Le Liban officiel rejette en bloc le plan américain de paix

Les responsables libanais ont rejeté en bloc hier le plan pour la paix au Proche-Orient présenté la veille par le président américain Donald Trump, le président Michel Aoun appelant au téléphone son homologue palestinien Mahmoud Abbas pour l’assurer de la solidarité du Liban avec le peuple palestinien.

Lors de l’entretien téléphonique, le chef de l’État a insisté sur l’importance d’adopter « une position arabe unifiée » face au « deal du siècle ». « Le Liban s’en tient à l’initiative arabe de paix, adoptée au cours du sommet de Beyrouth » en 2002, a-t-il ajouté, notamment « le droit au retour des Palestiniens et l’établissement d’un État indépendant avec Jérusalem pour capitale ».

Le président Aoun a par ailleurs reçu le ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, avec lequel il a évoqué le plan de paix américain. Ce dernier a souligné, lors de déclarations accordées à des chaînes télévisées, que « toute tentative d’aboutir à une paix partielle, ne comprenant pas l’établissement d’un État palestinien avec Jérusalem pour capitale, est vouée à l’échec ». « Nous soutenons le droit au retour des Palestiniens et refusons leur implantation » dans les pays hôtes, notamment le Liban, a-t-il déclaré. M. Hitti a ajouté qu’il défendrait, lors de sa participation à la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères samedi, l’attachement à l’initiative arabe de paix de 2002. Il a démenti qu’il ait été « demandé au Liban d’accepter quoi que ce soit en échange d’une contrepartie financière ».

Le plan de paix affirme que Jérusalem-Est est « la capitale indivisible de l’État d’Israël » et pourrait concéder aux Palestiniens d’avoir une capitale dans une des banlieues de Jérusalem-Est, comme Abou Dis. Il ne reconnaît pas le droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers, et l’une des options qu’il leur propose est d’être intégrés dans les pays dans lesquels ils résident, avec l’accord de l’État hôte. Le plan prévoit par ailleurs des investissements de 6,325 milliards de dollars au Liban, dans le cadre d’un plan d’investissements massifs dans la région.

Le Premier ministre Hassane Diab a quant à lui affirmé sur son compte Twitter que « Jérusalem restera notre boussole, et la Palestine notre cause ».

« Faire échec à ce plan par la force »

Pour sa part, le président du Parlement, Nabih Berry, a estimé que le plan Trump visait à « liquider la cause palestinienne ». « Le “deal du siècle” met fin à ce qu’il reste du rêve palestinien d’établir un État indépendant, avec Jérusalem pour capitale », a affirmé M. Berry dans un communiqué publié par son bureau de presse. « Nous réaffirmons que le Liban et les Libanais ne seront pas les parjures de la nouvelle mise à mort du peuple palestinien et de ses droits légitimes », a dit le chef du législatif. Et de souligner que le premier de ces droits est « le droit au retour » des réfugiés dans les territoires palestiniens. « Nous ne serons jamais complices de l’achat ou du troc de ces droits pour une bouchée de pain », a-t-il ajouté. Il a appelé dans ce contexte « tous les hommes libres du monde arabe et musulman, et surtout le peuple palestinien », à s’unir pour « libérer les Territoires et protéger ce qu’il reste de la dignité arabe ». Nabih Berry s’est par ailleurs entretenu avec son homologue iranien, Ali Larijani, qui a insisté sur « la nécessité d’unifier les peuples arabes et musulmans afin de rejeter le deal du siècle ».

Après le Hezbollah et le courant du Futur qui avaient dénoncé mardi le plan de paix américain, le Parti socialiste progressiste a assuré hier qu’il se tenait « fermement aux côtés du peuple palestinien et défendait la cause des réfugiés et leurs droits ». Il a appelé à « la plus vaste campagne de solidarité populaire et officielle, sur les plans arabe et international », aux Palestiniens pour « faire échec à ce plan par la force ».

Un grand nombre de personnalités politiques et religieuses ont également dénoncé le plan américain, comme le député Marwan Hamadé qui a estimé que la meilleure riposte au « deal du siècle » est de « rester attaché aux résolutions internationales, à celles du sommet arabe de Beyrouth et à l’initiative du roi Abdallah pour la paix ». Cette initiative, a-t-il rappelé, préconise une solution « sur la base de deux véritables États, avec la Jérusalem arabe pour capitale de l’État de Palestine, le droit au retour et aux frontières de 1967 ».

Le chef du Parti démocratique libanais, le député Talal Arslane, a de son côté appelé au téléphone le président palestinien pour dénoncer « le complot américano-sioniste » que représente le plan de paix.

Quant au député de Saïda Oussama Saad, il a assuré que ce plan « ne passera pas », se déclarant confiant dans « la capacité du peuple palestinien et des Arabes, en particulier les jeunes parmi eux, à faire avorter » le projet du président Trump.

Par ailleurs, des manifestants se sont rassemblés en soirée dans le centre-ville de Beyrouth, au niveau de l’hôtel Le Gray, déployant un énorme drapeau palestinien et scandant des slogans dénonçant le plan de paix américain.