Que s’est-il passé exactement mardi soir à Khaldé ? Et dans quel contexte Ala’ Abou Fakhr, un cadre du Parti socialiste progressiste (de Walid Joumblatt), a-t-il été tué ? Selon plusieurs sources, le jeune homme a été tué « par erreur », dans un climat de tension et de panique qui a sévi lors du passage d’un véhicule militaire alors que les manifestants s’acharnaient à bloquer l’artère principale de cette localité au sud de Beyrouth, suite à l’interview télévisée du président Michel Aoun.
Selon un communiqué de l’armée, une rixe a eu lieu entre un groupe de protestataires qui coupaient la route et des militaires qui passaient à bord d’un véhicule appartenant à la troupe. Un soldat a alors ouvert le feu pour les disperser et Ala’ Abou Fakhr a été touché. L’institution militaire ajoute avoir ouvert une enquête après l’arrestation de l’auteur du tir. À Yarzé, on refuse à ce stade de divulguer quelque détail que ce soit, en attendant que se précisent les résultats de l’investigation.
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Un militaire à la retraite, qui a suivi de près cette affaire, précise pour sa part que le véhicule qui transportait le directeur des renseignements de la région de Choueifate, Nidal Daou, proche du PSP, ainsi que son chauffeur, C. H., l’auteur des tirs qui ont atteint la victime, a été bloqué par les manifestants qui coupaient l’axe routier. « Les protestataires se sont mis à tambouriner sur le capot de la voiture avec véhémence pour l’empêcher de poursuivre son chemin, ignorant vraisemblablement que des militaires se trouvaient à bord », explique l’officier. Ce dernier souligne que les services de renseignements qui se déplacent généralement en tenue civile ont vraisemblablement « commis l’erreur de ne pas s’identifier devant les protestataires. Une altercation a eu lieu entre les deux parties. Il y a eu un moment de panique et de nervosité extrême », explique le militaire.
« Le chauffeur qui cherchait à protéger son supérieur est alors descendu de la voiture avec son arme et a voulu tirer en l’air, comme le font d’habitude les militaires lorsqu’ils se trouvent confrontés à une situation critique. C’est alors que le drame a eu lieu », dit-il.
Cet ancien militaire, qui affirme avoir servi par le passé aux côtés du colonel Daou, ne tarit pas d’éloge à l’égard de l’officier, qui, souligne-t-il, est d’un « calme légendaire ». Selon lui, il s’agit d’un incident « extrêmement fâcheux » provoqué par « la frayeur ressentie par le chauffeur, qui voulait s’acquitter de sa tâche en essayant de protéger son supérieur à un moment d’agitation extrême ». « En sortant son arme pour tirer en l’air, il a voulu faire peur aux manifestants pour les disperser. Le coup est parti dans la mauvaise direction », dit-il.
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Une terrible erreur
C’est une version similaire des faits que livre un autre officier à la retraite qui, tout en reconnaissant n’avoir pas tous les éléments en main, explique ce qui s’est produit apparaît clairement comme une « erreur de calcul et un faux pas de la part du chauffeur ». Pour étayer son propos, il affirme que le fait que le chauffeur se soit arrêté une vingtaine de mètres plus loin pour alerter une patrouille de l’armée de la présence d’un blessé est « une indication que le chauffeur s’est rendu compte sur-le-champ qu’il avait fait une énorme bévue et qu’il n’avait pas véritablement l’intention de tuer ». Une erreur qui risque, dit-il, de lui coûter jusqu’à trois ans de prison au moins. « À moins que l’enquête n’établisse qu’il ne s’agissait pas d’une simple erreur, mais d’un crime, ce qui, dans ce cas précis, lui vaudrait une peine beaucoup plus lourde pouvant aller jusqu’à la peine capitale. »
Cet incident dramatique survient alors que l’armée, qui a fait preuve depuis le début du mouvement de contestation de retenue et d’une discipline à toute épreuve, a été à plusieurs occasions saluée par les protestataires. Selon une source proche de Yarzé, cet « incident isolé ne saurait en aucun cas remettre en cause le professionnalisme des militaires sur le terrain qui ont respecté au plus haut point le droit des Libanais à manifester, consacré par la Constitution, tout en assumant leur devoir en matière de maintien de l’ordre ».
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Une erreur qui risque, dit-il, de lui coûter jusqu’à trois ans de prison au moins. Il est gentil le chauffeur, il s'est arrette devant l'armee pour signaler un blesse et l'armee l'a laisse passer sans probleme malgre le fait que les coups de feu et les rafales etaient entendues par eux L'enquete finira dans un tirroir bien au froid L'armee ne devrait pas protégé un des siens apres de pareils actes mais les arrtter Si on tue pour le mot " merde " les 2 millions de Libanais dans la rue devraient etre alors massacres JUSTICE SUIVEZ VOTRE COURT SANS UN GERMANOS QUI VOUS DONNE DES ORDRES
11 h 10, le 15 novembre 2019