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À La Une - Liban

Manifestation devant la Maison du Centre contre une reconduction de Hariri

Un homme empêché de s'immoler par le feu à Tripoli.

Rassemblement devant l'une des entrées de la Maison du Centre, au centre-ville de Beyrouth, le 16 décembre 2019. Photo Luca Mouzannar

Quelques 200 personnes se sont rassemblés lundi soir devant le complexe de la Maison du Centre, dans le centre-ville de Beyrouth, pour protester contre une reconduction à la tête du prochain cabinet du Premier ministre sortant Saad Hariri, qui avait démissionné le 29 octobre dernier sous la pression de la rue. Cette marche était organisée quelques heures après le report à jeudi prochain des consultations parlementaires contraignantes qui devaient avoir lieu aujourd'hui.

Selon notre journaliste sur place, Luca Mouzannar, les manifestants, qui s'étaient rassemblés près du Parlement avant d'arriver devant l'une des entrées de la résidence beyrouthine de M. Hariri où un imposant dispositif de sécurité a été déployée, chantent "Saad ne reviendra pas" sur l'air de la chanson de Noël "Vive le vent" et "Saad, Saad, n'en rêve même plus (la présidence du Conseil)".

"Nous ne voulons pas de Saad Hariri comme Premier ministre car nous ne voulons personne de la classe politique", explique Mounia, qui participe à cette marche, rappelant que les protestataires ont "manifesté pour que le gouvernement sortant de M. Hariri démissionne". "S'ils veulent à nouveau désigner Saad Hariri, c'est qu'ils n'ont rien compris", souligne-t-elle. "Hariri est la cause de la corruption, il est de mèche avec les autres partis. Ils sont assis à la même table, et se partagent le gâteau et font semblant d'être en conflit. On a fait tomber Hariri une première fois, on n'acceptera pas qu'il revienne", dit Mohammad, 31 ans.

Le rassemblement devant la Maison du Centre s'est achevé vers 20h et les manifestants sont revenus place des Martyrs, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Selon l'agence, l'armée libanaise a interdit à plusieurs dizaines de partisans du Futur venus du quartier de Tarik Jdidé en scooter d'accéder au lieu de la manifestation pour éviter les heurts.  

Plusieurs appels à manifester avaient été lancés dans la journée sur les réseaux sociaux pour un sit-in devant le siège du Parlement, sur la place des Martyrs et à la Maison du Centre, dans le cadre du mouvement inédit de contestation contre la classe dirigeante accusée d'incompétence et de corruption.

Samedi et dimanche soir, les rassemblements organisés dans le centre-ville de Beyrouth ont fini par perdre le côté pacifique qui avait caractérisé les deux mois de révolte populaire libanaise, lorsque les forces de l'ordre ont lancé une grande quantité de gaz lacrymogènes sur les manifestants. Certains agents des forces de sécurité, notamment les brigades anti-émeutes et la police du Parlement, ont fait usage de grande violence envers les contestataires. Ces accrochages ont été dénoncés avec force, notamment sur les réseaux sociaux. 

Dans la journée, l'armée libanaise a déploré le "chaos généralisé" qu'a connu la veille le centre la capitale. De son côté, la ministre sortante de l'Intérieur Raya el-Hassan a reconnu que "des erreurs avaient été commises" au cours des deux derniers mois par les Forces de sécurité intérieure. 



(Lire aussi : Violences dans le centre-ville : l'armée dénonce le "chaos généralisé")



Nouvelle tentative d'immolation
A la crise politique, s'ajoute la situation socioéconomique qui ne cesse de se dégrader dans ce pays lourdement endetté et dont environ le tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. Dans la journée, un homme qui menaçait de s'immoler par le feu sur la place Al-Nour à Tripoli, devenu l'un des hauts lieux de la révolte populaire contre le pouvoir au Liban, a été empêché in extremis par des passants et des militaires de passer à l'acte.  Plusieurs cas de suicides sur fond de crise économique et sociale ont été enregistrés ces dernières semaines, provoquant l'émoi dans le pays. En février, un père de famille s'était immolé par le feu dans la cour d'école de sa fille, après le refus de cet établissement privé de lui délivrer une attestation de scolarité en raison d'impayés.

Dans la soirée, plusieurs personnes se sont rassemblées place al-Nour, à Tripoli, ainsi que sur la place Elia, à Saïda, deux des places fortes de la contestation. Par ailleurs, l'autoroute côtière a été brièvement coupée à hauteur de Damour. Dans la journée, plusieurs routes avaient été coupées, principalement dans le Liban-Nord, plus précisément à hauteur du pont de Palma, et de la localité d'Abdé.

Par ailleurs, quelques dizaines d'activistes, principalement originaires de Tripoli, se sont rassemblés dans la soirée devant le palais de Justice de Baabda en signe de solidarité avec l'activiste controversé Rabih el-Zein, arrêté dimanche pour avoir "porté atteinte au prestige et à la réputation de la justice" et toujours détenu. La procureure du Mont-Liban, Ghada Aoun, n'a finalement pas poursuivi l'activiste et a transmis le dossier au premier juge d'instruction Nicolas Mansour, qui entendra Rabih el-Zein mardi matin.

Impliqué dans l'esclandre provoqué la semaine dernière par le député Hadi Hobeiche dans le bureau de la procureure générale près la cour d’Appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, suite à l'arrestation pour corruption d'une haute-fonctionnaire, il avait été arrêté dimanche après le lancement de poursuites contre lui par des avocats. 

L'activiste, qui apparaît souvent devant les caméras de télévision lors des manifestations qui ont lieu à travers le territoire, est toutefois considéré comme une figure controversée de la contestation, après des clichés de lui posant aux côtés de figures politiques, notamment l'ancien Premier ministre Nagib Mikati. Selon la LBCI, il aurait également été arrêté auparavant, avant d'être relâché, pour détention d'armes lors d'une manifestation. Il est également pointé du doigt du fait de son activité présumée portant sur l'organisation et l'acheminement de convois de manifestants sur demande, contre rémunération.



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Quelques 200 personnes se sont rassemblés lundi soir devant le complexe de la Maison du Centre, dans le centre-ville de Beyrouth, pour protester contre une reconduction à la tête du prochain cabinet du Premier ministre sortant Saad Hariri, qui avait démissionné le 29 octobre dernier sous la pression de la rue. Cette marche était organisée quelques heures après le report à jeudi prochain...

commentaires (2)

LES MANIFESTANTS PACIFIQUES PORTENT EUX AUSSI MEME SI C,EST INCONSCIEMMENT LE COUP DE GRACE AU PAYS ET SURTOUT A SON ECONOMIE ET FINANCES.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 52, le 17 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • LES MANIFESTANTS PACIFIQUES PORTENT EUX AUSSI MEME SI C,EST INCONSCIEMMENT LE COUP DE GRACE AU PAYS ET SURTOUT A SON ECONOMIE ET FINANCES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 52, le 17 décembre 2019

  • Vraiment peuple et gouverneurs sont entrain avec la course contre la montre de perdre le pays . Triste .

    Antoine Sabbagha

    20 h 16, le 16 décembre 2019

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