Un des avocats de Carlos Ghosn, Jean-Yves le Borgne, s'en est pris lundi au gouvernement français, et notamment au ministre de l'Economie, Bruno le Maire, qu'il a accusé d'"hostilité constante" envers le patron déchu de Renault Nissan, à deux jours d'une conférence de presse très attendue de leur client, après sa spectaculaire fuite du Japon où il est accusé de malversations financières. Par ailleurs, un autre des avocats de M. Ghosn s'en est pour sa part pris au système judiciaire japonais.
"Bruno Le Maire tient curieusement, depuis des mois, des propos défavorables à Carlos Ghosn. Est-ce pour plaire aux Japonais ?", s'interroge Jean-Yves le Borgne dans un communiqué, transmis à l'AFP. "Est-ce pour accabler un grand patron et ainsi séduire la France des gilets jaunes ? Toujours est-il que son hostilité constante ne repose sur rien", ajoute t-il.
"Carlos Ghosn est un justiciable comme les autres. On lui reproche un certain nombre de faits. Il doit y répondre devant la justice", a dit Bruno Le Maire sur France Inter lundi. "Lorsqu'il y a eu des faits délictueux qui ont été reprochés à Carlos Ghosn chez Renault, j'ai demandé un audit à Renault. J'ai demandé à Renault de faire toute la lumière. Il y a des faits qui ont été mis en lumière. Nous avons transmis tous ces faits à la justice et une procédure a été ouverte", a encore déclaré le ministre.
(Lire aussi : Carlos Ghosn donnera sa première conférence de presse mercredi)
Dans un second communiqué, François Zimeray, un autre conseil de Carlos Ghosn, attaque frontalement le Japon, dont il estime que le système judiciaire vise "à briser et non à juger". "Vous savez que votre gouvernement a délibérément voulu écraser M. Ghosn. Face à un tel déni de justice, quelle alternative pour quiconque se sait innocent ?", poursuit-il. "Vous êtes les seuls responsables de la situation que vous avez créée et qui nuit à l'image du Japon dans le monde", ajoute t-il, s'en prenant à la justice de ce pays "incapable d'organiser un procès équitable", selon lui.
M. Ghosn avait été arrêté fin novembre 2018 au Japon et avait passé 130 jours sous les verrous, soupçonné de diverses malversations financières. Depuis fin avril 2019, il était en liberté sous caution avec interdiction formelle de quitter le pays dans l'attente de son procès qui devait s'ouvrir cette année. Mais, fin décembre, dans un scénario hollywoodien autour duquel demeurent plusieurs zones d'ombre, il a réussi à fuir le Japon pour rejoindre le Liban, un pays dont il a la nationalité.
Il doit tenir une conférence de presse mercredi après-midi à Beyrouth.
Lire aussi
Le Japon fustige la fuite "injustifiable" de Carlos Ghosn
Ghosn se serait évadé après l'arrêt d'une surveillance demandée par Nissan
Les invités du soir, l'éditorial de Issa GORAIEB
Jreissati à « L’OLJ » : Le dossier Ghosn n’a pas de bases légales pour des poursuites au Liban
Ghosn a quitté seul sa résidence à Tokyo, montre la vidéosurveillance
Carlos Ghosn à Beyrouth : une épopée qui reste entourée de mystère
Bruno Le Maire, champion retourneur de vestes!! comment lui faire confiance?
10 h 59, le 07 janvier 2020