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À La Une - Justice

Ghosn convoqué par le parquet libanais, le Japon le réclame

"Je veux qu'il vienne affronter réellement la justice japonaise, mais il a fui, alors même qu'il n'était pas enfermé, qu'il pouvait voir librement ses avocats. Une telle attitude est inqualifiable", s'agace la ministre de la Justice Masako Mori.

La ministre japonaise de la Justice Masako Mori, lors d'une conférence de presse à Tokyo, le 8 janvier 2020. Photo Kyodo/via REUTERS

Carlos Ghosn est convoqué jeudi par le parquet libanais, qui va l'entendre dans le cadre du mandat d'arrêt émis par Interpol à la demande du Japon, dont la justice réclame son retour pour le juger.

M. Ghosn a été convoqué pour un "interrogatoire qui se tiendra jeudi (...) afin d'écouter son témoignage au sujet de la notice rouge" communiquée à Interpol par le Japon, où l'homme d'affaires a été inculpé pour des malversations financières présumées, selon l'agence de presse officielle libanaise.

Après avoir tardé à condamner officiellement la fuite au Liban du patron déchu de Renault et Nissan, les autorités japonaises ont immédiatement réagi dès la fin de son "show" médiatique organisé mercredi à Beyrouth, qui plus est sans mâcher leurs mots, ce qui est rare.

"Je veux qu'il vienne affronter réellement la justice japonaise, mais il a fui, alors même qu'il n'était pas enfermé, qu'il pouvait voir librement ses avocats. Une telle attitude est inqualifiable", a fustigé la ministre de la Justice Masako Mori lors d'un point de presse à Tokyo jeudi matin. Elle avait déjà réagi dans la nuit. "Dans tous les cas, son évasion n'est pas justifiable", a-t-elle poursuivi.

Alors qu'il attendait au Japon son procès, Carlos Ghosn s'est enfui fin décembre au Liban, violant l'interdiction formelle de quitter l'archipel nippon où il était libre sous caution depuis avril dernier.

"Si l'accusé Ghosn a quelque chose à dire sur son affaire pénale, qu'il présente ses arguments ouvertement devant un tribunal japonais et apporte des preuves concrètes. J'espère sincèrement que le prévenu Ghosn déploiera tous les efforts possibles pour faire valoir son point de vue dans le cadre d'une procédure pénale équitable au Japon", a répété la ministre. "Mon impression est qu'il n'y avait rien de probant", a-t-elle encore ajouté, en faisant référence aux dernières déclarations du Franco-libano-brésilien.


(Lire aussi : "Je suis innocent, je peux le prouver", lance un Carlos Ghosn combatif, à Beyrouth)


"Plein de ressentiment"

Les procureurs nippons ont aussi fustigé les assertions de M. Ghosn dans un communiqué publié dès la fin de sa prestation survoltée de deux heures et demie devant des caméras du monde entier.

S'exprimant pour la première fois depuis plus d'un an devant des journalistes triés sur le volet (beaucoup de Japonais ont été exclus), il a dit tout le mal qu'il pense d'une justice où il se sentait condamné avant d'être jugé. Pour la énième fois, il a dénoncé une collusion entre les procureurs, Nissan et la presse "qui s'est contentée de publier des fuites des enquêteurs, sans une once de critique ou d'analyse".

Réponse du berger à la bergère, les commentateurs des télévisions japonaises n'ont exprimé jeudi matin aucune mansuétude à son égard. "Il n'y a rien de nouveau dans ses propos, aucun élément concret convaincant, c'est plutôt un monologue émotionnel", a résumé un journaliste de la chaîne publique NHK. "Ghosn était un homme d'affaires hors pair, ça ne fait pas de doute, mais dans ce genre de spectacle, il apparaît trop plein de ressentiment et cela manque d'arguments solides pour asseoir sa défense", a commenté Hisao Inoue, journaliste et essayiste qui a suivi l'affaire depuis le début.

