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Politique - Gouvernement

Hassane Diab prépare son examen de passage international

Les pays donateurs posent des conditions claires, politiques, économiques et financières pour aider le Liban à sortir du gouffre.


Le président du Conseil, Hassane Diab, recevant l’ambassadeur de France, Bruno Foucher. Photo Dalati et Nohra

Des actes, pas des paroles, et dans l’urgence. Ce pourrait être le grand titre de la phase diplomatique qui s’est ouverte avec la formation du gouvernement. C’est à cette condition de sérieux que « la France se tient prête à accompagner les autorités libanaises dans la mise en œuvre des réformes nécessaires et fera tout pour aider le Liban à sortir de sa crise », a affirmé hier une déclaration du Quai d’Orsay. Cet accueil prudent, conditionnel, presque froid, fait par la France au gouvernement est pleinement partagé par les États-Unis. Il est clair que le gouvernement est mis sous observation et que les pays donateurs posent des conditions claires, politiques, économiques et financières pour aider le Liban à sortir du gouffre.

La déclaration du Quai d’Orsay suit celle du président Emmanuel Macron qui, d’Israël où il se trouvait mercredi, avait affirmé : « Nous ferons tout (…) pour aider nos amis libanais. »

Par la voix de la porte-parole du Quai d’Orsay, Paris a rappelé au Liban les nécessaires « mesures d’urgence à même de rétablir la confiance » de la communauté internationale. « La situation difficile que connaît le Liban exige que son nouveau gouvernement prenne en priorité les mesures d’urgence à même de rétablir la confiance. Le temps est venu pour l’ensemble des responsables libanais d’agir de manière collective et dans l’intérêt général de tous les Libanais », affirme la déclaration.


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« Comme l’ont souligné les partenaires du Liban lors de la réunion du Groupe international de soutien (GIS) à Paris le 11 décembre 2019, des réformes profondes et ambitieuses seront nécessaires, notamment en matière de transparence de l’économie, de soutenabilité économique et financière, de lutte contre la corruption et d’indépendance de la justice », a rappelé la porte-parole de la diplomatie française.

« En tête de ces réformes, celle du secteur de l’électricité, comme l’affirmait déjà la conférence de Paris en avril 2018.

« Pour être efficace, il conviendra que ce gouvernement s’assure de l’engagement de tous les acteurs concernés et travaille dans un esprit de responsabilité. Le temps est venu pour l’ensemble des responsables d’agir de manière collective et dans l’intérêt général de tous les Libanais.

« Sur cette base, la France se tient prête à accompagner les autorités libanaises dans la mise en œuvre des réformes nécessaires et fera tout pour aider le pays à sortir de sa crise. Elle réitère son attachement à la souveraineté, à la stabilité et à la sécurité du Liban qu’il est essentiel de dissocier des crises en cours dans un contexte de fortes tensions régionales. La France se tient, comme elle l’a toujours fait, aux côtés des Libanais. »



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Journée diplomatique au Sérail
Comme on le voit, les Français sont très précis sur ce qu’ils veulent. Dans l’après-midi, Bruno Foucher rendait sa première visite au président du Conseil, en présence de Damien Kattar, le ministre de l’Environnement. L’entretien entre les deux hommes s’est tenu « dans l’esprit de la déclaration du Quai d’Orsay », a précisé la porte-parole de l’ambassade, Stéphanie Salha.

Par la suite, M. Diab devait recevoir les ambassadeurs de l’Union européenne Ralph Tarraf, de Suisse Monika Schmutz Kirgöz, et de Grande-Bretagne Chris Rampling.

« Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que le gouvernement doit se concentrer sur les dossiers économiques (…), tout en mettant en place les réformes structurelles », a dit M. Tarraf à l’issue de la réunion. « Nous nous engageons, en tant qu’Union européenne, à apporter notre aide si ces réformes sont appliquées, a-t-il ajouté. Nous attendons que le gouvernement maintienne sa politique de distanciation et son positionnement politique », a encore souligné Ralph Tarraf. L’ambassadeur a toutefois refusé de dire s’il considérait le gouvernement Diab comme « celui du Hezbollah » ou comme « un cabinet monochrome ».

