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À La Une - Liban

Parlement, BDL, ministère de l'Intérieur : la rue toujours en effervescence

Le gouvernement de Hassane Diab pourrait voir le jour demain, vendredi.

Des manifestants libanais dans la rue Weygand, dans le centre-ville de Beyrouth, le 16 janvier 2020. Photo Marwan Assaf

Plus de trois mois après le début de la révolte populaire du 17 octobre, et après deux nuits de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre qui ont fait des dizaines de blessés et de nombreuses arrestations, la rue était toujours en effervescence et manifestait en soirée devant le Parlement, la Banque du Liban et le ministère de l'Intérieur.

Ces protestations, émaillées en fin de soirée par de nouveaux actes de vandalisme à Hamra, interviennent alors que le gouvernement que doit former le Premier ministre désigné, Hassane Diab, pourrait voir le jour demain, selon les médias, sans pour autant convaincre les milliers de manifestants qui rejettent la classe politique accusée de corruption et d'incompétence.

Dès 17h, des centaines de manifestants se sont ainsi rassemblés dans la rue Weygand, à proximité du siège du Parlement, qui est devenue l'un des haut-lieu de la contestation contre le pouvoir ces dernières semaines.


(Lire aussi : Réunion Diab-Berry : le cabinet "sur le point d'être formé", selon Khalil)


Brûler le pays

Brandissant des drapeaux libanais comme à l'accoutumée et scandant des slogans hostiles à la classe politique, les protestataires exprimaient leur colère et leur rejet du Premier ministre désigné qui ne les convainc pas.

"Ils ne veulent pas d’un gouvernement qui nous représente. Ils veulent maintenir leurs sièges. Cela fait un mois que nous attendons. Que personne ne dise que nous n'avons pas accordé une chance à Hassane Diab", lance un homme en colère au micro de la chaîne LBCI. "C’est un gouvernement des partis politiques. La mentalité est la même", déplore un autre. "Lorsqu’il (Hassane Diab) consulte tel ou tel parti politique, cela fait de lui un personnage politisé. Ce gouvernement qui doit être formé est déjà mort-né. Ils ont ramené Hassane Diab pour brûler le pays", martèle un autre manifestant.

La circulation qui passe par la rue Weygand, notamment devant le siège de la municipalité de Beyrouth, a été déviée vers d'autres routes adjacentes.


(Lire aussi : Sourire malgré tout, le billet de Fifi Abou Dib)


Révolution contre les chabihas

Dans le quartier commerçant de Hamra, les manifestants ont bloqué la route passant devant le siège de la Banque du Liban, théâtre mardi de violents affrontements et des scènes de vandalisme. "Révolution contre les chabihas", criaient notamment les protestataires. Une bagarre a également éclaté entre certains protestataires et des automobilistes qui tentaient de forcer le passage. Le journaliste Maroun Nassif de la LBCI a dans ce contexte affirmé qu'un homme masqué et armé d'un objet contondant l'a agressé, ainsi qu'un confrère de la chaîne al-Jadeed, et a tenté de leur prendre leurs micros par la force.

Le cortège de manifestants a ensuite pris la route et s'est rendu devant le siège du ministère de l'Intérieur, situé à quelques mètres du siège de la BDL. Là-bas, ils ont copieusement insulté les autorités, notamment la ministre de l'Intérieur, Raya el-Hassan, qui fait l'objet de la colère de la rue depuis les violences policières d'hier soir devant la caserne Hélou dans le quartier de Mar Élias.

Ces deux derniers jours, des violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait plusieurs blessés dans les deux camps, ainsi que parmi les journalistes qui couvrent ces événements. Des dizaines de militants ont été arrêtés et une vingtaine d'entre eux ont été relâchés depuis hier.

Raya el-Hassan est allée jeudi à la rencontre des journalistes qui ont tenu un sit-in durant la journée devant son ministère, et leur a affirmé que les attaques contre la presse sont inacceptables. Le chef des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Osman, a pour sa part tenu une rare conférence de presse durant laquelle il a présenté ses excuses aux journalistes.


Nouveaux actes de vandalisme

Les manifestants ont ensuite poursuivi leur chemin jeudi soir pour rejoindre la voie-express du Ring, où des centaines de contestataires tenaient un sit-in, bloquant les accès à cet axe vital de la capitale. En fin de soirée, des dizaines de protestataires se sont rassemblés à Hamra. Un cocktail Molotov a été lancé contre la branche de Fransabank, au moment où les rangs des protestataires grandissaient. Des contestataires ont également saccagé les vitres d'autres banques, poussant l'armée à intervenir.

Depuis presque trois mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 19 décembre, à l'issue de consultations parlementaires, le président Michel Aoun a désigné Hassane Diab, appuyé par les partis du 8-Mars, au poste de Premier ministre. Malgré son insistance à former un cabinet de technocrates indépendants, comme cela est réclamé par la contestation, M. Diab est rejeté par les protestataires, qui estiment qu'il fait partie de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ.

Plus tôt dans la journée, le ministre sortant des Finances Ali Hassan Khalil avait affirmé que le nouveau gouvernement était sur le point d'être formé, à l'issue d'un entretien entre le Premier ministre désigné Hassane Diab et le président du Parlement Nabih Berry, auquel le ministre avait participé.

Une série de manifestations et sit-in ont également lieu depuis ce matin en province, dans tout le Liban.


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