"Lacunes" du système

Même tonalité du côté des responsables de Nissan nommément mis en cause par M. Ghosn. "Je n'ai pas de temps à perdre avec quelqu'un qui joue un drame écrit par lui-même après avoir fui un pays en violant la loi", a lancé à la chaîne de télévision NTV Masakazu Toyoda, un administrateur extérieur du groupe automobile.

"Si le contenu de la conférence de presse se limite à ça, il aurait pu la faire au Japon", a ironisé l'ancien directeur général de Nissan Hiroto Saikawa, dénoncé par le capitaine d'industrie comme étant un de ses fossoyeurs.

Dans ce concert de critiques, beaucoup ont néanmoins été impressionnés par les talents de polyglotte du "citoyen du monde" Ghosn (hormis le japonais) et certains ont quand même donné un peu de crédit à ses propos.

"Si les médias japonais ont été écartés de cette conférence, on n'y peut rien, c'est une conséquence de la défiance à l'égard d'une presse qui écrit sans cesse +le suspect Ghosn+, +l'accusé Ghosn+ et déroule sans recul les fuites des procureurs", a écrit sur Twitter l'intellectuel Kenichiro Mogi.

"Ce n'est pas en niant les problèmes du système pénal japonais mais au contraire en reconnaissant ses lacunes et montrant la volonté d'y remédier que la justice japonaise peut recouvrer la confiance", a-t-il estimé.


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commentaires (8)

ce systeme est stupefiant d'iniquité !! on est en plein moyen-age. je ne suis pas souvent d'accord avec Melenchon, mais cette fois il n'a pas tort" tout etre humain maltraité cherchera a s'echapper"

Lebinlon

12 h 26, le 09 janvier 2020

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Commentaires (8)

  • ce systeme est stupefiant d'iniquité !! on est en plein moyen-age. je ne suis pas souvent d'accord avec Melenchon, mais cette fois il n'a pas tort" tout etre humain maltraité cherchera a s'echapper"

    Lebinlon

    12 h 26, le 09 janvier 2020

  • SE CONFIER AU SYSTEME JUDICIAIRE INIQUE DU JAPON OU ON EST CONDAMNE DURANT DES ANNEES JUSQU,A PREUVE DU CONTRAIRE C,EST FAIRE HARA KIRI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 44, le 09 janvier 2020

  • C´est inadmissible de mettre en prison un homme de cette valeur qui a travailler pour le japon(en miniscule) 17 ans pour sauver l´íncompetense de gestion japonaise, et l´íncompetense financiere japonaise qui n´a pas pu detecter sois disant les fuites de sa finance. allez juger ceux qui ont virer les sommes a Mr Ghosn (si cela est vrai) avant de juger l´encaisseur. HONTE HONTE de voir le japon si bas

    Azar Claude

    22 h 20, le 08 janvier 2020

  • "pour éviter (de subir, NDLR) les conséquences des délits qu'il a commis",  Donc la justice nippone l'a déjà condamné avant même le procès.. comble de l'ironie. Probablement qu'ils devraient vérifier leurs déclarations avant de les émettre.

    Wlek Sanferlou

    21 h 37, le 08 janvier 2020

  • Mme. La Ministre nous sommes au 21eme siècle. Ils sont capables de l enlever et l'exécuter

    Eleni Caridopoulou

    20 h 30, le 08 janvier 2020

  • HONTE AU SYSTÈME DE JUSTICE JAPONAIS MAFIEUX QUI MÉPRISE LES INNOCENTS ET LES COUPABLES DE LA MÊME MANIÈRE.

    Gebran Eid

    20 h 01, le 08 janvier 2020

  • Non seulement le système judiciaire japonais ne respecte en aucune façon les droits humains, il est de plus un système archaïque datant du 18ème siècle. Je vous suggère Mme la Ministre, vu l’humiliation que vous venez de subir, soit de vous taire soit d’appliquer sur vous vos traditions sacrées ...

    Lecteur excédé par la censure

    20 h 00, le 08 janvier 2020

  • Sans blagues!!

    Wlek Sanferlou

    19 h 59, le 08 janvier 2020

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