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À La Une - Liban

À Choueifate, un dernier adieu à Ala’ Abou Fakhr

"Les hommages affluent de partout dans le monde pour nous réconforter", raconte le frère de la victime, la gorge nouée en recevant les condoléances.

Une foule aux funérailles de Ala' Abou Fakhr, cadre du PSP tué à Khaldé, au sud de Beyrouth, jeudi 14 novembre 2019 à Choueifate. Au centre de la photo, le fils de Ala' porté par la foule près du cercueil de son père. AFP / ANWAR AMRO

Choueifate, ville natale de Ala' Abou Fakhr, faisait jeudi un dernier adieu au "martyr de la révolution", tué par balles mardi soir par un militaire, lors d'une manifestation à Khaldé, au sud de Beyrouth. L'incident a mis la rue en ébullition au moment où le pays s'apprête à marquer son premier mois d'une contestation populaire inédite contre le pouvoir politique.

Ala' Abou Fakhr, cadre du Parti socialiste progressiste, est la deuxième victime tombée depuis le début de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre. La dépouille mortelle de ce père de trois enfants, qui a été tué devant son épouse et son fils aîné, est arrivée en matinée à Choueifate dans une ambiance de tristesse et de colère, alors que les funérailles doivent se tenir à 13h. Le cercueil, porté à bouts de bras par des proches de la victime, était accueilli par des applaudissements, ponctués de cris de douleurs et des pleurs.

La famille de la victime a appelé les manifestants à ne pas bloquer les routes afin de permettre à tous les Libanais de rendre hommage au "martyr de la révolution". Toutefois, certaines routes, notamment à Khaldé, étaient fermées par des protestataires en colère.

"Les hommages affluent de partout dans le monde pour nous réconforter", raconte le frère de Ala' Abou Kheir, la gorge nouée, à la chaîne LBCI en recevant les condoléances.

"Aujourd'hui, il est encore plus sûr que la révolution va gagner", a lancé le député Marwan Hamadé, membre du bloc du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, à la LBCI, lors de son arrivée aux funérailles.

"Comme vous le voyez, c'est une atmosphère de tristesse et d'inquiétude qui règne aujourd'hui", s'est contenté de dire pour sa part le ministre sortant de l'Education, Akram Chehayeb, qui a également effectué le déplacement pour assister aux funérailles.

Le député Taymour Joumblatt, chef du bloc parlementaire du PSP et fils du leader druze Walid Joumblatt, dirigeait la délégation du parti.  Prenant la parole lors des funérailles,Taymour  Joumblatt a appelé les Libanais "à rester sous la coupe de l'Etat, pour la renaissance duquel est mort Ala'", ajoutant que l'édification du "Liban pour lequel est décédé Ala' est la responsabilité de tous". M. Joumblatt a souligné que seule "une justice indépendante rendrait justice à Ala'".

Le ministre sortant de la Défense, Elias Bou Saab, a pour sa part appelé à une enquête "rapide", qui ne se limite pas aux membres de l'escorte militaire qui a ouvert le feu, "afin que personne n'échappe aux sanctions". 



(Lire aussi : Une série d’erreurs tragiques aurait conduit à la mort de Ala’ Abou Fakhr)



Dans tout le Liban, les manifestants ont rendu hommage au "martyr de la révolution. Sur la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, des dizaines de personnes, bougies en main, ont prié à sa mémoire. Sur la place Elia, à Saïda, des funérailles symboliques ont été organisées. Les participants ont porté un cercueil enroulé dans un drapeau libanais et brandi des photos de Ala' Abou Fakhr et des ballons blancs sur lesquels étaient écrits les revendications du mouvement de contestation, notamment la chute du confessionnalisme.

Hier, les manifestants de tous bords, toutes confessions confondues, avaient rendu un hommage émouvant au défunt, à la lumière de milliers de bougies. En fin de soirée mercredi, le cercueil contenant la dépouille du défunt avait été porté en procession sur la place Riad el-Solh dans le centre de la capitale. Le cercueil avait était porté à bouts de bras au-dessus de la foule de manifestants rassemblés face au Sérail gouvernemental, qui ont chanté l'hymne national et scandé des slogans révolutionnaires.

