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Politique

Gouvernement : cap sur le vote de confiance

Le quorum de 65 députés requis pour la tenue de la séance parlementaire semble en principe assuré.

(photo ANI)

Après avoir vu le jour au terme d’une laborieuse gestation, le nouveau gouvernement de Hassane Diab devra obtenir la confiance du Parlement, comme le stipule la Constitution, pour pouvoir se lancer officiellement dans son action.

Au vu du timing de la gestation du cabinet et des péripéties qui l’ont accompagnée, nombreux sont les éléments qui peuvent influer sur le vote de confiance à la Chambre, sachant que le chef du législatif Nabih Berry n’a pas encore fixé la date de la séance.

Il y a d’abord la réaction de la rue sunnite à la mise sur les rails du cabinet Diab. D’autant que dès l’annonce de la formation du gouvernement mardi soir, les routes ont été bloquées dans plusieurs régions sunnites longtemps considérées comme d’importants fiefs du courant du Futur. Une façon pour cette communauté d’exprimer ce que certains observateurs qualifient de « frustration », dans la mesure où l’écrasante majorité des sunnites s’estime écartée du pouvoir à la suite de la démission de Saad Hariri de son poste de Premier ministre, le 29 octobre dernier. C’est d’ailleurs à la faveur de cette même logique que plusieurs régions sunnites s’étaient opposées à la nomination de Hassane Diab pour former la nouvelle équipe ministérielle. Ils avaient alors bloqué plusieurs axes routiers en signe de protestation.


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Cette colère, le Premier ministre a tenté de la contenir en annonçant qu’il visitera prochainement Dar el-Fatwa, la plus haute autorité religieuse sunnite du pays. M. Diab a également déclaré depuis Baabda que son premier déplacement en tant que chef du gouvernement aura pour destination un des pays du Golfe.

S’il est conscient de cette frustration de la rue sunnite, le courant du Futur se rendra « en principe » à la séance consacrée au vote de confiance, comme le confie à L’Orient-Le Jour Moustapha Allouche, membre du bureau politique du parti haririen. « Nous participerons en principe à la séance parlementaire, tant que nous faisons partie intégrante de la Chambre », déclare l’ancien député de Tripoli, soulignant que « le cabinet Diab est légitime, mais ne répond pas aux demandes du mouvement de contestation ». « Nous ne lui accorderons probablement pas la confiance », dit-il, insistant sur le fait que le boycottage de la séance parlementaire devrait être le fruit d’une « décision que prendrait un large front d’opposition. Mais ce n’est pas encore le cas », nuance-t-il.


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Outre la colère de la rue sunnite, c’est surtout le mouvement de contestation et son ampleur qui peuvent faire infléchir le vote de confiance dans un sens ou dans l’autre, surtout si les manifestants parviennent à marquer un nouveau but dans les filets du président du Parlement Nabih Berry, en empêchant la tenue de la réunion, comme ils l’avaient fait le 19 novembre dernier pour faire barrage aux tentatives de voter une loi d’amnistie générale. De nombreux observateurs soulignent d’ailleurs que les protestataires n’ont pas tardé, eux aussi, à manifester leur colère aussi bien à la désignation de Hassane Diab qu’à la mise sur pied de son cabinet restreint, en arguant du fait que le Premier ministre fait partie intégrante de la classe politique qu’ils rejettent et qu’il n’a pas formé une équipe totalement indépendante de la caste politique comme il l’avait promis. On en veut pour preuve les violents affrontements entre les protestataires et les forces de l’ordre au centre-ville de Beyrouth.

Cela fait dire à Élias Hankache, député Kataëb du Metn, que son parti n’accordera pas la confiance au nouveau cabinet, « dont la formation n’a obéi qu’à la traditionnelle logique de partage du gâteau qui avait poussé les gens à se rebeller et envahir les rues depuis le 17 octobre dernier », comme il le souligne à L’Orient-Le Jour, avant de confier que le bureau politique Kataëb devrait se réunir prochainement pour décider de la participation des trois députés de la formation au vote de confiance.