L’ambassadrice de Suisse a pour sa part indiqué que Hassane Diab et son gouvernement « font face à une tâche difficile et que son pays est prêt à les aider ». La diplomate a en outre fait état de « rumeurs sur des opérations de fuite de capitaux, notamment vers la Suisse ». « Nous sommes prêts à coopérer, à la demande du nouveau gouvernement libanais, afin de faire la lumière sur ces rumeurs », a-t-elle ajouté, confirmant ainsi qu’aucune démarche officielle n’a été entreprise à cet effet par le Liban auprès des autorités suisses et que seules les autorités bancaires privées ont été sondées sur ce point.

L’ambassadeur du Royaume-Uni a pour sa part affirmé que son gouvernement « est prêt à aider le Liban, mais aspire d’abord à voir l’attachement aux réformes dont le Liban a grand besoin ».


(Lire aussi : Gouvernement : Cap sur le vote de confiance)


Réserve et froideur
À tous ces appuis réservés, les États-Unis ont apporté une réserve encore plus grande, non dénuée de froideur. C’est ainsi que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a exhorté mercredi dans un tweet le nouveau gouvernement à réaliser des réformes « tangibles » pour « rétablir la confiance des investisseurs et débloquer l’aide internationale au Liban ».

« La force de tout gouvernement réside dans ses actions et sa réactivité aux demandes de son peuple. Le peuple libanais exige une nouvelle direction. Seul un gouvernement capable d’entreprendre des réformes tangibles rétablira la confiance des investisseurs et débloquera l’aide internationale », a dit M. Pompeo.


(Lire aussi : Le gouvernement peut-il mener à bien sa mission ? Deux lectures opposées, le décryptage de Scarlett Haddad)


Au cours d’une réunion en décembre 2019 à Paris, les principaux soutiens internationaux du Liban ont lié toute aide financière à la mise en place d’un gouvernement « efficace et crédible », qui engage rapidement des réformes « d’urgence ».

« Les manifestations unifiées, non sectaires et largement pacifiques des trois derniers mois reflètent les aspirations du peuple libanais à ce que ses dirigeants politiques mettent de côté les intérêts partisans et agissent dans l’intérêt national. Nous exhortons le gouvernement, l’armée et les services de sécurité à garantir la sécurité des citoyens lorsqu’ils s’engagent dans des manifestations pacifiques. La violence et les actions provocatrices n’ont pas leur place dans le discours civil ,» avait encore déclaré le secrétaire d’État dont les propos sont rapportés sur le site internet du département d’État.


(Lire aussi : Les nouveaux ministres s’engagent à aller dans le sens des revendications des Libanais)


Conditions politiques
Aux conditions purement économiques s’ajoutent des conditions politiques, précisent les milieux informés. Le principe de distanciation est au cœur de celles-ci, comme le souligne clairement la déclaration du Quai d’Orsay. Le Groupe international de soutien (GIS) au Liban, précise-t-on, en vérifiera l’existence à travers la déclaration ministérielle qui servira de base au vote de confiance. La première réunion de la commission chargée de sa rédaction se tiendra aujourd’hui.

De sources concordantes, on assure qu’elle sera plus ou moins calquée sur la précédente et comprendra les références indispensables à l’examen de passage que la communauté internationale fera passer au gouvernement : politique de distanciation, déclaration de Baabda, respect des résolutions internationales 1559 et 1701, concentration des forces armées aux mains de l’État, disparition de l’équation armée-peuple-résistance et son remplacement par « le droit des Libanais à résister à l’ennemi ».

C’est à ces conditions et à d’autres, de nature économique, que le GIS se tiendrait dans quelques mois, vraisemblablement aux Émirats arabes unis, en l’absence de l’Arabie saoudite qui, rappelle-t-on, n’a pas participé à la réunion de décembre 2019 à Paris. D’ici là, les réformes structurelles de toutes natures devraient avoir été lancées au Liban, et le Premier ministre, avec la bénédiction de Dar el-Fatwa, avoir entamé une tournée arabe qu’il commencerait, appartenance communautaire oblige, par l’Arabie saoudite.



