Après la longue journée de colère de mardi, le calme est relativement revenu hier, à la fois dans la rue et dans les coulisses politiques. Connivence tacite entre les forces politiques et le soulèvement populaire ou étrange coïncidence ? Rien n’est sûr mais il est clair qu’une nouvelle chance a été donnée au Premier ministre désigné pour former un gouvernement dans les prochains jours. Le mouvement de protestation parle d’un délai de 48 heures alors que les sources proches du Courant patriotique libre affirment que ce dernier attendra jusqu’au début de la semaine prochaine pour passer de l’attentisme positif à l’escalade politique. Après avoir été critiqué par la plupart des forces politiques qui l’avaient désigné dans le cadre des consultations parlementaires obligatoires, M. Diab est donc devant une possibilité réelle de former un gouvernement qui réponde à ses propres critères, tout en n’étant pas considéré comme hostile aux forces politiques, de l’appui desquelles il a besoin pour obtenir la confiance du Parlement.
Entre la fin de la semaine dernière et mercredi, le climat politique a donc totalement changé. Pendant le week-end, la tendance était de chercher à pousser Hassane Diab vers la sortie en faisant pression sur lui pour qu’il renonce à former le gouvernement, et depuis mardi soir, il est de nouveau question de lui faciliter la tâche au maximum pour qu’il puisse former un gouvernement dans les plus brefs délais.
Comment a pu se produire ce spectaculaire retournement de situation ? Il est clair que la recrudescence du mouvement de protestation dans la rue y est pour quelque chose, mais elle ne constitue pas le seul élément qui a abouti à ce changement d’attitude. En effet, la semaine dernière, les différentes parties politiques qui avaient désigné Hassane Diab pour former le gouvernement, notamment le CPL et le Bloc du développement et de la libération (de Nabih Berry), étaient choquées par ce qu’elles considéraient comme une attitude arrogante de la part du Premier ministre désigné qui n’accordait aucune importance à leurs revendications en affirmant que sa priorité est de former un gouvernement qui puisse répondre aux attentes du mouvement de protestation et surtout qu’il puisse réellement diriger. Diab manifestait même une sorte de rejet de toutes les demandes que lui transmettaient les différentes forces politiques, comme s’il les rendait responsables de la situation actuelle, alors qu’il avait été désigné grâce à elles. Même sa dernière rencontre avec le chef de l’État s’était mal passée et certaines parties commençaient à évoquer la possibilité de le pousser à renoncer à la fonction.
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Toutefois, concernant ce point, les scénarios sont limités. Il n’y a aucun moyen constitutionnel d’obliger un Premier ministre désigné à renoncer à la responsabilité de former un gouvernement. En fait, il n’y a qu’une seule possibilité, c’est d’exercer suffisamment de pression sur lui pour qu’il prenne lui-même la décision de renoncer. Or, avant de le désigner, les forces politiques qui l’avaient choisi avaient pris soin de s’assurer qu’il ne cédait pas facilement aux pressions et qu’il n’allait pas se désister face aux revendications populaires ou suite à la position de Dar el-Fatwa. Diab avait donc montré qu’il savait ce qu’il voulait et qu’une fois qu’il prend une décision, il s’y tient.
Face à cette impasse qui s’annonçait, le chef de l’État a envoyé un émissaire de confiance chez le président de la Chambre pour tenter de trouver une solution. En même temps, il a reçu à Baabda le député Fouad Makhzoumi, dans une visite dite de routine, mais dont le timing était particulier. Berry a de son côté haussé le ton, annonçant qu’il ne compte pas participer au gouvernement et conseillant à toutes les autres parties de se débrouiller sans lui.
Diab a visiblement capté tous ces messages et utilisé de son côté les moyens à sa disposition pour assurer qu’il ne compte pas baisser les bras, mais qu’il ne veut pas non plus faire des provocations, sachant que s’il forme un gouvernement qui n’a pas l’aval des parties qui l’ont nommé, il a peu de chances d’obtenir la confiance du Parlement, puisque les autres blocs parlementaires ne semblent pas disposés à voter en sa faveur.
Berry, qui a pris en charge la mission d’essayer d’arrondir les angles entre le Premier ministre désigné et les parties qui l’ont nommé, a donc dépêché lundi soir le ministre sortant des Finances Ali Hassan Khalil auprès de Diab. Le lendemain, il a lui-même reçu Gebran Bassil pour une rencontre qui a duré plus de deux heures et demie. Au même moment, le Premier ministre désigné a reçu l’émissaire du Hezbollah Hussein Khalil. Toutes ces rencontres doivent être couronnées par une visite de Diab à Aïn el-Tiné ce matin et, en principe, sauf imprévu de dernière minute, le nouveau gouvernement devrait être annoncé bientôt. Les différentes parties qui avaient désigné Hassane Diab pour former le nouveau gouvernement se sont donc entendues pour faciliter autant que possible sa mission, quitte à ne pas participer directement au gouvernement tout en lui accordant leur confiance au Parlement. L’essentiel étant, pour ces parties, que le gouvernement soit formé de personnalités crédibles, désireuses de travailler sur la base d’un programme clair pour sortir le pays de cette crise économique et financière sans précédent. C’est donc quelque part la position du Hezbollah qui l’a emporté, ce dernier assurant à ses partenaires et alliés que la priorité est de former le gouvernement et de lancer le processus de réformes et de relève économique, car les gens n’en peuvent plus, sachant qu’au final, l’alliance qui a désigné Hassane Diab conservera la carte du jeu parlementaire... au moins jusqu’aux prochaines élections législatives. Si cette logique se poursuivait au cours des prochains jours, le Liban pourrait avoir un nouveau gouvernement, différent de tous ceux qui se sont succédé depuis les années 90.
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commentaires (8)
la chanson de Dalida dit PAROLE PAROLE PAROLE Je crois que tous les Libanais ont en assez des paroles et veulent des actes car meme si le gouvernement est constitue , rien ne pourra etre fait car ces ministers devront obeir au partie qui les ont nommes et PAS A LEUR CONSCIENCE Deja des que Diab annonce qu'il mettra son choix pour les affaires etrangeres a l'economie car Bassil veut mettre une personne infeode a lui aux affaires etrangeres , je n'ai plus rien compris au mot specialiste D'autre part la personne choisie par M Diab pour l'energie a du se recuser a cause des pressions exercees sur elle et pour mettre un pro CPL a ce poste guarantie de couter a l'etat 2 milliards de dollars par an et a d'autres de rapporter je ne sais combine Pauvre M Diab MAIS QU'AVEZ VOUS ETE FAIRE DANS CETTE GALERE?????????
LA VERITE
17 h 57, le 16 janvier 2020