Le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, a affirmé jeudi que le nouveau gouvernement était sur le point d'être formé, à l'issue d'un entretien entre le Premier ministre désigné Hassane Diab et le président du Parlement, Nabih Berry, auquel le ministre a participé.
"L'entretien a été positif et assure un climat propice à un accord sur la formation d'un gouvernement de spécialistes à la représentation la plus large possible", a déclaré M. Hassan Khalil à l'issue de cette rencontré à Aïn el-Tiné. "Nous avons grandement avancé et nous sommes sur le point de former un cabinet qui sera composé de 18 ministres, comme l'a proposé le Premier ministre désigné, sur la base de critères unifiés", a-t-il ajouté.
Quelques minutes avant, Hassane Diab avait quitté Aïn el-Tiné sans faire de déclarations à l'issue de cette réunion avec M. Berry qui a duré plus de deux heures.
Les observateurs attendent que M. Diab se rende au palais de Baabda pour présenter au chef de l’État, Michel Aoun, la composition de son gouvernement, qui pourrait être annoncé sous peu.
Selon notre correspondante au palais présidentiel, Hoda Chédid, les derniers "nœuds" empêchant la formation du gouvernement ont été dénoués, notamment après l’attribution du portefeuille du Travail à Damien Kattar (un siège ministériel non revendiqué par le Courant patriotique libre). Les ministères régaliens se présentent comme suit : Finances, Ghazi Wazni (chiite) ; Affaires étrangères, Nassif Hitti (maronite) ; Intérieur, Talal Ladki (sunnite) ; Défense et vice-présidence du Conseil, Michel Menassa (grec-orthodoxe). La part du CPL dans le nouveau cabinet comprendrait les ministères de l’Économie, de l’Énergie, de la Justice et de l’Environnement.
"Réveiller les politiciens"
L'émissaire de l'ONU à Beyrouth, Jan Kubis, qui avait déjà estimé lundi que les responsables politiques libanais étaient responsables "du dangereux chaos" qui régne au Liban, est revenu à la charge jeudi.
"Encore une soirée de vandalisme, de violence et une escalade au niveau des incidents sécuritaires, encore un jour de manifestations, notamment de jeunes en colère car leurs demandes d'un avenir décent sont ignorées, alors que le nombre de gens ne pouvant plus supporter la crise économique augmente", a déploré Jan Kubis."Toujours pas assez pour réveiller les politiciens ?", s'interroge l'émissaire onusien.
Le 8 janvier déjà, Jan Kubis avait estimé qu'il était "de plus en plus irresponsable" que le Liban reste sans gouvernement.
"L'Etat n'a pas effectué de réformes"
Pour sa part, le Premier ministre libanais sortant, Saad Hariri, a estimé que le Liban est arrivé dans la situation actuelle de crise financière, économique et politique car "l’État n'a pas mis en place les réformes" nécessaires pour éviter cela.
Ces propos ont été tenus à l'issue d'un entretien que M. Hariri a eu à la Maison du Centre avec le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, et le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.
"Il y aura un nouveau gouvernement qui traitera la question des eurobonds, et les discussions ont porté sur la situation financière et celle des banques", a indiqué M. Hariri à la presse. "Nous devons être sincères avec les gens. Nous en sommes arrivés là car l'Etat n'a pas mis en place les réformes. A l'issue de la conférence de Paris 2, nous avons obtenu 10 milliards de dollars (de dons et prêts, ndlr), un montant qui aurait dû être suffisant pour s'en sortir de cette situation", a estimé M. Hariri.
"Je ne suis pas en faveur de telle personne contre une autre. Mais je veux être honnête avec les Libanais. Oui, la banque centrale et les banques assument une partie de la responsabilité du problème, mais ne constituent pas tout le problème, et ceux qui ont combattu le +haririsme politique+ ont abouti à la situation actuelle par laquelle passe le pays", a déploré le Premier ministre sortant.
Depuis presque trois mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 19 décembre, à l'issue de consultations parlementaires, le président Michel Aoun a désigné Hassane Diab, appuyé par les partis du 8-Mars, au poste de Premier ministre. Malgré le fait qu'il insiste à former un cabinet de technocrates indépendants, comme cela est réclamé par la contestation, M. Diab est rejeté par les protestataires, qui estiment qu'il fait partie de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ.
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commentaires (5)
Monsieur Diab, vous méritez tout notre respect car, malgré les attaques que vous subissez de la rue (pardon la rue), vous restez fidèle à votre position d'origine. Vous faites de la résistance aux tergiversations de notre classe politique peu recommandable. Résister jusqu'au bout. Nous sommes avec vous. Ne cédez pas ou alors démissionnez. Ne soyez pas complice. L'histoire vous le rendra dans un sens ou dans l'autre.
PPZZ58
22 h 45, le 16 janvier 2020