Rechercher
Rechercher

Campus - SOINS PALLIATIFS

Une expérience édifiante pour un étudiant en médecine

Ayant à cœur que le patient ne soit plus qu’un simple chiffre à l’hôpital, Karim Kozhaya, jeune étudiant en médecine à l’AUB, s’est porté volontaire dans le cadre d’un projet en soins palliatifs.

À la fête des Mères, Karim Kozhaya fait plaisir à une patiente en lui offrant un bouquet. Photo DR

Après avoir assisté à des cours liés aux soins palliatifs dans le cadre de ses études, Karim Kozhaya, étudiant en médecine à l’AUB, décide, ainsi que quelques-uns de ses camarades, de prendre part à un projet social porté par l’ONG Sanad — qui a pour mission d’accompagner à domicile des patients atteints de maladies graves ou en fin de vie — et le Programme Salim el-Hoss de bioéthique et de professionnalisme (SHBPP) de l’Université américaine de Beyrouth.

« En soins palliatifs, nous considérons le malade dans son ensemble. Je souhaite donc appliquer cette approche globale avec mes futurs patients », note Karim. Car pour ce jeune homme, « plus on connaît une personne, mieux on peut l’aider ». D’ailleurs, les soins palliatifs tiennent compte non seulement de l’apaisement de la douleur, mais aussi de l’accompagnement psychologique, spirituel et social du patient.


Plus on connaît une personne, mieux on pourrait l’aider

C’est d’une femme d’un certain âge, atteinte d’un cancer, dont ce jeune homme s’est occupé. Accompagné par l’équipe de Sanad — une infirmière, un médecin et une psychologue —, il entreprend sa première visite au domicile de la patiente. « Nous avons tout simplement passé du temps ensemble ! Nous avons discuté pour faire connaissance, nous avons écouté de la musique », raconte ce jeune homme qui a souhaité aider la patiente à s’apprécier et se ressaisir. « C’était une façon de lui dire que je la vois au-delà de sa maladie, de lui dire aussi que je reconnais qu’elle a des soucis qui la rendent anxieuse et de lui demander de prendre une pause pour se souvenir des bons moments pour se sentir mieux », poursuit-il.

Parmi ces bons moments, figurent son enfance en Amérique latine, ainsi que la musique et la langue espagnoles, qu’elle a oubliée au fil des années. « À la 3e séance, j’ai apporté un livre qui enseigne les bases de cette langue pour le feuilleter ensemble, ainsi que des chansons espagnoles pour les écouter avec elle. Comme c’était aussi la fête des Mères, je lui ai offert un bouquet, ce qui lui a fait trop plaisir », se réjouit ainsi Karim, évoquant ces « petits gestes porteurs de sens pour la patiente ». Selon ce jeune médecin en herbe, il était essentiel pour cette femme qu’on la regarde au-delà de sa maladie, plutôt comme une mère qui a son vécu à partager. « J’ai appris à voir le patient, non pas en tant qu’un numéro, étiqueté selon sa maladie, mais en tant qu’une mère qui ne verrait pas ses enfants finir leurs études, un père qui ne verrait pas ses enfants se marier ou une femme qui ne vieillirait pas aux côtés de son époux », estime-t-il.


Les soins palliatifs, une occasion pour s’exprimer aussi

Pendant les visites, Karim discutait avec la patiente à propos de ses centres d’intérêt. Il a ainsi perçu une fois sa souffrance, générée par son incapacité à s’exprimer désormais à travers sa passion qu’est la confection de poupées. Et voilà que, plus tard, elle lui montre des photos de ses créations, des photos qu’elle a pris le soin de chercher et de sélectionner entre deux visites. D’après cet étudiant, l’approche dans le traitement et la perception qu’on a du malade affectent l’énergie de ce dernier, sa volonté de lutter et d’espérer. « L’interaction est très importante, elle peut améliorer l’estime de soi », note Karim.

Par ailleurs, selon ce dernier, l’importance des soins palliatifs réside aussi dans le fait de créer l’opportunité au patient de s’exprimer. « La personne malade souffre à cause de la maladie, mais aussi d’être dépendante des autres. La patiente avait tendance à cacher ses soucis et ses souffrances à sa famille pour ne pas l’inquiéter, mais elle se permettait de se confier à moi », remarque ce jeune homme qui avoue avoir eu la chance de bâtir une relation spéciale et solide avec cette personne. « Plus on connaît le patient, plus on réalise que ça pourrait être moi, toi ou n’importe quelle personne qu’on aime. De cette perspective, on souhaite alors que soi-même ou son proche soit soigné de la sorte », souligne cet étudiant.

Plus tard, lorsque l’infirmière l’appelle pour lui dire que la patiente va mal et que sa visite pourrait être la dernière, il accourt chez elle. Malgré son visage pâle et sa fatigue, cette personne était paisible, tout comme sa famille présente à ses côtés, parce que bien préparée grâce aux soins palliatifs. « Les gens n’ont pas peur de la mort, mais plutôt de mourir, de souffrir en mourant. Il y a une différence entre souffrance et douleur », avoue ce jeune étudiant, rappelant le message de Sanad « qu’on peut mourir, non pas sans ressentir de la douleur, mais du moins sans souffrir ».

Suite à cette expérience, Karim Kozhaya a pu imaginer l’homme qu’il aspire à devenir, au-delà du simple exercice de sa profession de médecin. « Chacun de nous rêve d’améliorer le monde. Mais de quelle façon, sinon que celle d’aider les gens autour de nous à se sentir mieux ? Cette interaction que j’ai eue avec la patiente l’a aidée, et j’ai contribué avec l’équipe de Sanad à soulager sa souffrance. Ceci m’a rendu réellement heureux ! »



Dans la même rubrique

« J’ai trouvé Dieu sur le visage des pauvres »

Lara Hanna Wakim : « Investir dans l’éducation pour préparer l’avenir »

Après avoir assisté à des cours liés aux soins palliatifs dans le cadre de ses études, Karim Kozhaya, étudiant en médecine à l’AUB, décide, ainsi que quelques-uns de ses camarades, de prendre part à un projet social porté par l’ONG Sanad — qui a pour mission d’accompagner à domicile des patients atteints de maladies graves ou en fin de vie — et le Programme Salim el-Hoss de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut