avoir riposté à ce tir en lançant, à 9h, « des dizaines de roquettes Katioucha » sur le quartier général de la 210e division du Golan de l'armée israélienne à Nafah. Nafah est située à une trentaine de kilomètres de la localité libanaise frontalière de Kfarchouba. Il s'agit d'une des rares frappes très en profondeur dans le territoire israélien lancée par le parti chiite.
Au milieu de la journée, la tension est encore montée d'un cran avec le bombardement, à huit reprises, d'une zone située entre Louaizé, Jarjouaa et Sajed, dans le caza de Jezzine. Huit missiles se sont abattus sur les vallées et collines de cette région. L'armée israélienne a confirmé dans un communiqué que ses avions de chasse ont frappé « environ 15 structures militaires et infrastructures du Hezbollah situées dans un complexe militaire appartenant à la force d'élite du parti chiite, al-Radwane, dans cette région.
Station de distribution d'eau endommagée
Après ces tirs, l'Office des eaux du Liban-Sud a appelé les consommateurs dont les habitations sont alimentées par la station de Nabeh el-Tassé, située dans la zone, à s'abstenir de boire l'eau courante ou de l'utiliser pour cuisiner. Dans un communiqué, l'Office des eaux indique que la frappe a causé des dégâts « au niveau des réacteurs électriques, des pompes et d'une citerne ». « De mauvaises odeurs se sont dégagées sur les lieux (après la frappe). Afin de préserver la santé des citoyens et par mesure de précaution (...) nous conseillons aux habitants de s'abstenir de boire cette eau ou de l'utiliser pour préparer de la nourriture, en attendant la fin des tests de laboratoire », indique le texte.
En riposte, le parti chiite a revendiqué vers 12h30 une « attaque aérienne, au moyen de drones piégés », contre des soldats israéliens mobilisés dans le sud de Metoula. « Des véhicules ont été détruits », assure le parti chiite dans un communiqué, avant d'affirmer avoir fait des victimes. De son côté, l'armée israélienne a indiqué avoir « aperçu un drone en provenance du Liban au-dessus de la localité de Metoula, après le déclenchement des sirènes dans le nord d'Israël ».
D'autres zones le long de la frontière ont été ciblées par l'armée israélienne, notamment la périphérie de Wadi Slouki et de Markaba, selon des habitants. Adaïssé et Kfar Kila ont, eux, été mitraillés, à partir de Metoula. Des ballons incendiaires ont en outre été lancés sur Khiam. Ces engins incendiaires ou thermiques sont des ballons qui contiennent du gaz et un explosif et qui sont lâchés dans l'intention que le vent transporte la bombe jusqu'à sa cible. L'armée libanaise avait mis en garde contre leur utilisation au début du mois de janvier, déclarant dans un communiqué que ces armes « tombent dangereusement près des zones résidentielles et entre les maisons sans exploser ».