Des personnes armées de bâtons s'en prenant aux manifestants, dans le quartier de Jnah, le 24 janvier 2020. Capture d'écran d'une vidéo publiée sur le groupe Facebook Akhbar al-Saha
Des contestataires ont été attaqués vendredi à Jnah (au sud de Beyrouth) par des inconnus, au moyen de couteaux et de bâtons, lors d'une manifestation au cours de laquelle ils devaient organiser un rassemblement devant différentes administrations publiques afin de protester contre le gaspillage financier.
Arrivés à la première étape de leur tournée, devant la Caisse du Sud dans le quartier de Jnah dans la banlieue sud, les manifestants ont été attaqués par des personnes non-identifiées à coups de bâtons et de couteaux. Le bus dans lequel ils se déplaçaient a également été vandalisé. L'armée est intervenue pour séparer les manifestants des attaquants, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).
الاعتداء على المتظاهرين السلميين امام مجلس الجنوب او ما اسماه المعتدون مجلس المقاومة! pic.twitter.com/VjTwmNPLXu
— مها حطيط (@mahahoteit) January 24, 2020
Sur les réseaux sociaux, des activistes accusent des partisans du mouvement Amal, du président de la Chambre, Nabih Berry, de s'en être pris aux protestataires. Selon un activiste interrogé par la chaîne de télévision locale LBC, l'incident est survenu "alors que les manifestants étaient à peine en train de sortir du bus". "Ils nous accusent de les avoir insultés et d'avoir voulu entrer dans le bâtiment mais nous n'en avons même pas eu le temps", a-t-il souligné. Et de préciser que les contestataires souhaitaient manifester devant cette administration "parce qu'elle n'est soumise à aucun contrôle financier, ce qui en fait une source possible de gaspillage des deniers publics".
Lors d'une conférence de presse, un des militants présents lors de l'attaque a affirmé que les agresseurs ont dit être des partisans du mouvement Amal et avoir été poussés à attaquer les manifestants "sur ordre du cheikh Kabalan Kabalan", le président de la Caisse du Sud.
(Lire aussi : Miroir aux alouettes, le billet de Gaby NASR)
Amal réagit
Réagissant à cet incident, une source proche du mouvement Amal, interrogée par la LBC, a indiqué que "ce qu'il s'est passé est une réaction des habitants du quartier à la situation sociale et politique pressante actuelle et aux provocations de ces derniers jours sur les différentes places de la contestation". "Il n'y a eu aucune décision du parti" concernant ces attaques, ajoute la source, qui souligne que si les contestataires "avaient assuré la coordination du sit-in avec le parti et les forces de sécurité, il n'y aurait eu aucun affrontement".
Dans un communiqué publié en fin d'après-midi, la Caisse du Sud a condamné l'incident. "Nous estimons que ce qui s'est passé sur la route menant au siège entre des habitants du secteur et certains manifestants est inadmissible et condamnable", indique ce texte, dénonçant des "réactions regrettables".
Pour sa part, le ministre libanais de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, a déclaré que les agresseurs "seraient poursuivis". "Nous n'accepterons pas que l'on s'en prenne à la dignité des citoyens", a-t-il déclaré. Dans la soirée, M. Fahmi a annoncé que deux des agresseurs avaient été arrêtés.
Dans la soirée, la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, a insisté dans un communiqué sur la nécessité de "poursuivre tous les auteurs". "Toute tentative de réprimer la liberté d'expression garantie par la Constitution s'expose à des poursuites judiciaires", ajoute ce texte.
Les contestataires qui ont organisé cette tournée devant les administrations devaient également se rendre au siège du Conseil du développement et de la reconstruction et à la caisse des déplacés, dans le centre-ville de Beyrouth. Cette mobilisation a pour but de "réclamer que les administrations luttent contre la corruption et le gaspillage financier", rapporte l'Ani.
Par ailleurs, des contestataires ont brièvement fermé l'avenue principale du quartier de la Cité sportive et la route de Corniche Mazraa, tandis que des jeunes en moto, circulant dans le quartier de Tarik Jdidé, appelaient à manifester devant le Sérail gouvernemental.
Les manifestants libanais descendent dans la rue depuis 100 jours pour protester contre la corruption et l'incompétence de la classe politique, sur fond d'une grave crise économique. Les rassemblements, qui étaient majoritairement pacifiques, ont pris un tour plus violent depuis plus d'une semaine, dégénérant régulièrement en affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.
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commentaires (12)
On n'a pas besoin d'un système de reconnaissance faciale afin d'identifier ces individus et encore moins d'une "concertation" ou autre autorisation d'un parti politique pour une marche contre le gaspillage financier...
C…
21 h 08, le 24 janvier 2020