Les valises solidaires des Libanais de Montréal

Depuis une dizaine de jours, des valises spéciales arrivent à l’aéroport de Beyrouth en provenance du Canada. Des valises envoyées par des Libanais qui se sont mobilisés grâce à une initiative lancée par Nada Farhat Kouyoumji le 11 décembre à partir du Liban sur la page Facebook « Libanais de Montréal – Sirop d’arabe » créée par Lamia (Ghantous) Charlebois et qui compte 4 000 membres. L’appel diffusé par la jeune femme visait initialement à collecter des médicaments, du lait pour nourrissons, des manteaux et des coupe-vent pour des familles défavorisées. C’est grâce à une chaîne d’amis installés au Canada et des contacts avec notamment le père Marouan Issa au couvent Saint-Antoine à Outremont que le projet s’est matérialisé. Le clerc a d’ailleurs lancé de son côté, suite à l’enthousiasme de la jeune Libano-Canadienne, une campagne pour collecter des vêtements neufs et des jouets auprès de ses paroissiens. Père Marouan a même proposé une salle de son couvent pour qu’y soit effectué le tri final des habits, dont la première étape avait eu lieu dans les maisons de Rania et Georges Dagher, Jeanine et Georges Helou, Mireille Nasrallah et Maya Meouchy.

En quelques jours, Nada Farhat Kouyoumji a commencé à recevoir des valises remplies de manteaux et de vêtements chauds qu’elle a redistribués avec l’aide de son mari Yves et des amis volontaires à des familles défavorisées la veille et le jour de Noël. « Plusieurs familles ont déjà bénéficié de 62 manteaux qui sont tous en très bonne condition et de grandes marques et nous attendons toujours l’arrivée de dix autres valises de Montréal », dit la jeune maman de quatre enfants. Nombreux sont les expatriés à avoir répondu favorablement à l’appel lancé par la jeune femme qui explique avoir lancé son initiative en raison de la dégradation rapide de la situation économique au Liban. « J’ai commencé à entendre aux informations que des familles vivant dans des régions libanaises éloignées ou même à Beyrouth ne pouvaient plus se permettre de se chauffer comme avant avec les prix du mazout et le rationnement de l’électricité. C’est en regardant mes enfants assis bien au chaud que j’ai réalisé que je devais agir et essayer d’aider ces personnes-là », affirme-t-elle. « Ayant vécu à Montréal, je connais la très bonne qualité des vêtements qui tiennent les habitants au chaud sous des températures polaires. J’ai alors eu l’idée de demander de l’aide aux Libanais expatriés qui peuvent se permettre de donner leurs manteaux ou ceux de leurs enfants à des familles libanaises dans le besoin », explique-t-elle.

(Lire aussi : Sur les réseaux sociaux ou à travers les applis, l’entraide se développe)

Plusieurs associations ont été contactées afin de leur permettre de profiter de cette initiative. Parmi elles, l’Association Humanité nouvelle à Zahlé, la Ligue latine et l’IRAP (qui s’occupe des enfants malentendants des familles défavorisées). « D’autres associations sont sur notre liste et seront servies quand la nouvelle série de valises arrivera », continue Nada Farhat Kouyoumji. « Chacun de nous peut faire une différence s’il veut vraiment aider l’autre, surtout avec nos hivers qui deviennent de plus en plus rigoureux et des familles entières qui sombrent dans la misère, ne pouvant plus se procurer des denrées alimentaires basiques ou des médicaments », reprend-elle. « Nous avons tous beaucoup de choses à partager avec les autres même si nous ne sommes pas riches, il suffit juste de décider de partager et de voir la misère qui nous entoure et de réagir en conséquence », dit encore la jeune femme. Membre du mouvement Focolari, elle a toujours été engagée socialement auprès des plus démunis, tout comme son mari, et ce depuis leur plus jeune âge, grâce au scoutisme. Une expérience qu’elle a voulu partager, face aux conditions difficiles que vit le Liban, avec les Libanais de l’étranger.

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