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Politique - Gouvernement

Hassane Diab serait-il au bout de ses peines ?

Le Premier ministre désigné attendu aujourd’hui à Aïn el-Tiné pour une ultime séance de coordination.

Jan Kubis reçu hier par le président Berry. Photo ANI

Talonné par la rue et par la communauté internationale, notamment à travers l’émissaire de l’ONU à Beyrouth, Jan Kubis, un homme qui ne mâche pas ses mots, le Premier ministre désigné, Hassane Diab, serait sur le point de former son gouvernement de « spécialistes ». Des « indices positifs » dont ont fait état en cours de journée des proches de M. Diab se sont transformés dans la soirée en « percée » significative, et des sources proches de Baabda ont même annoncé pour vendredi la naissance du nouveau cabinet (voir encadré).

Au nombre des « indices positifs », il faut ranger le fait que le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, s’est laissé convaincre par le président de la Chambre, Nabih Berry, de renoncer à prendre, par bravade, la décision de ne plus participer au gouvernement. Le leader d’Amal a convaincu M. Bassil qu’il serait absurde de ne pas participer à un cabinet que présiderait, chaque fois qu’il le décide et comme le veut la Constitution, le chef de l’État, qui est le fondateur du CPL.

Le Premier ministre désigné est attendu aujourd’hui à Aïn el-Tiné, où il prendra connaissance, dans le détail, de la teneur des entretiens de mardi entre le président de la Chambre et le chef du CPL. Le « saut qualitatif » en direction du nouveau gouvernement pourrait venir de ce côté. En cours de journée, hier, le président de la Chambre avait d’ores et déjà fait état de « progrès » dans le processus de formation du nouveau gouvernement, lors de la réunion hebdomadaire ouverte qu’il tient chaque mercredi avec des députés. Mais il avait indiqué également n’avoir pas d’objections « à ce que le nombre de ministres soit élargi afin d’inclure des politiciens dans ce cabinet de technocrates ». Or ceci altérerait bien sûr la nature du gouvernement. On en aura le cœur net aujourd’hui.

On notait par ailleurs hier que, tout en prenant à cœur la colère de la rue, les proches de M. Diab ne semblaient pas appréhender l’expiration du délai de 48 heures accordé au Premier ministre désigné dans le feu de l’action pour faire aboutir ses efforts. Confrontés à cette question, des proches de M. Diab assurent que ce dernier « n’est pas homme à se récuser », et qu’il se sent proche de la colère populaire et partage son impatience.


(Lire aussi : 48 heures décisives pour le sort du prochain gouvernement, le décryptage de Scarlett HADDAD)


La communauté internationale
Toujours selon ses proches, M. Diab est également sensible à l’exaspération de la communauté internationale face à une classe politique qui refuse de lâcher prise. M. Diab n’a toutefois pas commenté les mots peu diplomatiques de l’émissaire de l’ONU, Jan Kubis, qui a jugé « irresponsable » la classe politique et a dit ne pas être étonné par les flambées de colère populaire et les échauffourées opposant les manifestants aux forces de l’ordre, au vu des tergiversations des responsables. « Politiciens, ne blâmez pas le peuple libanais, blâmez-vous vous-mêmes pour ce chaos dangereux », a même lancé le diplomate onusien.

Selon Philippe Abi-Akl, notre chroniqueur politique, M. Diab peut compter désormais sur l’initiative du président de la Chambre qui se montre sensible aux messages diplomatiques qui lui parviennent de tous côtés en faveur de la formation rapide d’un gouvernement qui mettrait un terme à la chute libre de la livre et calmerait l’inquiétude de déposants désorientés aussi bien par les restrictions des banques que par les déclarations ambiguës du gouverneur de la BDL.

M. Kubis, qui a été à nouveau reçu par M. Berry, hier, pour la seconde journée consécutive, lui a remis une missive du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, concernant « l’importance de former un cabinet le plus rapidement possible ».

Signalons pour finir que M. Berry a indiqué que la séance de vote sur le budget doit se tenir mercredi 22 et jeudi 23 janvier, « à moins que le gouvernement ne soit formé avant, alors un vote de confiance aura lieu », a-t-il précisé.


Physionomie supposée du nouveau cabinet


Les derniers « nœuds » empêchant la formation du gouvernement ont été dénoués, a annoncé hier notre correspondante au palais présidentiel, Hoda Chédid, après l’attribution du portefeuille du Travail à Damien Kattar (un siège ministériel non revendiqué par le CPL). Certes, des retouches seront encore prévues, mais il reste que presque tous les noms de ministrables ont été arrêtés. En suspens encore, l’attribution du ministère de l’Économie. Le nouveau gouvernement, selon Hoda Chédid, verrait le jour demain vendredi, après un dernier entretien entre le Premier ministre désigné Hassane Diab et le président de la Chambre, au cours duquel les portefeuilles réservés à la communauté chiite seront attribués de concert entre les deux hommes.Le nouveau gouvernement comprendrait 18 ministres, dont 4 femmes.

– Part de la communauté sunnite (4) : Hassane Diab, Talal Ladki (Intérieur), Talal Hawat (Télécoms), Tarek Majzoub (Éducation et Jeunesse et Sports).

– Part de la communauté chiite (5) : Ghazi Wazni (Finances), ainsi que les ministères de la Santé, de l’Industrie et de l’Agriculture (cumulés ou non avec la Culture et/ou l’Information).

