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À La Une - contestation

Mobilisation maintenue en Irak, l'ONU tente de mettre fin aux violences

Dans le sud du pays, chiite et tribal, la désobéissance civile se poursuit.

Des manifestants contre le pouvoir à Kerbala, le 12 novembre 2019. AFP / Mohammed SAWAF

De nouvelles manifestations antigouvernementales accompagnées d'une grève des enseignants et des élèves ont eu lieu mardi en Irak, où les Nations unies s'impliquent de plus en plus pour tenter de résoudre pacifiquement la crise après des violences sanglantes.

Depuis le 1er octobre, 319 personnes ont été tuées, principalement des manifestants, selon un bilan officiel. Et un accord politique conclu la semaine dernière sous l'impulsion de l'émissaire de l'Iran en Irak pour mettre fin à la contestation, a fait redouter "un bain de sang". Alors que le nombre de morts recommençait à grimper et que le centre de Bagdad se transformait en champ de bataille, les Nations unies ont multiplié les efforts.

Si l'emblématique place Tahrir de Bagdad n'est plus noire de monde comme les deux semaines ayant suivi la reprise du mouvement de contestation le 24 octobre, les manifestants tentent de maintenir la pression malgré une répression accrue et des intimidations. Les alentours de Tahrir ont résonné toujours en soirée de tirs à balles réelles et de grenades lacrymogènes et assourdissantes des forces de l'ordre, auxquels les manifestants ont répondu par des jets de pierres et de cocktails Molotov. Des dizaines de personnes ont été blessées.



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ONU à Najaf et au Parlement
Les forces de l'ordre ont réinstallé des blocs de béton en travers de routes menant à Tahrir, mis à bas ces derniers jours par les manifestants. De derrière ces pans de mur, elles tiraient grenades assourdissantes et lacrymogènes. "On veut l'ONU. Notre peuple meurt, nous avons faim, on a tout subi, laissez l'ONU intervenir en Irak", a lancé un manifestant à l'AFP.

Dans le Sud, chiite et tribal, la désobéissance civile se poursuit. A Amara, les manifestants ont fait fermer le bureau d'Al-Iraqiya, la télévision d'Etat, selon un correspondant de l'AFP sur place. A Kout, des centaines de manifestants ont fait fermer écoles et administrations. A Nassiriya, où deux manifestants ont été tués dans la nuit selon une source médicale, et à Diwaniya, deux villes à la pointe de la révolte, la plupart des établissements scolaires sont restés fermés.

Lundi, la cheffe de la mission d'assistance de l'ONU en Irak (Unami), Jeanine Hennis-Plasschaert, s'est rendue à Najaf, au sud de Bagdad, où siège le grand ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite d'Irak. Là, elle a annoncé que le grand ayatollah avait endossé sa feuille de route, qui prévoit notamment une révision de la loi électorale sous deux semaines. Mercredi, elle sera reçue au Parlement pour une séance au cours de laquelle des réformes pourraient être examinées. La commission parlementaire des droits humains, critique des autorités, a annoncé qu'elle dresserait lors de cette séance un bilan de la gestion de la crise.



(Lire aussi : En Irak, les militants traqués et menacés racontent une "guerre psychologique")


"Revendications légitimes"
Lundi, le grand ayatollah Sistani a mis en doute le "sérieux" des autorités à entreprendre ces révisions réclamées par la rue, qui veut plus encore : une nouvelle Constitution, une refonte du système politique et une classe dirigeante entièrement renouvelée pour en finir avec "les voleurs" et "les corrompus".

Les autorités, elles, ont tremblé début octobre face à ce mouvement inédit dans le pays. Mais aujourd'hui, elles ont resserré leurs rangs et repris la main.

Le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a cessé d'expliquer pourquoi il ne démissionnerait pas. Le président Barham Saleh, un temps mis à l'écart, apparaît désormais régulièrement aux côtés de M. Abdel Mahdi et la grande majorité des partis se sont réunis.

Et à l'appel du puissant général iranien Kassem Soleimani, qui intervient régulièrement dans les affaires irakiennes, ils se sont mis tous d'accord pour en finir avec la contestation, quitte à recourir à la force. Depuis cet accord, 18 manifestants ont été tués, pour beaucoup par balles réelles, selon des sources médicales.

Amnesty International a dit redouter "un bain de sang". L'ONU et des défenseurs des droits humains se sont insurgés contre l'usage de balles réelles, la mort d'une vingtaine de manifestants touchés au crâne par des grenades lacrymogènes et les arrestations, enlèvements et autres techniques d'intimidation utilisées pour faire cesser les manifestations.

Mardi, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a affirmé sur Twitter avoir parlé au téléphone avec M. Abdel Mahdi "pour lui demander de protéger les manifestants et répondre à leurs revendications légitimes".



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