Des actes de vandalisme ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, à Tripoli, capitale du Liban-Nord et ville icône de la révolte populaire qui a débuté le 17 octobre. Plusieurs fauteurs de troubles ont été arrêtés par l'armée.
"A 4 heures du matin, plusieurs personnes se déplaçant en mobylette se sont rassemblées devant le domicile du mufti de Tripoli, cheikh Malek Chaar, et ont commis des actes de vandalisme en criant des mots blasphématoires. Elles ont ensuite lancé des cocktails Molotov sur le sapin de Noël qui se trouvait sur le rond point al-Nini. L'arbre a fini par prendre feu", peut-on lire dans un communiqué publié par l'armée. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), les vandales ont détruit le bâtiment dans lequel vit le gardien du mufti de Tripoli.
Une patrouille des services de renseignements de l'armée a alors effectué une descente, arrêté A.A. M.A. H.J. et A.M et saisi leurs mobylettes. Ces actes de violences seraient intervenus, selon la chaîne LBCI, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio d'une personne insultant les sunnites.
Interrogé par la LBC, le mutfti Chaar a affirmé que les incidents nocturnes à Tripoli ont eu lieu car "les gens sont en colère parce que les responsables politiques n'écoutent pas leurs revendications". Dans ce cadre, il a contacté le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, lui demandant de libérer les manifestants arrêtés pour vandalisme. "J'espère que les personnes responsables au sein du mouvement de contestation ne permettront à aucune personne infiltrée d'intégrer ces mouvements et de porter atteinte à leur réputation", a-t-il ajouté.
Vers 11h30, une route a par ailleurs été coupée au niveau du rond-point Abou Ali, à Tripoli, a rapporté le centre de gestion du trafic routier.
Sur le plan politique, le président du Parlement, Nabih Berry, chef du mouvement chiite Amal, a appelé au téléphone le mufti de la République, cheikh Abdel Latif Deriane. Les deux hommes ont insisté sur le fait qu'il était nécessaire "d'éviter de tomber dans le piège de la sédition", et mis l'accent sur "l'unité des musulmans, dans le cadre de l'unité nationale".
Le mufti Deriane a également contacté le président du Conseil supérieur chiite, Abdel Amir Kabalan, ainsi que le cheikh akl druze, Naïm Hassan, insistant sur "l'unité des rangs et la vigilance face à ce qui se trame pour déchirer l'unité des musulmans".
Ces violences nocturnes s'inscrivent en outre dans un contexte de dérapages à répétition, et notamment après de violents affrontements dans le centre-ville de Beyrouth, dans la nuit de dimanche à lundi, entre forces de l'ordre et fauteurs de troubles venus du quartier chiite de Khandak el-Ghamik. Des affrontements qui faisaient suite à la diffusion, sur les réseaux sociaux, d'une vidéo dans laquelle un certain Samer Sidaoui, Tripolitain installé en Grèce, insultait la communauté chiite et des symboles religieux. L'homme s'est, par la suite, excusé.
C'est dans ce contexte de tensions intercommunautaires qu'a débuté à 17h à Tripoli, une marche contre le sectarisme et les tensions religieuses. La marche s'est lancée de la place al-Nour.
Lire aussi
... Et des larmes, maintenant, l'édito de Issa GORAIEB
Un mur de béton installé près de la Place Riad el-Solh dans le centre de Beyrouth
Comment une vidéo circulant sur internet a failli provoquer une discorde sunnito-chiite
De Beyrouth à Saïda en passant par Nabatiyé et Baalbeck, les manifestants attaqués
commentaires (5)
A l'excellent mufti cheikh Malek Chaar, "Mon beau sapin, roi des forêts Que j'aime ta parure". Joyeuses Fêtes de fin d'année 2019 à tous les Tripolitains. Vive l'amitié séculaire islamo-chrétienne tripolitaine avec la bénédiction du mufti Malek Chaar.
Un Libanais
20 h 34, le 18 décembre 2019