– Part de la communauté maronite (4) : Nassif Hitti (Affaires étrangères), Marie-Claude Najem (Justice, directrice du Cedroma, USJ), Damien Kattar (Travail) et Lamia Yammine Douaihy (Travaux publics).

– Communauté druze (1) : Ramzi Moucharrafiyé (Affaires sociales cumulées avec ministère des Déplacés qui devra aussi s’occuper du dossier des réfugiés).

– Communauté grecque-catholique (1) : Manal Moussallem (Environnement).

– Communauté arménienne (1) : Vartie Ohanian (Tachnag, Tourisme).

– Communauté grecque-orthodoxe (2) : Michel Menassa (Défense), Raymond Ghajar (Énergie), ancien doyen de la faculté d’ingénierie à la LAU et ancien conseiller de Gebran Bassil quand ce dernier était ministre de l’Énergie.

Les ministères régaliens se présentent comme suit : Finances, Ghazi Wazni (chiite) ; Affaires étrangères, Nassif Hitti (maronite) ; Intérieur, Talal Ladki (sunnite) ; Défense et vice-présidence du Conseil, Michel Menassa (grec-orthodoxe). La part du CPL dans le nouveau cabinet comprendrait les ministères de l’Économie, de l’Énergie, de la Justice et de l’Environnement.



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commentaires (9)

A corriger : Nassif Hitti (Défense)

CHAHINE Omaya

17 h 13, le 16 janvier 2020

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Commentaires (9)

  • A corriger : Nassif Hitti (Défense)

    CHAHINE Omaya

    17 h 13, le 16 janvier 2020

  • DONC DIAB VA PRENDRE LA BARAKA CHEZ BERRI. HALLÉ LOU YA.

    Gebran Eid

    15 h 20, le 16 janvier 2020

  • Tous ces pourris continuent d'annoncer leurs magouilles ouvertement comme si c'était une chose normale à laquelle le peuple doit s'adapter et acquiesser sans broncher. Berry reconnaît ouvertement que par bravade certains réussissent à bloquer le pays sans sourciller malgré l'état désastreux de l'économie et de la sécurité du pays. Attendons les noms des ministres choisis par Diab et cette fois-ci, si les ministres en question s'avèrent maquillés en technocrates pour servir les uns ou les autres la rue n'aurait qu'un seul objectif. Dissoudre le parlement et lancer des élections anticipées pour changer toute cette équipe et le president de la chambre pour éviter au prochain PM tout veto ou toutes condition imposée. Ils méritent tous le pire châtiment du peuple qui vit au gré de leurs caprices un supplice aggravé jour après jour par leurs comportements de dictateurs écervelés et sans scrupules.

    Sissi zayyat

    10 h 40, le 16 janvier 2020

  • ET HASSAN DIAB POUR NE PAS PERDRE LA FACE EN SE PLIANT AUX EXIGENCES DE BERRY ET DU GENDRE JETTERA L,EPONGE. A MOINS QU,IL FORME SON EQUIPE DE TECHNOS VRAIMENT INDEPENDANTS... CE QUE LES RAPACES HEZBO-AMALO-CPL NE LE LAISSERAIENT PAS FAIRE. ET LE PAYS VOGUE DANS L,INCONNU...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 21, le 16 janvier 2020

  • Ne nous réjouissons pas trop vite ! Monsieur Diab, douteux lors de son choix, ne l’est pas moins aujourd’hui, même si la formation du gouvernement ressemble à un chemin de croix. Quel que soit le gouvernement choisi sous l’énorme pression de la communauté internationale, elle-même poussée par la Thawra, il faudra qu’il soit crédible. Ce qui est loin d’être gagné étant donné la mentalité des cocos qui l’aident à se former et devront l’approuver. Ce qui est sûr, c’est que le peuple ne se laissera pas embobiner !

    Rana Raouda TORIEL

    10 h 11, le 16 janvier 2020

  • L'important ne plus tourner en rond , former un gouvernement car les protestations dans les rues deviennent de plus en plus confessionnelles .

    Antoine Sabbagha

    08 h 11, le 16 janvier 2020

  • Comment peut-on considérer comme "indice positif" le fait que "Gebran Bassil, s’est laissé convaincre (...)de renoncer à prendre, par bravade, la décision de ne plus participer au gouvernement". Si j'ai bien compris Bassil renonce à ne pas participer au gouvernement, cela signifie qu'il va y participer. C'est, au contraire, la pire chose qui pouvait nous arriver. Qu'est devenu le cabinet "d'indépendants" que l'on nous a promis? Par ailleurs, où sont les progrès venant du côté de Berry, quand celui-ci continue à réclamer la présence de politiciens au sein du gouvernement? J'avoue ne rien trouver dans ces nouvelles qui incite à l'optimisme. Un cabinet va peut-être voir le jour vendredi, mais, tel qu'il se présente actuellement, il a peu de chances d'être le cabinet de salut tant attendu.

    Yves Prevost

    07 h 48, le 16 janvier 2020

  • Allons nous nous débarasser de toutes ces tiques??

    Christine KHALIL

    07 h 36, le 16 janvier 2020

  • LES MARCHANDAGES CONTINUENT. ET LA REVOLUTION DE MEME...

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 41, le 16 janvier 2020

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