"Ce qu'il se passe dans certaines banques libanaises est inacceptable", a affirmé M. Khalil sur les réseaux sociaux. "Ils bloquent les salaires des employés (de l'Etat) qui sont versés par le ministère des Finances chaque mois", a-t-il ajouté. M. Khalil a affirmé que c'était "le droit sacré" des fonctionnaires d'être payés dans les temps. "Il n'est pas permis de violer ce droit", a-t-il ajouté, promettant des mesures légales à venir.
Depuis des mois, le Liban est en proie à l'une de ses pires crises socio-économiques depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). Si le dollar est couramment utilisé au quotidien, une pénurie a poussé les banques à imposer des restrictions de plus en plus sévères depuis plusieurs mois sur l'obtention du billet vert et la situation s'est aggravée avec la contestation. Les banques ont également commencé à imposer des restrictions sur la livre libanaise, indexée sur le dollar depuis 1997 mais qui a connu une dévaluation de 30% sur le marché noir par rapport à la monnaie américaine depuis septembre. Ces mesures ont provoqué la colère parmi la population, beaucoup accusant les banques de voler leurs économies.
Dans les banques de Tripoli, au Liban-Nord, des tensions ont éclaté mardi alors que des clients tentaient de retirer leurs salaires, a constaté un correspondant de l'AFP. Une rixe est survenue dans une banque près du principal lieu de manifestations de la ville, après que la banque a refusé de délivrer des dollars à un client, selon ce correspondant.
Depuis le 17 octobre, le Liban est en proie à une contestation sans précédent contre l'ensemble de la classe politique, jugée corrompue et incompétente. Le mouvement a poussé l'ancien Premier ministre Saad Hariri et son gouvernement à la démission le 29 octobre. L'ancien ministre et universitaire Hassane Diab, soutenu par le Hezbollah et ses alliés, a été désigné nouveau chef du gouvernement la semaine dernière, promettant de former un cabinet de technocrates dans un délai de six mois.
La Banque mondiale prévoit une récession au Liban en 2019 (au minimum -0,2%) et de nombreuses entreprises ont fait faillite ou ont dû réduire les salaires voire licencier certains employés. La dette publique culmine à plus de 87 milliards de dollars, soit 150% du PIB et les craintes d'un défaut de paiement sont de plus en plus vives.
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Ce n est pas seulement la faute aux banques !!
07 h 13, le 26 décembre 2019