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Des actes, pas des paroles, et dans l’urgence. Ce pourrait être le grand titre de la phase diplomatique qui s’est ouverte avec la formation du gouvernement. C’est à cette condition de sérieux que « la France se tient prête à accompagner les autorités libanaises dans la mise en œuvre des réformes nécessaires et fera tout pour aider le Liban à sortir de sa crise », a...

commentaires (4)

Tous les vendus et les écervelés doivent applaudir ce gouvernement qui n'est crédible que pour celui qui veut bien le croire. Comment peut on accepter dans un pays démocratique que des partis vendus mettent la main et prennent le contrôle du pays alors que les citoyens sont descendus dans la rue pour demander à ces mêmes partis de nous foutre là paix et de déguerpir. Franchement je ne comprends rien au fonctionnement de la démocratie qui est mille fois piétinée et que certains, résolus à accepter l'inacceptable parlent de donner une chance à une dictature qui n'a aucune raison d'être ni même envisagée dans notre pays qui a toujours été un modèle en la matière dans la région avant que HB et les vendus ne se mêlent de sa politique. C'est quoi le prochain défi? C'est clair et net. Un président pour succéder à l'actuel qui lui ressemble si ce n'est dans la forme au moins dans l'effacement. C'est maintenant et non pas demain qu'il faut refuser toute forme de dictature et de mainmise. C'est le moment où jamais. Sinon adieu le Liban et les libanais. Ce pays sera le terrain de jeu pour tous les extrêmistes et les voyous mais sans son élite ni ses enfants. QUEL LIBANAIS ASPIRE À ÇA?

Sissi zayyat

17 h 19, le 24 janvier 2020

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Commentaires (4)

  • Tous les vendus et les écervelés doivent applaudir ce gouvernement qui n'est crédible que pour celui qui veut bien le croire. Comment peut on accepter dans un pays démocratique que des partis vendus mettent la main et prennent le contrôle du pays alors que les citoyens sont descendus dans la rue pour demander à ces mêmes partis de nous foutre là paix et de déguerpir. Franchement je ne comprends rien au fonctionnement de la démocratie qui est mille fois piétinée et que certains, résolus à accepter l'inacceptable parlent de donner une chance à une dictature qui n'a aucune raison d'être ni même envisagée dans notre pays qui a toujours été un modèle en la matière dans la région avant que HB et les vendus ne se mêlent de sa politique. C'est quoi le prochain défi? C'est clair et net. Un président pour succéder à l'actuel qui lui ressemble si ce n'est dans la forme au moins dans l'effacement. C'est maintenant et non pas demain qu'il faut refuser toute forme de dictature et de mainmise. C'est le moment où jamais. Sinon adieu le Liban et les libanais. Ce pays sera le terrain de jeu pour tous les extrêmistes et les voyous mais sans son élite ni ses enfants. QUEL LIBANAIS ASPIRE À ÇA?

    Sissi zayyat

    17 h 19, le 24 janvier 2020

  • Personne ne peut préjuger de ses actions , mais il me donne l'impression d'être quelqu'un de sérieux, de besogneux, quelqu'un qui voyagera pour des résultats, bref qui fera tout ce qui n'a pas été fait par l'absentéisme de son prédécesseur fenéant et paresseux . La priorité des priorités c'est d'axer les relations du Liban vers ses nouveaux alliés, de façon claires et engagées. C'est une porte de sortie de l'ancienne soumission à ceux qui nous ont plongé la tête dans le mauvais gaz depuis l'indépendance.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 37, le 24 janvier 2020

  • VOYONS SON PROGRAMME DE GOUVERNEMENT AVANT TOUT ET PUIS SON APPLICATION. L,ECONOMIE ET LES FINANCES VENANT EN TETE DES PREOCCUPATIONS NATIONALES ET DES EXIGENCES POUR DES AIDES ET INVESTISSEMENTS REGIONAUX ET INTERNATIONAUX.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 34, le 24 janvier 2020

  • Gageons que la Russie et la Chine sont n train d'applaudir en catimini à ce gouvernement solide , fiable et sérieux . Le Liban n'en demande pas plus

    Chucri Abboud

    00 h 57, le 24 janvier 2020

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