Selon la version des faits publiée par l'armée, une rixe a eu lieu entre un groupe de protestataires qui barraient la route et des militaires qui passaient à bord d'un véhicule militaire. Un soldat a alors ouvert le feu pour les disperser. L’institution militaire ajoute avoir ouvert une enquête après l'arrestation du militaire qui a ouvert le feu. Elle a publié un second communiqué dans lequel elle a annoncé que la direction générale du renseignement de l'armée a déféré le tireur, un adjudant-chef, devant la justice. Mais de nombreux témoins interrogés par L’Orient-Le Jour et présents sur les lieux du drame mardi soir précisent que l’homme qui a tiré se trouvait derrière le volant et était en tenue civile, et que l’homme assis à ses côtés, un officier de l’armée, ne portait pas non plus de tenue militaire.



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commentaires (4)

Malgré le terrible drame qui a frappé la famille de la victime et tout le pays, il y a lieu de relever un fait nouveau & positif: L'être humain au Liban commence à avoir de la valeur, alors que pendant la guerre 75/90, les humains tombaient en nombre comme des feuilles d’automne avec le mépris total des chefs miliciens, dont certains de tous les bords, sont encore influents. Paix à son âme, une grande perte, en présence de sa famille en plus! Il est nécessaire de ne pas traiter la mort avec légerté et que la culture de glorification du martyre chez certains cesse. Qu'elle soit tout simplement interdite par la justice, pour permettre aux jeunes de tendre à aimer la vie, et ne pas rêver que leurs portraits soient placarder un jour à côté des martyrs déjà tombés. Dans toutes les armées du monde, les membres des services spéciaux sont triés sur le volet, ils sont choisis en fonction du degré de confiance dont on peut avoir en eux que selon les performances dont ils sont capables. Du moment où un haut gradé était présent dans la voiture il est permis d'avoir peur de la doctrine actuelle de l'usage des armes par les autorités.

Shou fi

15 h 49, le 14 novembre 2019

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Commentaires (4)

  • Malgré le terrible drame qui a frappé la famille de la victime et tout le pays, il y a lieu de relever un fait nouveau & positif: L'être humain au Liban commence à avoir de la valeur, alors que pendant la guerre 75/90, les humains tombaient en nombre comme des feuilles d’automne avec le mépris total des chefs miliciens, dont certains de tous les bords, sont encore influents. Paix à son âme, une grande perte, en présence de sa famille en plus! Il est nécessaire de ne pas traiter la mort avec légerté et que la culture de glorification du martyre chez certains cesse. Qu'elle soit tout simplement interdite par la justice, pour permettre aux jeunes de tendre à aimer la vie, et ne pas rêver que leurs portraits soient placarder un jour à côté des martyrs déjà tombés. Dans toutes les armées du monde, les membres des services spéciaux sont triés sur le volet, ils sont choisis en fonction du degré de confiance dont on peut avoir en eux que selon les performances dont ils sont capables. Du moment où un haut gradé était présent dans la voiture il est permis d'avoir peur de la doctrine actuelle de l'usage des armes par les autorités.

    Shou fi

    15 h 49, le 14 novembre 2019

  • A bon entendeur...

    sancrainte

    14 h 54, le 14 novembre 2019

  • J'espère vraiment que ceux qui ne sont capables que de toujours se moquer de ce qui arrive aux autres, puissent continuer leur petite vie bien protégée. Car nous avons besoin de leurs théories savantes pour tout comprendre ! Irène Saïd

    Irene Said

    13 h 27, le 14 novembre 2019

  • Un tir ami qui aurait pu allumer la mèche. Encore un peu et tout ça va sa calmer comme soufflet au fromage raté.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 19, le 14 novembre 2019

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