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À son tour, le groupe parlementaire des Forces libanaises se réunira pour décider de la question du vote de confiance. En attendant, un responsable FL se contente de rappeler que le gouvernement qui vient d’être formé n’est autre qu’une équipe monochrome axée sur un clair partage des quotes-parts. « Il ne pourra donc pas résoudre les problèmes du pays », explique-t-il, laissant ainsi entendre que le gouvernement Diab risque de se voir privé de la confiance des quinze députés FL.

Même son de cloche du côté de Moukhtara. Déterminé à remplir son « devoir parlementaire », le groupe joumblattiste pourrait prendre part à la séance plénière, mais sans accorder sa confiance à la nouvelle équipe. Expliquant cette décision à L’OLJ, Marwan Hamadé, député du Chouf, ne mâche pas ses mots : « C’est un gouvernement façonné par le Hezbollah, qui rappelle l’époque de l’hégémonie syrienne. » Si M. Hamadé reconnaît toutefois qu’aucune décision n’a encore été prise à ce sujet, il déclare sans détour : « Nous nous plaçons déjà dans l’opposition. »


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Majorité absolue et majorité simple
Il s’avère donc que jusqu’à présent le problème du quorum requis pour la tenue de la séance (la majorité absolue, soit 65 députés sur 128) ne se pose pas, les composantes de l’opposition étant (majoritairement) déterminées à se rendre en principe à l’hémicycle, aux côtés de leurs collègues représentés au sein du gouvernement Diab. Il s’agit bien entendu du Courant patriotique libre, du Hezbollah, du mouvement Amal et des Marada.

Il reste que le Premier ministre et son équipe pourraient bénéficier d’une majorité étriquée lors du vote de confiance, comme ce fut le cas lors de la désignation de Hassane Diab pour former le nouveau cabinet. Il n’avait alors obtenu que l’appui de 69 députés. Un scénario qui pourrait bien se reproduire à la Chambre, sachant que le scrutin ne requiert que la majorité simple des députés présents.


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Après avoir vu le jour au terme d’une laborieuse gestation, le nouveau gouvernement de Hassane Diab devra obtenir la confiance du Parlement, comme le stipule la Constitution, pour pouvoir se lancer officiellement dans son action. Au vu du timing de la gestation du cabinet et des péripéties qui l’ont accompagnée, nombreux sont les éléments qui peuvent influer sur le vote de confiance à...

commentaires (8)

La confiance du Parlement, il l'aura puisque les partis qui le composent y sont majoritaires. Celle des citoyens et celle des pays amis, c'est une autre histoire.

Yves Prevost

17 h 42, le 24 janvier 2020

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Commentaires (8)

  • La confiance du Parlement, il l'aura puisque les partis qui le composent y sont majoritaires. Celle des citoyens et celle des pays amis, c'est une autre histoire.

    Yves Prevost

    17 h 42, le 24 janvier 2020

  • Il aura une confiance qu'il ne mérite pas d'un groupe d'élus qui ne le sont vraiment pas!

    Wlek Sanferlou

    13 h 48, le 24 janvier 2020

  • Sans ou avec les manifrstants dans la rue le vote de confiance aura donc lieu dans un pays ou on oublie vite .

    Antoine Sabbagha

    12 h 36, le 24 janvier 2020

  • Quel cap , et quelle confiance ! Hahahaha...

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 00, le 24 janvier 2020

  • au risque de me repeter- non pas au risque, au besoin de me repeter, SANS PREROGATIVES EXCEPTIONNELLES le gouv fera face aux caprices Interesses des deputes et de leurs patrons(pour ne pas etre mechant et inclure les ministres eux memes). ps. malheureusement on le sait bien : pas moyen de l'obtenir et donc echec garanti !

    Gaby SIOUFI

    10 h 50, le 24 janvier 2020

  • Il l'aura.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 38, le 24 janvier 2020

  • pour avoir la confiance d'un peuple ,il faut etre légitime ;ce gouvernement l'est il ?J.P

    Petmezakis Jacqueline

    08 h 11, le 24 janvier 2020

  • LE VOTE DE CONFIANCE DES ABRUTIS EST ASSURE. LA CONFIANCE DES CITOYENS A CETTE EQUIPE PAR PROCURATION FAIT BIGREMENT DEFAUT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 46, le 24 janvier 2020

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